Troisième groupe hospitalier privé de France, originaire de Bretagne
Vivalto Santé est un groupe atypique. Ancré historiquement en Bretagne, il est passé de trois cliniques bretonnes à 100 établissements en Europe en quinze années et affiche aujourd’hui 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. » Notre modèle permet aux praticiens d’être coactionnaires, pour un tiers d’entre eux, avec des droits de véto, en lien avec des investisseurs institutionnels. Les directeurs d’établissement sont parfois d’anciens soignants et au sein du comité exécutif du groupe, nous avons un médecin, notre directeur médical, pour orienter la stratégie du groupe », précise Emmanuel de Geuser.
« Nous avons doublé de taille, passant d’1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en fin 2021 à 2,5 milliards en 2024. »

Vivalto Santé en Bretagne ©Vivalto Santé
Troisième groupe hospitalier privé de l’Hexagone – derrière Ramsay et Elsan – avec 53 établissements, 9 000 salariés, 3 000 médecins et 2 millions de patients accueillis au sein des établissements en France (4,5 millions de patients accueillis, 21 000 salariés et 6 000 praticiens au niveau européen), Vivalto Santé propose une offre de soins complète au service de tous les patients. « Notre offre est très développée en chirurgie, mais aussi en médecine et en obstétrique. Nous disposons de cinq maternités, dont celle de Saint-Grégoire, l’un des trois établissements historiques du groupe. Nous sommes un acteur de référence en médecine oncologique, avec des centres de radiothérapie, plus d’une vingtaine de centres de chimiothérapie et de la chirurgie cancérologique », continue Nicolas Bioulou.

Nicolas Bioulou, directeur des opérations France ©Studio Carlito
Vivalto Santé est également la première entreprise à mission de son secteur. Dès 2020, le groupe s’engage dans une démarche structurante et volontariste qui aboutit, en 2021, à une reconnaissance officielle de ce statut.
Des acquisitions pour « trouver des modèles alternatifs »
Depuis plusieurs années, Vivalto Santé enchaîne les acquisitions. En 2024, le groupe a annoncé avoir racheté trois nouveaux établissements du Grand Ouest : le pôle santé Léonard de Vinci (Chambray-lès-Tours), la clinique Jeanne d’Arc (Chinon) et la clinique du Pré (Le Mans). Une opération rendue possible par une augmentation de capital de 65 millions d’euros, souscrite début février par les praticiens du groupe. « L’idée est, partant de Bretagne, d’élargir le périmètre, tout en restant ancré dans les territoires. »
En 2022, en quête d’« inspiration », le groupe s’oriente vers l’international. Pendant cette période, il fait des acquisitions en Espagne, au Portugal, en Suisse, en Tchéquie et en Slovaquie. « Aujourd’hui, nous sommes implantés dans six pays », le résultat d’une volonté stratégique de s’ouvrir à l’international, permettant à Vivalto Santé de doubler ainsi sa taille, passant d’1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires à fin 2021 à 2,5 milliards en 2024. « L’idée est d’aller s’inspirer d’autres modèles économiques compte tenu des enjeux français relatifs au déséquilibre grandissant entre le niveau des dépenses de santé portées notamment par le vieillissement de la population, la démultiplication des maladies chroniques, les progrès technologiques ou encore l’innovation et la dynamique de l’activité du secteur de l’hospitalisation, publique ou privée, qui pose naturellement la question de la pérennité du modèle économique français. » Les prochains projets portent soit sur des acquisitions d’hôpitaux, soit sur des développements de nouveaux modèles inspirés du Portugal : » De nouveaux hôpitaux, de A à Z, intégrant une offre de soins de proximité. »
« En France, l’hôpital privé, c’est 92 % de rémunération publique. »
Zones blanches
« Nous assurons une permanence des soins, notamment avec des USNP (Unités de Soins Non Programmés ou soins urgents), des maisons médicales de garde », ajoute Nicolas Bioulou. Une aubaine pour beaucoup de territoires en pénurie de médecins généralistes. Et pour remédier à ces zones blanches, « nous avons aussi des consultations avancées. Nos spécialistes vont à la rencontre des patients notamment dans les zones rurales (25 centres de consultations avancées en Bretagne et plus de 100 au niveau national, ndlr). Aujourd’hui, il n’y a pas un territoire qui ne manque pas de généraliste. Même le sud de Rennes est en manque d’offre de soins. »
Une grosse partie de l’activité concerne les soins critiques lourds, notamment la cancérologie, mais aussi l’ensemble des activités de chirurgie extrêmement lourdes. « Nous faisons un peu plus de 50 % de l’activité de cancérologie sur la Bretagne. » Vivalto Santé développe aussi l’hospitalisation à domicile et l’hospitalisation de jour : aujourd’hui, près de 75 % des patients sont pris en charge en ambulatoire au niveau national dans l’hospitalisation privée (50 % dans le public). « Nous avons aussi des offres en e-santé, telles que la préparation de séjour avec notre application Espace patient, de la téléconsultation, ou des téléexpertises à destination des spécialistes. »

Emmanuel de Geuser, directeur général ©Studio Carlito
Diabolisation du privé ?
Aujourd’hui, en France, le modèle est universel. La Sécurité sociale – alimentée par les cotisations des contribuables – finance le monde hospitalier public (la totalité de ses ressources propres) et privé. « Nous, c’est 92 % de notre rémunération : nous sommes bel et bien un acteur privé du service public. Ce qui nous distingue de l’hospitalisation publique, ce sont les fonds ou subventions alloués réglementairement aux missions d’intérêt général, de recherche, de formation, de gestion de certaines pathologies (du type greffes d’organes vivants). »
Ainsi, pour les patients, le coût est le même. « Ils ne choisissent pas leur hôpital en fonction du critère public ou privé. Selon le schéma traditionnel, leur médecin référent les oriente vers un médecin, qu’il soit dans un hôpital public ou privé. » Le patient est pris en charge de la même manière, selon la même structure de grille tarifaire. Les seules différences concernent principalement les forfaits chambres particulières : dans le privé, les recettes supplémentaires, dites « hôtelières », proviennent d’une offre de service complémentaire aux soins laissée « au libre choix des patients ».
Et le sujet épineux des dépassements d’honoraires des médecins ? « Nos tarifs sont fixés par la Sécurité sociale. Ces dépassements concernent les médecins. Nous, cliniques, n’en touchons pas un centime. L’amalgame qui est fait est une diabolisation du privé inutile. Nous ne sommes pas dans un système de lutte fratricide avec le public : l’équilibre des deux fait qu’il y a une offre de qualité pour les patients. Il y a tout de même des zones de frottement, évidemment, mais dans l’ensemble nous sommes complémentaires. »
« Nous ne sommes pas dans un système de lutte fratricide avec le public. »
Revalorisation des tarifs hospitaliers
« En France, l’hôpital privé, c’est donc 92 % de rémunération publique. Nous dépendons de ce que l’État décide de nous donner chaque année. » L’absence de revalorisation tarifaire en 2024 a ainsi fait monter au créneau Vivalto Santé, tout comme les autres acteurs de l’hospitalisation privée. « Dans le cadre de la campagne tarifaire 2024 du secteur hospitalier, le gouvernement a annoncé une hausse de 4,3% des tarifs des hôpitaux publics et du secteur non lucratif, mais de seulement 0,3% pour les établissements privés. Or, la part d’hôpitaux privés en déficit, passée de 25 à 40% entre 2021 et 2023, compte tenu notamment du contexte inflationniste, atteindra plus de 60% en 2024 si cette campagne n’est pas revue et malgré les revalorisations salariales de 2,14% (mesures Borne), qui ne concernent que les contraintes particulières qu’ont les médecins et soignants (travail de nuit, week-ends et jours fériés). Cette décision met donc tout un pan du système de soins en grande difficulté. » Un souci quand neuf millions de patients par an passent par le privé, qui assure 35 % de l’activité hospitalière en France.
Et les dirigeants d’ajouter : « Si l’on prend l’Espagne par exemple, qui est le modèle le plus proche du nôtre, il y a des systèmes d’indexation automatiques des tarifs, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de négociation tous les ans concernant les tarifs hospitaliers comme c’est le cas en France. »
« Augmenter de 50 % le nombre de paramédicaux à l’échelle nationale ! »
La Bretagne a été moins touchée que d’autres régions par le Covid : « 250 de nos professionnels de santé ont quitté la région pour aider l’Île-de-France, davantage touchée. Puis, il y a eu des périodes difficiles, avec des forts taux d’absentéisme, une grande pénurie de personnel soignant, jusqu’en 2023. En 2022 et 2023, toutes les cliniques ont eu une réduction d’activité, la fermeture de services notamment. » Une période sombre, qui a néanmoins permis une prise de conscience : « Il n’y avait pas suffisamment de personnel médical, il fallait augmenter de 50 % le nombre de paramédicaux à l’échelle nationale. » Une décision prise en juin 2020, avec le Ségur de la Santé. Trois années compliquées en termes d’absentéisme plus tard, « les soignants des promos sont arrivés pour renforcer les équipes. Cela est très récent, et sera réellement effectif d’ici à deux ans ».
À l’origine un petit groupe breton
Fondé il y a quinze ans par Daniel Caille, « à l’origine, c’était un petit groupe qui préexistait, nommé CPA (clinique privé et associés, ndlr), regroupant trois établissements indépendants : Saint-Grégoire, Saint-Malo (clinique d’Émeraude) et Pasteur à Brest, les trois premières graines d’un groupe qui, à l’époque, faisait 130 millions d’euros de chiffre d’affaires », retrace Emmanuel de Geuser. Des médecins étaient propriétaires et gestionnaires de ces trois établissements et se sont rendus compte que leur ambition en matière de développement était contrariée par des problématiques de financements. « Ils se sont renseignés sur des fonds d’investissement et ont rencontré Daniel Caille, multi-entrepreneur, qui a eu l’idée de créer une offre hospitalière privée professionnelle », déroule Emmanuel de Geuser. Le groupe Vivalto Santé naît ainsi en 2009.

Vivalto Santé, dont le siège social est basé à Saint-Grégoire (35) et à Paris (75), compte aujourd’hui 100 établissements en Europe ©Vivalto Santé
Vivalto Sport
Au-delà des offres de soin, le groupe a créé une offre sport. Le concept ? Créée en 2019 à l’initiative de Nicolas Bioulou, l’idée était de créer un centre unique en France, permettant d’accueillir trois types de personnes pour pratiquer des activités sportives, encadrées médicalement et paramédicalement :
- Des patients pris en charge dans un établissement de santé ou par un médecin généraliste/spécialiste, sur prescription médicale, pendant une durée moyenne de six mois.
- Des personnes qui souhaitent avoir accès à une activité physique encadrée, sur abonnement mensuel.
- Les sportifs de haut niveau, avec quasiment l’intégralité des grands clubs sportifs autour de Rennes.
« En parallèle, nous accueillons aussi beaucoup d’entreprises lors de séminaires, dans le cadre du sport en entreprise. »
Le prochain centre Vivalto Sport ouvrira en fin d’année, à la clinique de Saint-Malo, et un autre est déjà prévu pour Morlaix.
Bonus
Pourquoi la santé ?
Emmanuel de Geuser. J’ai plutôt un parcours financier. J’ai commencé ma carrière dans l’audit, la gestion de projets stratégique, la direction financière. Il y avait une intensité dans l’environnement médical que je n’ai jamais retrouvée ailleurs. L’acte de soigner des gens, de rencontrer au quotidien le personnel… C’est un secteur qui présente un stress phénoménal, mais un bon stress.
Nicolas Bioulou. À l’origine, j’ai un parcours en gestion et management des entreprises. J’ai commencé dans l’informatique, puis je suis arrivé dans la santé : directeur de la clinique de Cesson, directeur du CHP Saint-Grégoire pendant sept ans, puis de l’ensemble de la Bretagne, et aujourd’hui les 53 établissements en France. C’est un domaine qui a du sens. Cela doit aussi tenir du fait que je suis marié avec une infirmière.
Une activité préférée ?
E.G. J’ai un potager, ma passion est de faire pousser les fruits et légumes, travailler la terre, cela me vide la tête. Avec les métiers que l’on a, c’est important.
N.B. La course à pied : être en permanence dans le challenge, battre un temps, une distance.
Une œuvre culturelle ?
E.G. J’ai été très marqué par un ballet de Béjart, Mozart Queen, un de ses ballets célèbres qui mélange les musiques de Mozart et de Queen, avec des tableaux. Un moment d’émotion forte qui m’a marqué, jusqu’aux larmes.
N.B. Le manga Les Gouttes de Dieu, j’ai une passion pour l’œnologie.
Un lieu préféré ?
E.G. Déambuler à Paris, je découvre toujours des choses différentes.
N.B. Je dirais la montagne, notamment en Savoie. C’est le lieu qui me permet de me vider l’esprit.