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Elections CCIT 35 – Entretien avec Jean-Philippe Crocq

Il est le candidat, tête de la liste d'une union interprofessionnelle en Ille-et-Vilaine, pour les élections de la Chambre de commerce et d'industrie territoriale en Ille-et-Vilaine. Rencontre avec Jean-Philippe Crocq, un pur produit fougerais, chef d'entreprise, engagé de longue date à la chambre consulaire.

Jean-Philippe Crocq, CCI

Jean-Philippe Crocq, © Studio Carlito

Les élections des CCIT se déroule du 27 octobre au 9 novembre. Retrouvez la liste des 60 chefs d’entreprises engagés en Ille-et-Vilaine ici.

« Je suis en effet un pur produit fougerais, même si je suis né à Rennes, c’est presque une erreur d’étiquetage ! Du côté familial, j’avais un grand-père ouvrier dans la chaussure, chez JB Martin, l’autre était crémier dans le quartier ouvrier de Bonabry à Fougères. Je suis issu de ce passé commerçant et industriel. » Son père monte son entreprise, en 1976, Ocene, spécialisé dans le traitement de l’eau. Jean-Philippe, lui, se dirige vers une formation d’audioprothésiste, « un métier passionnant, car alliant technicité, travail manuel, et très relationnel, car on passe 8 à 9h avec son client pour fabriquer cette prothèse sur mesure. Je faisais beaucoup de marketing, alors quand mon père me propose de rejoindre le groupe familial, Serafel, pour déployer et diriger un service marketing qui n’existe pas encore, j’accepte le défi. Je me forme en passant un master en marketing stratégique à l’École Supérieure de Commerce de Rennes pendant un an. »

Depuis 2012, il est avec son frère le président de ce Groupe familial (Serafel devient Keralia en 2021), qui en 45 ans s’est fortement développé, sur des domaines d’expertise tels que l’aménagement de bâtiments d’élevage, le traitement de l’eau, l’hygiène et l’environnement. Le groupe s’est diversifié en transposant son savoir-faire des marchés agricoles vers les marchés industriels et les collectivités, avec une présence à l’export. Le groupe compte aujourd’hui 190 collaborateurs, et 32 millions d’euros de CA 2020.

Sa longue histoire avec la CCI

« Je ne peux pas le nier, j’ai été biberonné à la CCI. Mon père Jean-Claude Crocq a été président de la CCI de Fougères (de 1985 à 1994), et pendant deux mandats président de la CCI de Région (1995 à 2003), la CRCI comme on l’appelait alors. » Au-delà de cette histoire de famille, c’est en 2007 que Jean-Philippe s’engage, au service des entreprises et de son territoire tout d’abord : vice-président d’Atouts Pays de Rance, un groupement d’employeurs breton, il participe à la mise en place d’une antenne fougeraise, non sans une certaine fierté. Il engage ensuite un premier mandat d’élu à la CCI Saint-Malo/Fougères en 2011, un second à la CCI d’Ille-et-Vilaine en 2016, également élu à la CCI Bretagne, en charge des questions foncières et immobilières, présidant depuis 2015 la SAS CCI Habitat. « Je suis sensible aux questions d’emploi et de formation, dans ce département où le taux de chômage est parmi les plus faibles de France. »

« J’ai œuvré au rapprochement des chambres de Rennes et de Saint-Malo/ Fougères. C’était dur d’imaginer comment les territoires allaient exister face à une métropole forte comme Rennes, mais Emmanuel Thaunier a réussi à créer cette assemblée avec des délégations, où chaque territoire a voix au chapitre. Quand un élu malouin discute avec un entrepreneur malouin, ils partent d’une connaissance commune et plus fine de leur secteur et des besoins. C’est plus efficace. De même on envisage 1 élu CCI en lien avec chaque EPCI, qui a un rôle de courroie de transmission des échanges, des possibilités, des travaux communs, etc. » 

Les grands enjeux de la CCIT 35

1 – La Formation

Le campus Industrie

Jean-Philippe Crocq est vice-président du Campus des métiers Fougères-Vitré Industrie depuis sa création en 2019. « C’est un bon exemple, ici La CCI a joué un rôle de catalyseur, avec les élus (EPCI), les organismes de formations et une quarantaine d’Industriels engagés (Safran, Carl Zeiss, Thalès, Groupe Intermarché, etc. Sur ce territoire de Fougères et Vitré, 32 % des salariés sont employés de l’industrie, et il y a encore des besoins , il n’y a pas assez de candidats dans la maintenance par exemple. »

Faculté des métiers, Rennes school Business, Ferrandi, etc.

La CCIT-35 forme plus de 4 000 personnes par an sur les trois sites de la Faculté des métiers de Bruz, Javené et Saint-Jouan des Guérets. « Nous aidons aussi d’autres initiatives privées, comme l’Institut de Design de Saint-Malo. C’est aussi un fort engagement avec l’école de commerce Rennes School of Business qui fête ses 30 ans cette année, qui répond aux besoins des entreprises, avec également la formation continue pour nos cadres bretons. »

L’investissement dans nos outils de formation avec entre autres la construction et le déménagement du site de St Jouan des Guérets pour un nouveau centre de formation à Marville. La CCI, c’est aussi un engagement avec l’école Ferrandi Paris pour ouvrir un campus à Rennes en cette rentrée 2021, « c’est un investissement fort de la CCI, qui a vocation à étoffer l’offre de la formation dans ce domaine de la restauration et de l’hôtellerie. Il s’agit de haut standing certes, mais nous avons aussi besoin de ces compétences en Bretagne. »

2 – Gestion d’équipements

Les CCI ont été créées à l’origine pour gérer des équipements territoriaux : bourses de commerce, magasins généraux, équipements portuaires et aéroportuaires, etc. « Pour moi, les entreprises ont un droit de regard sur les orientations stratégiques des équipements de leur territoire. Ce sont des chefs d’entreprises qui siègent aux CCI, c’est cohérent que ces chambres consulaires soient impliquées ! »

Ports et aéroports

« Nous avons malheureusement perdu la DSP – Délégation de service public de la Région – sur la gestion des ports de Saint-Malo, c’est un opérateur privé à présent. Pour l’aéroport de Rennes et Dinard, il s’agit d’un mixe privé-public, incluant Vinci et la CCI35, et je trouve que c’est un bon compromis. Cela permet d’avoir un regard à plus long terme sur ce que cet équipement doit apporter, pas un objectif uniquement financier et de rentabilité. La prochaine DSP est prévue dans la mandature, je souhaite que la CCI y réponde, seule ou avec le meilleur partenaire dans l’intérêt du développement économique de notre région. Quant à l’aéroport de Dinard, soyons clairs : il n’est pas fermé. Il se trouve qu’il n’y a plus de compagnies aériennes à y maintenir une ligne grand public. Il reste les activités de l’entreprise Sabena, et les avions d’affaires. La piste est entretenue et si un jour l’activité doit reprendre, nous serons prêts. C’est aujourd’hui difficile de prévoir l’avenir des services aéroportuaires, suite à la pandémie Covid-19 notamment. Si un jour cela repart comme avant, le site sera prêt, et nous serons réactifs avec les collectivités territoriales bien sûr. »

L’évolution de la Chambre

Le budget de la CCI 35 avoisine les 112 millions d’euros. Ce sont près de 300 collaborateurs dont plus d’un tiers dévolus aux activités de formation, les autres œuvrant au service des entreprises bretiliennes, sur les domaines d’ innovation, de l’international, des ressources humaines, de financement des entreprises, de digitalisation ou développement durable. « Entre 2014 et 2022, les ressources fiscales des Chambres de Commerce et d’Industrie auront fondu de près de 75 % : c’est 8,8 millions d’euros en moins pour la CCI 35. Cela nous a obligés à redéfinir les contours de nos missions. Et redéfinir nos priorités, la ressource fiscale est aujourd’hui uniquement « fléchée » vers l’appui aux entreprises. Auparavant, nous réalisions des études de marché, mises à disposition gracieusement de nos partenaires, ce n’est plus possible, une partie de ces prestations sont désormais payantes. Pour les dispositifs d’accompagnement des créateurs d’entreprises, nous sommes dans notre rôle d’animateur et nous appuyons sur notre réseau de partenaires, tels que la Région, les CMA, les Plateformes Inititiatives, etc. En termes de budget, la baisse de la ressource fiscale ne peu plus connaitre de nouvelles baisses sauf à remettre en cause les capacités de la chambre à remplir ses fonctions régaliennes ».

Les questions bonus !

Parlons musique ? « j’ai 45 ans, alors je suis un enfant du rock ! (Ndlr : en référence à une émission télé diffusée dans les années 80). Rage against the machine, vous connaissez ? C’est ce que l’on appelle la Fusion ! Et j’ai chanté dans quelques groupes aussi, » se souvient-il en souriant. « J’ai été bénévole aux vieilles charrues aussi, en fait les festivals et la musique m’ont longtemps porté ! »

Et côté livre, ou film ? « Et bien les deux alors : Dune ! J’ai beaucoup aimé la dernière adaptation au cinéma, et je suis en train de relire le livre, j’aime beaucoup cet écrivain, Franck Herbert, et je suis très branché univers de science-fiction. »

Un peu de sport ? « Oui, je fais un peu de course à pied, des petits Trails de 10km, j’ai fini le Trail urbain de Fougères, en 58min »

Une vision de la vie ? « On reçoit à la hauteur de ce que l’on donne. » C’est au CJD que j’ai appris cela, j’y ai siégé de 2002 à 2005, et cela a fait grandir ma vision de l’entrepreneuriat.»

Des traits de caractère ? « J’aime le collectif, et j’aime dénouer des noeuds ! De manière générale je suis plutôt un arrangeur, tout en aimant l’adversité et les défis. Je suis un homme de projet, en recherche de compromis, pour trouver les solutions bénéfiques. »