Ils s’appellent Guillaume Legras, Joachim Cabellec ou Julien Denis. Les forçats de Lorient, une catégorie à part dans les oubliettes de la Bretagne. Même de nombreux Lorientais ignorent le passé pénitentiaire de leur ville. Pourtant, en août 1796, 300 condamnés entrent au bagne de Lorient. « Ils sont 232 à avoir été sanctionnés pour vol, sept pour homicides sans préméditation, cinq pour faux en écriture, deux pour viols, le reste pour voie de fait, vagabondage ou émission de fausse monnaie », liste Joël Bruché, qui a consacré un mémoire au bagne de Lorient sous le Premier empire (1805-1815).

Caserne des mécaniciens et dépôt des équipages de la flotte, ancien bagne, ayant servi de magasins à la Compagnie des Indes au XVIIe siècle ©Fonds Archives de Lorient
Magasin de la Compagnie des Indes
Deux ans auparavant, le Comité de Salut-Public décide de la création d’un bagne dans la ville qui, depuis 1792, est l’un des arsenaux de la République. Le bagne s’établit dans un ancien magasin de la Compagnie des Indes, à l’emplacement actuel de l’hôtel d’agglomération. Au fil des années, le nombre de forçats ne cesse d’augmenter. Ils sont 1 847 en 1822, sur les quelque 11 000 forçats de l’ensemble des bagnes de la Marine (Brest, Roche…