Ancien procureur de juridictions dotées de Juridictions interrégionales spécialisées (Jirs) à Rennes de 2011 à 2016, puis Lille jusqu’en 2020, le nouveau procureur général prône une approche renouvelée pour contrer la montée de la criminalité organisée. Alors que la France célèbre les 20 ans de ces juridictions consacrées à la lutte contre le crime organisé, il rappelle que ces structures, qui ont prouvé leur efficacité, sont engorgées, appelant à un renforcement des ressources pour répondre aux défis posés par des organisations criminelles de plus en plus sophistiquées. « À ceux qui en craignent le coût financier, il faut rappeler qu’une lutte efficace permet de récupérer des biens mal acquis comme le montrent les résultats obtenus par l’Agrasc », a-t-il ajouté, en référence à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels.
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Un récent rapport sénatorial a également souligné l’internationalisation des réseaux criminels, rendant nécessaire une justice mieux coordonnée. « Si la juridiction nationale de lutte contre la criminalité, la Junalco, a constitué une étape de cette adaptation, il faut aller plus loin ». Des pistes sont à l’étude, comme la création d’un parquet national spécialisé. Thierry Pocquet du Haut Jussé propose de s’inspirer du modèle belge, où « le procureur fédéral belge traite d’affaires d’importance nationale, mais il a aussi un rôle de coordination des actions menées sur l’ensemble du pays » et du parquet européen où les procureurs peuvent adapter leur niveau d’intervention.
Première cour d’appel de métropole
Outre la lutte contre le crime organisé, le procureur général veut intensifier les efforts pour lutter contre les violences faites aux enfants. En plus de ces dossiers, le successeur de Frédéric Benet-Chambellan se retrouve aux côtés de Jean-Baptiste Parlos, premier président à la tête de la première cour d’appel de métropole par son étendue géographique (cinq départements). Elle regroupe neuf tribunaux judiciaires, neuf tribunaux de commerce, douze conseils de prud’hommes et cinq tribunaux de proximité. Avec 435 magistrats actuellement en poste, leur nombre augmentera à 482 d’ici à 2027. À ces forces, s’ajoutent 27 magistrats honoraires et 28 à titre temporaire, 1 211 fonctionnaires, ainsi que l’arrivée de 40 greffiers supplémentaires d’ici à 2027. Sur le plan budgétaire, le procureur général est responsable des crédits délégués pour le programme Grand Ouest, qui s’élèvent à 215 millions d’euros pour la dépense de personnel et 80 millions hors personnel pour l’exercice 2023. Lors de son discours devant les personnalités du monde judiciaire, dont Xavier Ronsin, conseiller justice de la présidence de la République, Jean-Baptiste Parlos, premier président, a fait part d’inquiétudes liées à la menace d’une éventuelle coupe de 500 millions d’euros sur le budget du ministère de la Justice.
Installation de nouveaux magistrats et fonctionnaires
Magistrats du siège
Laurence Delhaye, première présidente de chambre, coordinatrice du pôle pénal ;
Alain Desalbres, président de chambre ;
Clotilde Jude-Ribet, présidente de chambre ;
Aude Buresi, présidente de chambre ;
Marie-Line Pichon, conseillère chargée du secrétariat général de la première présidence ;
Guillaume François, conseiller ;
David Le Mercier, conseiller ;
Fabrice Mazille, conseiller ;
Gwenola Velmans, conseillère ;
Éric Métivier, conseiller ;
Sébastien Plantade, conseiller ;
Corentin Mercier, juge placé.
Magistrat du parquet
Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes ;
Delphine Dewailly, avocate générale ;
Bernard Simier, avocat général ;
Florence Lecoq, avocate générale ;
Anne-Cécile Alexandre, substitut générale ;
Perside Dianzinga, substitut générale ;
Clément Jouen, substitut placé ;
Marguerite Gamber, substitut placé.
Fonctionnaires et contractuels
Lorna Marshall, greffière ;
Nathalie Ciret, greffière placée ;
Magali Pineau, directrice des services de greffe judiciaires placée ;
Olivier Grincourt, chargé de mission zone de défense et de sécurité.
Chefs de cour : une amitié de 40 ans
Dans un trait d’humour pince-sans-rire qui caractérise ses prises de parole, le premier président de la cour d’appel Jean-Baptiste Parlos s’est adressé au nouveau procureur général : « Nous n’allons pas le cacher plus avant, nous nous connaissons bien, depuis un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Puisque nous avions constitué une sorte « d’écurie », au sens du sport automobile, lors de notre vie d’étudiant (…). Autant dire à tous ceux qui s’interrogeraient au sujet de cette hydre à deux têtes qu’est, pour une organisation administrative et budgétaire, la dyarchie judiciaire, en se demandant lequel pourrait prendre le pas sur l’autre, que le co-pilotage dans l’intérêt des juridictions du ressort nous sera naturel. »