La saison touristique 2024 en Bretagne s’est révélée bien moins fructueuse que les deux années précédentes. La déception est palpable parmi les professionnels du secteur. Selon Julie Leveau, data analyst pour Bretagne Tourisme, le bilan est sans appel. Seuls 52 % des professionnels se déclarent satisfaits cette année, un net recul comparé aux 76 % enregistrés en 2023 et aux 84 % de 2022.
Cette chute de la satisfaction reflète un contexte difficile pour les acteurs du tourisme breton. D’avril à octobre, une série d’enquêtes a été menée auprès d’un panel de 1 000 professionnels. Les résultats sont clairs : les vacances de Pâques, souvent porteuses d’espoir pour lancer la saison, ont été ternies par un calendrier scolaire défavorable et une météo capricieuse. « Le week-end de Pâques est tombé trop tôt, ce qui est rarement favorable », note Julie Leveau. Seuls 50 % des acteurs du secteur se disent satisfaits pour avril, un mois qui n’a pas rempli ses promesses.
Mai, malgré des éléments porteurs comme le pont de l’Ascension et le décalage des vacances scolaires de la zone B, n’a pas suffi à redresser la barre, avec un taux de satisfaction de 65 %. Pire, dès le mois de juin, la situation s’est dégradée, avec un taux affichant 49 %. Le passage de la flamme olympique en Bretagne n’a pas eu l’effet escompté sur la fréquentation, tandis que les élections législatives ont perturbé les prévisions des acteurs du secteur.
Juillet catastrophique
Juillet a confirmé cette tendance baissière avec une fréquentation tardive et des réservations à la traîne. En effet, trois professionnels sur cinq ont déploré des retards dans les réservations, entraînant un taux de satisfaction de seulement 38 %. À nouveau, la météo et les élections ont joué un rôle crucial, en plus de la concurrence des Jeux olympiques à Paris, qui ont retenu de nombreux Franciliens. Août fait figure de sauveur et a vu la satisfaction des professionnels du secteur remonter à 79 % grâce à une clientèle bretonne au rendez-vous et un week-end du 15 août porteur.
Le bilan global reste pourtant peu reluisant. Les nuitées touristiques, tant françaises qu’étrangères, sont en recul de 5 %. Les visiteurs étrangers, majoritairement originaires d’Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de Belgique, n’ont pas compensé cette baisse. Sur le front de l’hôtellerie, les établissements de luxe (4 et 5 étoiles) s’en sortent mieux, contrairement aux établissements 1 et 2 étoiles, dont la fréquentation a chuté de manière inquiétante d’avril à juin.
L’hôtellerie de plein air, un secteur traditionnellement prisé en Bretagne, a également souffert des aléas climatiques. Le taux de satisfaction a chuté de 7 %. En cause ? Les emplacements nus qui sont particulièrement sensibles aux intempéries. « Les activités couvertes ont bien mieux tiré leur épingle du jeu que celles de plein air, durement affectées par la pluie », observe Julie Leveau.
Les meublés touristiques se portent bien
Du côté des locations meublées touristiques, une légère embellie est notable avec une augmentation de 2 % des nuitées réservées. Parmi les acteurs majeurs du secteur, Gîtes de France se distingue par sa résilience. Cyrille Binggelli, en charge des départements des Côtes-d’Armor, de l’Ille-et-Vilaine et du Morbihan, évoque une situation mitigée : « Juillet a été morose, en raison de la météo et de l’effet des JO à Paris. Cependant, le mois d’août a rattrapé le coup, avec une fréquentation accrue des touristes étrangers, notamment à Dinan et Saint-Malo. »
La fédération Gîtes de France, qui fêtera ses 70 ans l’an prochain, continue d’évoluer pour s’adapter aux nouvelles attentes des voyageurs. « Nous limitons la casse, avec un taux d’occupation de 75 % en juillet, en baisse de 7 % par rapport à l’an dernier, mais un mois d’août qui se stabilise à 90 % », détaille Cyrille Binggelli.
Les professionnels du tourisme, qui espèrent une météo plus clémente en septembre, en sont pour leurs frais. Même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, rien n’indique que septembre ne sauve la saison.