Le Rugby Club Vannes, fondé en 1950, vit une incroyable ascension : pour sa 9e saison en Pro D2, le club gagne la finale le 8 juin 2024 et valide sa montée en Top 14, l’élite du rugby français. « Le Top 14 est le meilleur championnat du monde, on va rencontrer les meilleures équipes et on doit s’ouvrir aux autres pour construire le bon modèle économique dans ce championnat », affirme Olivier Cloarec.
Le président du RCV mise sur 600 à 650 partenaires bretons pour la première saison en Top 14. Parmi eux, le réseau Interaction Interim. Annoncé mi-juillet, ce nouveau partenariat porte sur plusieurs axes : le sponsoring maillot, l’entrée au capital du club, le soutien à la formation. « Nous avons en commun un projet lié au territoire. La culture, l’identité et les valeurs de la Bretagne sont des marqueurs forts du RCV. Pour nous, il est primordial de fédérer l’économie bretonne en construisant le bon modèle économique du club. Et cela passe par la valorisation de nos partenaires locaux ».
Interaction Interim est donc le nouveau sponsor maillot principal du RC Vannes, rejoignant Altho Brets, d’aucy et Arkéa, partenaires historiques. Interaction devient aussi le premier partenaire privé du club, sur des montants gardés secrets mais « identiques à ceux de la ville de Vannes, entre 50 000 euros et 5 millions d’euros… »
Un budget de 20 millions d’euros
Déjà modeste au sein de la Pro D2 avec 13,5 millions d’euros de budget pour la saison 2023-2024 (5e budget de la Pro D2 et 5e masse salariale), le RC Vannes sait qu’il doit voir plus grand : « Nous visons au moins 20 millions d’euros pour notre première saison en Top 14 et ce sera sans doute le plus petit budget du championnat. Puis 25 millions d’euros, voire 30 millions d’euros pour tenir. » Le club avait déjà anticipé une hausse à 14 millions d’euros en cas de maintien en Pro D2. « Nous n’avons pas voulu nous projeter trop vite sur une montée, après trois demi-finales perdues les saisons précédentes… » Car le modèle d’accession ne permet pas de garantir la montée jusqu’aux phases finales, même en étant en tête du championnat.
« Dès le lendemain de la finale, nous avons reconstitué le budget pour le présenter à la Direction nationale d’aide et de contrôle de gestion (DNACG, autorité de régulation du rugby, ndlr) », avec une augmentation de 50 % qui passe par plusieurs leviers. « Nous parions sur des matchs à guichets fermés toute la saison, et sur 9,5 millions d’euros issus de partenaires privés (contre 6,2 millions d’euros la saison dernière). Dix à quinze entreprises sont intéressées pour être présentes sur le maillot. » La DNACG a validé le budget du RCV et le recrutement de huit joueurs. « À ce jour, l’objectif des 20 millions d’euros est atteint et je suis convaincu qu’on ira au-delà des 9,5 millions d’euros de partenaires privés. »
Priorité sur les recrutements
Après le budget bouclé en quelques jours, il ne restait que trois semaines au RCV pour réaliser le recrutement des huit joueurs et selon certaines conditions : « 36 contrats pros maximum autorisés, dont quatorze non JIFF (Joueurs issus de la formation française, ndlr) et un salary cap à 10,7 millions d’euros. » Le club choisit de tout miser sur les joueurs, le staff restant à l’identique. « Sept recrutements ont été réalisés, dont des joueurs très confirmés et d’autres moins expérimentés mais montants. Ce n’est sans doute pas suffisant, mais c’est un choix : l’équipe a eu tellement de mérite d’aller chercher cette finale pour monter ! Nous avons de très bons joueurs, quelque chose s’est passé collectivement qui n’a pas eu lieu ailleurs. »
Les nouveaux recrutés doivent permettre d’apporter de l’expérience supplémentaire, tout en préservant le collectif, avec une ambition : se maintenir. « La pérennité du club passe aussi par la formation de nos jeunes. Nous devons détecter, recruter et former de nouveaux joueurs pour les intégrer ici, à travers les centres de préformation, formation et pôle espoir. » Une priorité qui coûte cher au club mais qui porte déjà des résultats, puisque deux joueurs issus de la formation ont participé aux mondiaux des moins de 20 ans (Robin Taccola et Corentin Mézou).
L’ouverture du capital aux partenaires et aux supporters
Avec la montée, il faut aussi revoir le modèle économique : « Il y a des clubs qui ont un président mécène capable de boucher les pertes, comme Montpellier ou le Racing, d’autres qui sont rattachés à une grande entreprise, comme Pau et Total ou Clermont et Michelin. Le reste, comme La Rochelle ou Bordeaux, essaie de construire et de tenir un budget : c’est ce modèle que nous voulons suivre. » Olivier Cloarec annonce déjà cinq nouveaux partenaires entrants dans le capital du RCV : Interaction, Le Saint Brest, Altho Brets, LDC et un privé, Yannick Cordier, dirigeant d’Ultimate Fishing à Belle-Île. « Il faut aussi faire évoluer la gouvernance, et nous allons poursuivre l’ouverture du capital progressivement : 600 partenaires pourront y entrer prochainement, puis nous l’ouvrirons à nos 12000 supporters. »