Ce tiers-lieu, inédit en France, répond à un besoin souvent négligé : l’accompagnement de l’après-cancer. La Rennaise Florence Lévêque, consultante et ancienne patiente, en est l’initiatrice. En 2017, à l’âge de 43 ans, elle est diagnostiquée avec un cancer du sein. Une année de traitements intensifs s’en suit : chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. « L’annonce du diagnostic est un coup d’arrêt brutal. En deux heures, tout bascule », se souvient-elle. Après avoir traversé ce tourbillon, « où l’on vit un jour après l’autre », elle réalise que l’après-traitement est une phase « complexe », souvent sous-estimée. « Si les traitements permettent de lutter contre la maladie, ils laissent derrière eux un sillage de séquelles physiques, psychologiques et émotionnelles. L’après est un temps pour se reconstruire, alors même que l’entourage s’attend à ce qu’on reprenne sa place d’avant. » Un après dont il est difficile de définir les extrémités. Six après, Florence Lévêque est toujours astreinte à un traitement préventif.
C’est pour répondre à ce besoin que La Maison Jaïa a été conçue. Ce lieu est ouvert à tous, hommes et femmes, quel que soit l’organe touché ou l’établissement de santé où les traitements ont eu lieu. L’objectif est d’accompagner les patients dans les semaines et les mois suivant la fin de leur parcours de soins. La Maison Jaïa propose un accompagnement fait de rendez-vous individuels et collectifs, co-construit avec une infirmière de coordination, qui aborde des thématiques variées comme le bien-être physique, psychologique et émotionnel, l’alimentation, la sexualité, la vie intime, le retour à l’emploi et la vie sociale. Des synergies avec d’autres associations, telles que la Ligue contre le Cancer 35 ou Réso’Forces, interviendront.Les aidants sont également les bienvenus. L’ensemble des établissements de santé qui travaillent sur le cancer à Rennes font partie du comité de pilotage du projet et leurs professionnels seront invités à travailler de concert avec La Maison Jaïa pour orienter les patients.
350 000 de budget pour l’ouverture et la première année
L’idée est le fruit de la collaboration entre Florence Lévêque, Régis Condon, directeur général de Vyv3 Bretagne, l’union des services mutualistes de Bretagne, qui hébergera le concept à Rennes, dans le quartier des Gayeulles, et Michèle Lassalle, ancienne directrice de l’HAD 35, aujourd’hui directrice d’une clinique dans le Morbihan.
Le projet bénéficie du soutien de plusieurs partenaires, dont l’Agence régionale de santé Bretagne, Vyv3 Bretagne, la Mutuelle Nationale Territoriale, la Fondation Banque Populaire et Crédit Maritime Grand Ouest, Duosphère, Cadiou Industries, Essentiel Communication, Dyadeis Notaires, Cresto Modules et Padam RP.
Florence Lévêque est toujours en recherche de financements pour atteindre son budget annuel de 350 000 euros, dont 180 000 sont déjà sécurisés, afin de couvrir, notamment, les travaux pour aménager les locaux, situés rue Guy-Ropartz à Rennes, et salarier deux personnes.
Avec un objectif de 130 personnes accompagnées la première année à Rennes, Maison Jaïa aspire à être dupliquée ailleurs en France. Espérons que le nom du projet – le prénom indien, Jaïa, signifie, en sanskrit, « victorieuse » – soit prémonitoire.