Aziliz Gouez, porte-parole du groupe Breizh a-gleiz à l’origine du vœu sur l’autonomie voté en session, a reconnu le « caractère quelque peu sulfureux de la notion d’autonomie dans la grammaire politique française ». Il est vrai que le mot autonomie questionne. De quoi parle-t-on précisément ?
Loïg Chesnais-Girard : Nous ne sommes pas dans une forme de défiance vis-à-vis de notre État. La Bretagne est fière d’être une région européenne, fière d’être une région dans la République et il n’est évidemment pas question d’indépendance. Ce que nous souhaitons, c’est obtenir une capacité d’agir plus grande, plus rapide, avec des moyens adaptés. Aujourd’hui, la Bretagne est dotée d’un budget de plus de 1,7 milliard d’euros. C’est un petit budget, si je le compare à une région allemande, autrichienne ou espagnole. Et nous assurons un grand nombre de compétences : les transports, les lycées, l’enseignement supérieur, la recherche, la formation professionnelle, l’aménagement du territoire, les logements, le développement économique, mais aussi la culture, le sport et le tourisme, tout ce qui contribue à une bonne qualité de vie dans un territoire. En partant des grandes lignes fixées par l’État, nous souhaitons pouvoir adapter la réglementation localement en fonction des spécificités de notre territoire et disposer d’une capacité budgétaire plus large pour agir.
Il n’est pas question d’indépendance
Il existe des contrats de plan État-Région (CPER) qui constituent un outil de développement entre l’État et les Régions pour la mise en œuvre de projets structurants. Le contrat de plan pour la période 2021-2027 mobilise près de 1,6 milliard d’euros d’investissement pour la Bretagne et ses habitants. Cet outil n’est donc pas suffisant ?
Loïg Chesnais-Girard : Effectivement, nous avons un plan Etat-Region qui a été négocié l’année dernière avec le gouvernement de Jean Castex. Je ne dis pas que tout est mauvais, mais on peut faire plus fort, plus vite. Quand le GIEC nous dit qu’il ne nous reste que quelques années pour agir contre le réchauffement climatique, quand les citoyens sont exaspérés par les bouchons routiers dans les villes, par l’absence de métiers pour nos enfants, par l’incapacité à loger les jeunes, on a le devoir d’agir vite. Et à la Région, nous sommes au plus près des problématiques, nous pouvons être plus agiles et cibler les besoins. On ne veut pas, on ne peut pas, tout attendre du Gouvernement. Nous souhaitons des moyens pour agir nous-mêmes. C’est ça l’enjeu. C’est encore une fois de pouvoir répondre rapidement aux citoyens.
Pourriez-vous donner des exemples concrets de ce qui pourrait changer si la Bretagne obtenait une plus grande autonomie ?
Loïg Chesnais-Girard : En Bretagne, nous avons expérimenté l’adaptation du dispositif Pinel, permettant la construction de logements neufs. Sur le territoire national, Paris fixe les zones qui peuvent en disposer. Avec notre « Pinel Breton », Rennes et Saint-Malo, uniques bénéficiaires en Bretagne, ont pu transférer une partie de leur droit au Pinel à des villes moyennes comme Fougères, Concarneau et…