Couverture du journal du 17/03/2025 Le nouveau magazine

Galerie L’Antre Temps : Jeu de formes, d’Han Psi et Quentin Marais

Dans sa galerie-atelier L’Antre Temps à Rennes, Constance Villeroy aime rapprocher les artistes, les associer, tisser des liens, mettre en lumière de subtiles correspondances tels les Jeux de formes qui réunissent, jusqu'au 27 juin, Michel Colin alias Han Psi et Quentin Marais. Des Jeux de formes par la construction, l’assemblage, le coloriage dans les peintures stylisées du premier et les céramiques colorées du second.

Han Psi, série Kolinus, la colombe, crayon de couleur sur papier ©DR

Han Psi, de son nom véritable nom Michel Colin (1933-2015), typographe de métier et calligraphe passionné, s’était choisi pour nom d’artiste Psihan, anagramme du berceau familial dans la forêt de Brocéliande. Ce pseudonyme à consonance orientale s’accordait à l’esprit de ses paysages en noir et blanc, évanescents, hors du temps. Le poète Yves Prié disait de Han Psi qu’il était « porté par l’idée du signe, l’idée de créer une image donnant à rêver ou à penser ».

Han Psi, série Kolinus, le moineau, crayon de couleur su papier ©DR

Han Psi, série Kolinus, le moineau, crayon de couleur su papier ©DR

Les peintures de la série Kolinus, montrées pour la première fois, sont composées à partir de chutes de papier assemblées de telle sorte qu’elles font surgir une forme épurée et suggestive sur le fond de papier découpé et peint en noir. Le motif naît toujours d’un heureux hasard. Construite comme un jeu d’enfant, l’image est rehaussée de couleurs au crayon ou à l’aquarelle et devient figurative. On y devine un oiseau : moineau, colombe, une abeille butinant une fleur ou encore une vache…
Cet ensemble allie précision dans le dessin de la forme, maîtrise technique (qui ne sont pas sans rappeler la période des idéogrammes) et délicatesse du travail de la couleur avec des tons fondus dans une gamme de beiges, d’orangés, de verts et de bleus très doux, des effets de bruine et des accents de lumière. Pause, récréation dans une œuvre multiple et le plus souvent en noir et blanc, cette série Kolinus surprend par sa légèreté rêveuse.

Le travail de Quentin Marais, céramiste établi à Guerlesquin, dans le Finistère, s’est construit autour de l’enfance sans nostalgie aucune, juste « l’envie de retrouver la liberté, « primaire » et la légèreté propres à l’enfance ».
Quentin compose ses sculptures et ses céramiques « comme un jeu de construction, comme un jeu de mémoire ». Il se nourrit de ses souvenirs et des images de cette période en s’attachant à retrouver les jeux, les dessins, les couleurs de ses jeunes années. Les techniques aussi : découpages, collages, assemblages, coloriages, barbouillages.
Ses sculptures et ses objets utilitaires en grès ou en porcelaine : jarres aux parois rugueuses et aux étranges couvercles dénommées Greniers, bonbonnes aux anses de couleurs vives, pichets aux subtils dégradés de couleurs sont façonnés au colombin, à la plaque, en estampage ou modelage.

« L’argile m’offre cette liberté, dit-il. Elle est pour moi un pont entre un monde symbolique et notre univers contemporain. Elle offre la plasticité entre l’utile et l’inutile et révèle le lien entre l’imaginaire et le concret. » La terre est laissée brute, décorée, émaillée ou teintée dans la masse et cuite au four à 1 280 degrés. Elle s’anime au gré des formes dans des pièces inattendues, joyeuses et ludiques.

Quentin Marais , bonbonne « grenier », grès ©DR

Quentin Marais , bonbonne « grenier », grès ©DR

Quentin Marais, sculpture, grès ©DR

Quentin Marais, sculpture, grès ©DR

Exposition du 14 mai au 27 juin 2024.

Constance Villeroy, Atelier-Galerie sur cour L’antre Temps

45 rue de la Parcheminerie à Rennes.