Si la sécurité, les cambriolages et les accidents de la route ont terni le bilan que Philippe Gustin, préfet d’Ille-et-Vilaine et de la région Bretagne, a présenté à la presse en cette rentrée 2024, il y a bien d’autres raisons de se réjouir. En matière d’économie, d’emploi ou dans le secteur agricole, les bonnes nouvelles abondent et les voyants sont au vert. « 2024 connaît un très léger ralentissement en termes de croissance, mais les années 2023 et 2022 sont particulièrement bonnes en Bretagne par rapport au tassement que connaît la France aujourd’hui », s’est réjoui Philippe Gustin. En effet, avec une hausse de chiffre d’affaires de 5,2 % en 2023 et de 14,5 % en 2022 dans l’industrie ; de 4,5 % en 2023 et de 8,2 % en 2022 dans les services marchands ; de 3,8 % en 2023 et 7,4 % en 2022 dans la construction, la tendance haussière se confirme.
Le préfet, qui a fait de la proximité avec les Bretons sa marque de fabrique (240 déplacements en un an et 45 visites officielles), note également moins de turn-over dans les entreprises du territoire que par le passé. Philippe Gustin se satisfait également d’une baisse de l’inflation en 2024, ainsi qu’un marché du travail en excellente santé : 16 300 emplois ont été créés en 2023. La Bretagne représente ainsi la région avec la plus forte hausse de nouveaux emplois dans l’Hexagone. Elle affiche aussi l’un des plus faibles taux de chômage, à 6 %.
« Nos accompagnements, dans le cadre du plan France 2030 (doté de 54 milliards d’euros sur cinq ans), entendent favoriser la réindustrialisation et il y a d’ailleurs des résultats », se félicite-t-il, en citant l’implantation de Safran à Rennes ou encore des batteries Bolloré à Ergué-Gabéric, dans le Finistère. Malgré tout, dans le secteur de l’agroalimentaire, les abattoirs bretons ont besoin d’un plan de restructuration, selon le préfet. « Certains ont des problèmes sanitaires ou sont tout simplement vieillissants », constate Philippe Gustin qui annonce que 333 projets de réhabilitation ont été financés.
Déficit de logement
« Il y a toutefois une tension sur l’emploi, regrette le préfet. Les entreprises ont du mal à recruter, notamment en raison de la crise du logement. Cela a une incidence non négligeable sur l’activité économique. Dans la commune de Montfort-sur-Meu (35, Ille-et-Vilaine), 500 à 600 emplois devraient être créés ces prochaines années, mais la pénurie de logement persiste et le maire de la commune sait déjà qu’il ne parviendra pas à loger tout le monde. »
Les assises du logement, qui se sont déroulées durant six mois cette année à Quimper (29, Finistère), ont permis de réunir tous les acteurs impliqués dans le dénouement de cette problématique. « Nous y arriverons seulement si chacun travaille avec les contraintes des autres. Il faut fluidifier le parcours de logement : 47 communes bretonnes ont été reclassées, en juillet 2024, en zone tendue. Ces dernières pourront accueillir, avec des avantages fiscaux, des logements locatifs intermédiaires à destination des classes moyennes », dévoile Philippe Gustin.
Certains publics sont particulièrement touchés ; les saisonniers agricoles et de l’hôtellerie-restauration notamment, mais aussi les étudiants. Pour faire avancer le dossier, le préfet de Bretagne se propose « d’accompagner les collectivités dans leur lutte contre les meublés touristiques ».
« Les entreprises ont du mal à recruter, notamment en raison de la crise du logement. »
Le secteur agricole se porte bien
« Après la crise que nous avons connue en début d’année 2024, nous avons une saison qui se présente bien en Bretagne : les prix du porc et du lait sont en hausse, tout comme la pousse de l’herbe », explique le préfet. Les cours de l’artichaut, des tomates, de l’échalote, sont bons. Pourtant, le milieu agricole se dit crispé par les normes environnementales : « Nous travaillons donc sur des simplifications réglementaires. Je suis convaincu qu’il faut changer de logiciel. Je me suis rapproché d’Eaux et rivières de Bretagne notamment, afin de fixer de nouveaux arrêtés et de nouvelles règles : il faut des dispositions plus lisibles et plus compréhensibles pour les professionnels. »
Philippe Gustin s’inquiète toutefois de l’apparition de trois foyers de grippes aviaires. Il assure que ses services sont mobilisés pour empêcher la propagation de l’épidémie. Les élevages de plein air sont impactés car ils sont en contact avec les animaux sauvages, souvent porteurs de virus. En Ille-et-Vilaine, la préfecture de région suit aussi de près la fièvre catarrhale ovine et bovine qui pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses pour la filière.
L’État met la main au portefeuille
L’année 2024 a vu la signature d’un contrat de plan État Région en faveur de la mobilité (doté de plus de 500 millions d’euros) qui comprend la remise en état de la ligne ferroviaire Dinan – Lamballe notamment. À noter que 200 millions d’euros ont été accordés à la région cette année. Les collectivités locales bretilliennes ont bénéficié de 22 millions d’euros quand le fond vert a octroyé 85 millions d’euros entre 2023 et 2024 aux communes bretonnes. Les fonds sont utilisés à des fins très concrètes : réhabilitions de bâtiments publics comme les écoles, éclairage public, etc.