Ici, les spectateurs sont invités à expérimenter des situations qui rappellent l’enfance, les jeux de constructions, la fabrication de cabanes dans les arbres, de nids pour les oiseaux et parfois pour les humains, d’aires de repos et de convivialité, de promontoires et de tours qui regardent vers la mer, comme autant d’observatoires inattendus… Dans la suite logique du parcours imaginé par Daniel Buren sur l’île d’Arz en 2023, Tadashi Kawamata a proposé une série d’œuvres qui viennent s’inscrire in situ, dans les sites qu’il a choisis en fonction du paysage et de la circulation des habitants et visiteurs. Avec la même économie de moyens, ces œuvres, faites de planches assemblées et de bois de récupération, viennent ponctuer certains lieux de l’île.
Les travaux de Tadashi Kawamata surprennent par leur apparente fragilité. Pensées comme éphémères, ses installations, une fois réalisées, cessent d’appartenir à ceux qui les ont portées pour appartenir à tout le monde. Elles viennent « ponctuer » la visite, comme un parcours que l’on peut effectuer sans ordre véritable, permettant de faire le tour de l’île dans un laps de temps accessible à tous.
Associer le public
Le visiteur est ainsi placé dans de nouvelles situations, permettant non seulement d’exercer sa propre curiosité, mais aussi d’appréhender une démarche où se mêlent art et architecture dans une simplicité redoutable. L’artiste a également invité le public à participer à la fabrication de ces œuvres. Cette démarche vise ainsi à la mise en place d’un bien commun, d’un partage permettant à ceux qui le souhaitent de s’associer à ce moment particulier de la confection d’une œuvre et de sa destination publique.
*Arz se prononce Art
Tadashi Kawamata : un plasticien japonais reconnu
Vivant et travaillant à Tokyo et à Paris, Tadashi Kawamata s’est imposé sur la scène artistique japonaise et internationale. En 1982, à 28 ans, alors jeune diplômé de l’université des Beaux-Arts de Tokyo, il est déjà invité au Pavillon du Japon de la Biennale de Venise. Dès lors, il intervient dans le monde entier pour réaliser des projets monumentaux, toujours en accord avec le site investi. Ses créations rendent possible le rapprochement entre l’ici et l’ailleurs, favorisent des échanges, des rencontres. Elles sont l’antithèse des murs qu’on élève pour séparer. En utilisant pour matériau essentiellement le bois, qui sera par la suite récupéré, Kawamata inscrit ses œuvres au sein d’un cycle de vie qui se répète, se recycle. En ce sens, ses œuvres sont des moyens favorisant surtout les relations. D’abord dans le processus même du travail avec les participants au projet, mais aussi avec les visiteurs qui font des expériences immersives avec le milieu. Si l’artiste sculpte l’architecture, il architecture également l’espace, et cet espace commence avec ceux et celles qui l’habitent.
