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SPORT & BUSINESS. L’US Saint-Malo à l’avant-garde du football féminin

Fondée en 1994, la section féminine de l'US Saint-Malo fait partie intégrante de la stratégie du club qui investit désormais 25 % de son budget dans cette équipe. Pari gagnant : les joueuses montent en Seconde Ligue de la toute nouvelle Ligue professionnelle de foot féminin.

Yves Fantou, président du club ; Roland Beaumanoir, vice-président ; Roland Jamelot, aux côtés des partenaires du club

Yves Fantou, président du club ; Roland Beaumanoir, vice-président ; Roland Jamelot, aux côtés des partenaires du club ©SB_7Jours

Fondée en 1994, la section féminine du club de foot malouin a longtemps évolué dans l’ombre de l’équipe masculine. Pendant près de deux décennies, les joueuses devaient se contenter du matériel de seconde main. « Les filles récupéraient les chaussettes trouées des garçons », se rappelle Didier Buet, membre du conseil d’administration chargé de la section féminine. En 2011, un tournant s’opère lorsque Roland Beaumanoir, alors président du club et dirigeant du groupe éponyme, pose un ultimatum : « Soit on arrête, soit on continue avec les mêmes ambitions que pour les hommes. » 

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27 % des licenciés du club et 25 % du budget

Depuis, le club a fait évoluer son équipe féminine. Aujourd’hui, 27 % des licenciés de l’US Saint-Malo sont des femmes, un chiffre bien supérieur aux moyennes nationale (10 %) et bretonne (9 %). Alors que de nombreux clubs allouent à peine 1 % de leur budget aux équipes féminines, l’US Saint-Malo y consacre un quart de son budget. Le club innove également en favorisant la mixité lors des entraînements : « Nous sommes les seuls, avec Lyon, à travailler en mixité avec les hommes », précise Didier Buet. Et d’ajouter : « Encore aujourd’hui l’égalité entre femmes et hommes ne va pas de soi. Nous espérons être une locomotive pour modifier les représentations sociales encore figées. »

La montée en Seconde Ligue

Le succès de l’équipe féminine ne se limite pas à sa gestion interne. Après une saison 2023 marquée par 17 victoires, les joueuses de l’US Saint-Malo ont décroché leur place en Seconde Ligue, de la toute récente Ligue féminine de foot professionnel. Roland Jamelot, leur entraîneur, a misé sur une préparation « ambitieuse » de la saison qui commence le 14 septembre. L’objectif ? Stabiliser l’équipe qui compte neuf nouvelles recrues. Considérées comme le petit Poucet de la catégorie, les Malouines abordent cette nouvelle étape avec un « esprit de conquête ». À la question « quelles adversaires redoutent-elles le plus ? », la réponse est claire : « Personne ! » À bon entendeur.

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300 000 euros en un temps record

L’USSM a dû relever un défi de taille pour répondre aux exigences de la Ligue professionnelle de foot féminin, née en juillet. Pour satisfaire le cahier des charges de la ligue, le conseil d’administration a dû ajuster le budget, trouvant 300 000 euros en un temps record pour atteindre un total de 750 000 euros. 75 % de ce budget provient de financements privés. « C’est atypique. 200 entreprises nous soutiennent, nous n’attendons pas tout de la puissance publique », éclaire Roland Beaumanoir, vice-président du club et mécène historique. Fabrice Rolland, directeur général de l’USSM, souligne « la fragilité du modèle de financement du football féminin », prenant pour exemples les difficultés des sections féminines de l’US Orléans et des Girondins de Bordeaux.