Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

CES 2020, l’édition de la maturité

19 entreprises bretonnes innovantes se sont exposées au CES 2020 de Las Vegas. Un contingent stable alors que le nombre de startups françaises accueillies lors de la grand-messe de l’innovation mondiale a lui, baissé. Mais cette diminution serait d’après les observateurs le signe d’une exigence en hausse avec moins de gadgets futuristes au profit d’innovations plus concrètes, commercialisables.

C’est l’heure du débrief pour les exposants bretons. Le Village by CA Ille-et-Vilaine, en association avec Le Poool et Bretagne Commerce International ont organisé un moment convivial pour tirer les enseignements de cette nouvelle édition. Avec plus de 175 000 visiteurs, 4 400 exposants, 1 200 startups de 46 pays et 160 nationalités représentées, le CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas reste LE grand salon de la High Tech.

Pour François Cormier, directeur du Village by CA « Les startups qui confondaient le CES avec le concours Lépine, ne le font plus ». Aujourd’hui le CES a renforcé ses critères et les entreprises retenues doivent présenter un certain degré de maturité et surtout proposer des solutions commercialisables. Cela expliquerait en partie la réduction sensible du nombre d’exposants français (300 représentants contre 480 l’an dernier). Et cela est bénéfique comme le souligne Daniel Gergès, directeur du Poool « Cette baisse n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela se traduit par une hausse de la qualité et de la préparation des startups, qui sont certes moins nombreuses, mais souvent plus matures dans leur approche ».

La préparation est un aspect essentiel pour les startups rêvant de CES. Et l’Ille-et-Vilaine à ce titre, apparait comme une terre propice avec des réseaux efficaces puisque le nombre d’entreprises présentes sur le salon reste stable. Sur les 19 entreprises bretonnes sélectionnées, 15 sont bretilliennes et 4 morbihanaises. Si c’est une très bonne nouvelle pour le dynamisme du département, cela est donc à nuancer pour le territoire breton.

Les entreprises présentes cette année, ont fait fructifier leur présence « Sur les 4 startups accompagnées par le village by CA d’Ille-et-Vilaine, trois ont signé des contrats avec des sociétés étrangères provenant d’Europe, des États-Unis et d’Asie », explique François Cormier qui précise que « une grande partie de nos entreprises venaient pour la deuxième fois. on peut parler de l’édition de la maturité pour ce CES 2020 ».

« Au-delà de l’effet whaou, l’événement est essentiel pour percevoir les tendances de l’innovation dans la durée »

Pour Hugues Meili, PDG de Niji, le salon devient bien un lieu d’exposition plus mature où se joue concrètement la mise sur le marché des innovations de demain. « Le CES s’adresse de moins en moins aux consommateurs et de plus en plus aux entreprises et au business. Au-delà de l’effet whaou, l’événement est essentiel pour percevoir les tendances de l’innovation dans la durée, pour observer les interactions entre les acteurs -startups, TPE/PME, ETI, grands groupes et surtout pour rencontrer des centaines de clients et prospects français et étrangers ».

Jérôme Grondin et Gabriela Sosa de Niji ont relevé plusieurs tendances fortes sur le salon cette année. La première est l’omniprésence de l’IA sous des formes concrètes telles que l’humain augmenté ou le travailleur augmenté. Les domaines de la mobilité, l’avènement de la médecine prédictive et l’intérêt grandissant porté aux démarches responsables et durables ont également marqué les observateurs.

Le CES 2020 vu par les exposants bretons

Les dirigeants des entreprises bretonnes, XP Digit, Heyliot, Dilepix, Moovency et Mobility Tech Green ont souligné l’importance du CES en termes de visibilité médiatique et d’opportunités de veille technologique et concurrentielle dans leurs secteurs respectifs. Tous ont insisté sur la nécessité de bien préparer l’événement en amont. « Il ne s’agit pas de faire évoluer son offre pour conquérir de nouveaux marchés, mais d’adapter son discours aux interlocuteurs que vous croisez » indique Loïc Coeurjoly d’Heyliot, qui participait au CES pour la première fois. « En France on vous demande souvent « comment ça fonctionne ? », aux États-Unis on vous demande plutôt « pour qui ça peut fonctionner ? » et « combien ça rapporte ? » » note Alban Pobla de Dilepix.

Pierre Plantard, Moovency :

« Pour notre 2 e participation, nous avons effectué un grand travail de préparation afin de pouvoir présenter une démo concrète et simplifiée de notre technologie Kimea. Nous avons établi de nombreux contacts avec des clients potentiels. Une délégation de la Fédération Française du Bâtiment nous a rendu visite sur le stand et nous avons rencontré des représentants de FCA (Fiat Chrysler Automobiles) ».

Benoit Bellavoine, XP Digit :

« C’était notre 2 e participation. L’enjeu pour nous était de rencontrer les acteurs majeurs français du secteur de l’énergie et de l’industrie au sens large. Nous avons enregistré environ 150 visiteurs sur notre stand, dont 40 prospects qualifiés, 9 prospects fermes et 3 rendez-vous ont déjà eu lieu. C’était une belle expérience avec de très bons contacts ».

Alban Pobla, Dilepix :

« L’édition 2020 était plus qualitative que la précédente. Dans notre secteur de l’Agtech, les principales coopératives et entreprises du secteur du machinisme agricole viennent à Las Vegas pour découvrir les nouvelles technologies. Notre présence nous a permis de rencontrer des dirigeants de haut niveau, comme des responsables R&D de grands groupes ».

Alexandre Fournier, Mobility Tech Green :

« Nous avons effectué un gros travail de préparation en amont dès le mois de juillet et nous avons reçu une centaine de demandes de rendez-vous, notamment grâce au CES Innovation Award décroché cette année. Notre objectif était de rencontrer des délégations internationales (…) Nous avons eu 70 % de visiteurs internationaux sur notre stand ».

Loïc Coeurjoly, Heyliot :

« Cette première participation nous a permis de confronter notre modèle de développement à un environnement différent, d’acquérir une plus grande rigueur commerciale et de mettre en avant notre technologie Vijibin. C’était également intéressant de pouvoir rencontrer là-bas de nombreux prospects et investisseurs et de constater que les initiatives sont nombreuses à travers le monde dans le secteur de la gestion des déchets ».