« Lassées d’entendre « On ne trouve pas de femmes » pour des colloques ou interviews, un petit groupe d’entrepreneures bretonnes a décidé d’agir. Encore trop de tables rondes uniquement masculines ou pas assez de places dans les médias pour les femmes… », explique Gaël Le Saout, l’une des fondatrices. Cet annuaire digital, gratuit et simple, permet désormais aux expertes de créer leur fiche, d’être répertoriées et ainsi facilement identifiables par les médias et organisateurs d’événements bretons. Un outil puissant qui a fait ses preuves au niveau national depuis longtemps. Et la Bretagne est la première région à le décliner en région.
Des expertes nombreuses mais peu visibles
Alors que les femmes sont de plus en plus diplômées et qu’elles sont expertes dans tous les domaines (scientifiques, politiques, économiques, sociaux, environnementaux), leurs travaux sont peu connus des journalistes. Non seulement parce qu’elles sont moins présentes dans les réseaux et moins visibles pour des raisons diverses, généralement liées à leur disponibilité (elles continuent d’assumer la majorité des tâches domestiques à 68 % selon l’Institut européen pour l’égalité des genres) mais aussi parce qu’elles se freinent trop souvent à cause d’un sentiment d’illégitimité, par manque de confiance et par autocensure.
Les Expertes.fr, un succès national
L’objectif de cette démarche bretonne est donc de faire progresser la présence des femmes dans les médias et lors des événements. Il existe depuis plusieurs années au niveau national, la plateforme Les Expertes.fr qui recense plus de 7 200 expertes et 12 000 journalistes y sont accrédités. Son modèle a été dupliqué dans plusieurs pays francophones (Tunisie, Suisse, Sénégal). Trois chiffres tirés d’un sondage réalisé en 2021 semblent démontrer la puissance de l’outil auprès des expertes inscrites :
- 68 % des expertes qui ont répondu ont été contactées par un.e journaliste ;
- 55 % d’entre elles sont passées dans un média ;
- 25 % ont décliné par sentiment d’illégitimité.
Aux expertes maintenant de s’emparer de cet outil pour lutter en priorité contre le « syndrome de l’imposteur ». Une expression qui, bizarrement, ne connaît pas le féminin.
La présence des femmes dans les médias ?
Selon les chiffres de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), sur l’année 2023, la part des femmes présentes à l’antenne – télévision et radio confondues – se stabilise à 43 %. Concernant le temps de parole des femmes sur l’ensemble des émissions audiovisuelles et pas uniquement les plateaux, le taux de parole des femmes a chuté à 34 % en 2023 (- 2 points en un an). Les résultats du 11e Observatoire de la parité dans les médias français et son baromètre Tagaday 2024 montrent que, depuis le début de l’année, sur les 1 000 personnalités les plus médiatisées dans les médias français, 22,1 % étaient des femmes. C’est 1,9 % de plus qu’en 2023.
