Livraison différée de programmes immobiliers, reprise des chantiers avec les mesures sanitaires de sécurité, retard d’environ 6 mois pour les opérations futures, concertation pour un plan de relance dans le logement social : Keredes, coopérative de l’habitat basée à Rennes, est sur tous les fronts pour limiter la casse.
Mardi 17 mars à midi tout s’est arrêté. Les 3 programmes qui devaient être livrés par Keredes en mars et avril ont été repoussés. « Ce sont 114 logements, entre le NewVill à Rennes-Villejean, Reg’ Arts à Rennes-Beauregard et AuNaturel à Chantepie.
Mais on ne s’est pas du tout arrêté ! Nous avons par exemple organisé un service journalier de traitement des factures, pour ne pas pénaliser les entreprises prestataires, sortant ainsi la première semaine près de 2 millions d’euros de paiements.
Et nous avons eu beaucoup d’échanges avec les professionnels, dès le 25 mars on commençait à identifier les points d’attention, les points de blocage sur les chantiers pour anticiper la reprise. C’est pourquoi nous sommes prêts à relancer les opérations. Les 13 chantiers (représentant près de 400 logements) stoppés le 17 mars, vont reprendre lundi 20 avril. Nous venons de signer ce matin (mercredi 15 avril) les ordres de reprises. »
« Les 13 chantiers (représentant près de 400 logements) stoppés le 17 mars, vont reprendre lundi 20 avril. »
Habitat social : la recherche d’un accord
Les organisations FFB, Capeb, Ordre des architectes, USH, FPI, travaillent à la mise en place d’une charte pour la relance de la construction dans l’habitat social. En Bretagne, on compte 14 versions de cette charte en 15 jours de concertation…Pour autant le protocole de l’ARO devrait aboutir a une signature ces prochains jours… Nouveaux process de travail*, incidences financière et perte de productivité, qui va supporter ces surcoûts ? « Pour l’habitat social il s’agit de commandes publiques, les prérogatives ne sont pas les mêmes et il y a une réelle volonté des pouvoirs publics d’accompagner la relance. Mais cela doit se faire dans un partage des dommages collatéraux sur le plan économique. Il faut jouer collectif, pour que le moins d’entreprises et de structures restent sur le carreau. »
—Charte signée quelques jours après la parution de cet article, le 22 avril : le consulter ICI
Chacun devra prendre une part. Pour autant des aides d’État semblent nécessaires pour prendre en charge une partie de ces surcoûts. Une aide au financement des chantiers qui peut être plus efficiente que de supporter le coût du chômage partiel.
Les chantiers en logement social peuvent prendre une place importante dans la relance de l’activité. C’est une perspective au niveau national de 18 Mds à 20 Mds annuels de commandes, anticipables et planifiables.
« Les discussions sur un futur plan de relance pour les acteurs du logement social viennent de débuter cette semaine. On l’espère voir aboutir avant l’été, afin d’être opérationnel au second semestre 2020.»
« L’arrêt des projets, des ventes de foncier, les délais d’instruction repoussés… cela se verra en 2022. Il va falloir plusieurs années pour s’en remettre. »
À moyen terme : la commande d’après reprise
« Les chantiers lancés vont prendre du retard, de l’ordre de 3 mois au moins, car les nouveaux process de travail * signifient aussi travailler au ralenti. » Et sur ce point tout le monde s’accorde à dire que l’économie ne doit pas prendre le pas sur la santé. Mais ensuite, quid des projets ? « Les délais d’instruction des documents d’urbanisme sont repoussés , plus de vente de foncier, plus de nouveau programme. Et sur ce point s’ajoute à la crise Covid la suspension des élections municipales et des équipes décisionnaires. Il va y avoir environ 6 mois de décalage sur les opérations futures… Il ne faut pas qu’il y ait du retard à l’allumage au second semestre 2020 ! Cela se verra sur les chantiers de 2022, il va falloir plusieurs années pour s’en remettre. »
*Nouveaux process de travail Désinfecter toutes les installations des chantiers chaque jour, réorganiser les plannings pour éviter la coactivité, diviser par deux la capacité d’accueil des bungalows, mettre en place un plan de circulation des artisans, c’est avec le coordonnateur SPS que la mise en place de nouveaux process de travail s’instaure, pour sécuriser les employés.
Keredes (ex-Habitation Familiale) : Coopérative immobilière à but non lucratif créée en 1902, comptant plus de 90 collaborateurs
• 3 métiers : Promotion immobilière, Syndic de copropriété, Agence immobilière
• Présence en Bretagne, à Rennes, Saint-Malo, Dinard, Lorient et Brest
• 200 logements livrés par an, près de 400 logements actuellement en travaux, 560 copropriétés et 14 000 lots gérés
7Jours N°5017 _ 15 avril 2020