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Agrilait : Une revalorisation du lait UHT indispensable

Cinq laiteries en France ont participé à une grande opération transparence lancée par la filière dans le cadre de la Journée mondiale du lait. La laiterie Coralis, implantée à Cesson-Sévigné depuis 1949, a ouvert ses portes aux consommateurs pour faire (re)découvrir le lait UHT à travers la marque Agrilait. Un produit plébiscité durant le confinement, mais qui, depuis, souffre de la déconsommation.

Agrilait

Agrilait © 7J HC

Avec la reprise des activités en extérieur et la diminution du temps passé à domicile, la consommation de lait retrouve son rythme d’évolution pré-covid. Au total, 2,84 milliards de litres de lait ont été consommés en France en 2021, contre 2,91 milliards en 2019 (- 2,5 %) et 3 milliards en 2020 (- 5,6 %). Il s’est ainsi vendu environ 2,28 milliards de litres de lait conditionné en grande distribution en 2021, contre 2,30 milliards de litres en 2019. Le lait UHT (stérilisé par upérisation à haute température), de longue conservation, reste le plus vendu des laits liquides en 2021 : il représente 96,5 % des volumes de lait conditionné vendus en France.

Aujourd’hui, le marché de la brique de lait UHT réalise entre – 5 et – 6 % sur le début de l’année, à fin mai. Cela représente plus de 100 millions de litres de lait UHT non consommés, soit plus qu’une usine laitière comme celle de Coralis. Une perte de vitesse expliquée par plusieurs facteurs comme les évolutions des modes de consommation ou encore l’augmentation du nombre de personnes intolérantes aux lactoses alimentant une déconsommation générale du produit.

 

Agrilait

Agrilait © 7J HC

Valoriser les producteurs laitiers

La filière voit aussi ses coûts de production augmenter en raison de l’effet cumulé de la sortie du Covid et de la guerre en Ukraine. La flambée des coûts liés à l’énergie touche aussi bien les sites de production que le transport des produits. En outre, des tensions surviennent sur l’emballage. + 70 % en 1 an pour les matières premières plastiques et + 40 % pour le carton, selon le Syndilait.

« Rien que l’année dernière, chaque litre de lait en plus a couté 2,6 centimes supplémentaires aux producteurs. Cette année, à fin avril, nous sommes déjà sur du +4,4 centimes », informe Magalie Guerrier, responsable commerciale chez la marque Agrilait.

Malgré cela, la marque Agrilait – apparue en 1981 – tient à valoriser ses producteurs laitiers bretons (16) et normands (13). Alors que les prévisionnels tablent sur une année à 420 euros des 1 000 litres, soit 440 euros avec les primes, les producteurs Agrilait, eux, seront rémunérés entre 470 et 480 euros des 1 000 litres en moyenne (actuellement 496 euros les 1000 litres). Dans la rémunération du producteur, il y a un prix de base 38/32 (défini par une proportion de 38 grammes de matières grasses et 32 grammes de matières protéiques par litre) auquel viennent s’ajouter des primes qualité.

« Nous avons un engagement qualité. Il y a une prime de 36 euros des 1 000 litres afin de valoriser le travail de chaque producteur », explique Magalie Guerrier.

La formation des jeunes : un vrai enjeu

La marque régionale fait également partie du label Bleu-Blanc-Coeur, depuis 2003, pour une alimentation équilibrée et de qualité pour les animaux, riche en Omega 3. « Une ferme labellisée économise 20% de carbone par rapport à une ferme conventionnelle. La collecte est locale, à 90 km autour de la laiterie. Elle est optimisée avec des conducteurs formés à l’écoconduite, indique Florence Galesne, du service marketing d’Agrilait. En plus du cahier des charges Bleu-Blanc-Coeur, nous imposons à nos producteurs un cahier des charges sans OGM. Nous imposons 150 jours de pâturage par an. Les éleveurs sont aussi amenés à avoir une alimentation de plus en plus autonome pour leurs vaches. »

Malgré cette revalorisation des producteurs, une déprise laitière est constatée sur la filière alors que des études ont estimé que la demande mondiale de lait va augmenter dans les prochaines années. Un vrai travail sur le renouvellement des générations est donc à réaliser. « Il y a une vraie pénurie, mais, de plus en plus, les jeunes s’y intéressent et veulent revenir à ces métiers manuels. Les jeunes que nous recevons sont, pour la moitié, non issus du milieu agricole. Ce sont des métiers qui sont très axés sur l’extérieur, en autonomie, ce qui les mettent en valeur », affirme un responsable de L’Agriculture recrute, collectif des experts de l’emploi et de la formation agricole en Ille-et-Vilaine. Le lycée agricole les Vergers, à Dol-de-Bretagne, a augmenté son effectif cette année, passant de 190 en 2021 à 220 élèves en 2022. Une croissance pleine d’espoir quand on sait que le nombre d’éleveurs laitiers a été divisé par deux en 20 ans en France.

La région Bretagne

  • 1re région de consommateurs de lait ½ écrémé (21.2 % de la consommation nationale)
  • 1re région de consommateurs de lait entier (25.3 % de la consommation nationale)
  • 3e région de consommateurs de lait Bio (17.5 % de la consommation nationale derrière les régions Centre Est et Île-de-France)

 

Bruno Durand, Agrilait

Bruno Durand, producteur de lait à Maxent (35) © 7J HC

Je me suis associé à la marque Agrilait dès 2003, car je trouvais le procédé du label Bleu-Blanc-Coeur novateur. Nous avons ensuite arrêté quelques années, car la filière avait du mal à se développer, mais nous l’avons réintégré en 2007.

Nous sommes aujourd’hui à 100% derrière ce label. Nous sommes rémunérés à la qualité du lait et c’est ce qui nous intéresse en tant que producteur. Grâce à cette volonté, nos animaux se portent bien mieux et nous, producteurs, nous sommes rémunérés à notre juste valeur et un peu plus que nos collègues !