Couverture du journal du 29/08/2025 Le nouveau magazine

Entretien avec Didier Sturlan, directeur général et Christian Queffelec, président de BCI : la Bretagne et le commerce international

En Bretagne près de 4000 entreprises travaillent à l’export, principalement des filières de l’agroalimentaire, l’électronique et le digital, la cosmétique et l’industrie. Brexit, covid, flambée des coûts de transport et logistique, transition environnementale, essor technologique, prise de conscience sociétale… le commerce à l’international est à une croisée des chemins. Avec un déficit commercial de la France qui bat record sur record, atteignant les 100 milliards d’euros. Face à ces bouleversements, les opérateurs économiques priorisent leurs marchés, s’adaptent aux contraintes, et travaillent l’avenir. BCI - Bretagne Commerce International - organise le grand rendez-vous annuel sur ce sujet : L’Open de l’International le 4 juillet à Saint-Brieuc. Rencontre avec Didier Sturlan et Christian Queffelec, respectivement directeur général et président de BCI.

Didier Sturlan, directeur général de BCI, Christian Queffelec, président de BCI

Didier Sturlan, directeur général de BCI, Christian Queffelec, président de BCI ©Studio Carlito

Le retour de la stagflation ?

Ce terme renvoi à une période de forte inflation dans une croissance économique lente. « La pandémie a arrêté l’économie mondiale et cela commençait à repartir » resitue Didier Sturlan « Aujourd’hui s’ajoute l’incertitude géopolitique liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ou encore la politique du zéro-covid en Chine qui met à l’arrêt des centres de production. Ajoutez une poussée de l’inflation (prix des transports, de l’alimentation, des produits manufacturés, et bien sûr de l’énergie), la croissance de l’économie française marque le pas. Mais le commerce international ne va pas s’arrêter, c’est un « autre commerce » qui se dessine. »

Les augures de la décarbonation

« On se déplace moins, avec l’usage de la visio il n’est plus nécessaire d’aller à l’autre bout du monde pour une réunion, mais il faut bien aller taper dans la main de nos partenaires de temps en temps », reprend Christian Queffelec. Quant aux enjeux des produits venant de l’autre bout du monde ? « En effet les produits que l’on vend doivent être propres, générer peu de CO2, venir de filières responsables, et ne pas détruire l’Amazonie ! Tout cela rentre aujourd’hui en ligne de compte. On récupère de la marge sur cette valeur ajoutée, et c’est important de bien comprendre cette mutation, sinon les entreprises risquent d’être éliminées des marchés… et même de leurs marchés de proximité. »

J.M. Jancovici est venu récemment à Rennes, affirmant : « Le commerce mondial en 2050 ? Remettez-vous deux siècles en arrière : si on faisait venir du marbre d’Italie, c’était pour construire des palais, et bien demain on ne déplacera plus de matériaux si ce n’est pour faire un produit à valeur ajoutée. »

« Imaginez, reprend Christian Queffelec, si le circuit court demain devient la norme : un biscuitier breton devra alors produire ses biscuits au Japon au lieu de les mettre dans des containers ? Il faut se demander si cela sera possible et si cela a du sens. Autre exemple dans l’automobile, importer des matières premières, les travailler, et exporter un produit fini sera-t-il toujours possible demain ? » De gros bouleversements potentiels qu’il faut anticiper, car cela concerne chacun, métiers et filières.

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