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Réindustrialisation en Bretagne : un chemin semé d’opportunités

Face aux enjeux de décarbonation et de réindustrialisation, les entreprises bretonnes se trouvent à la croisée des chemins. À l’occasion de l’Open de l’Industrie 2024, à Vannes (56), les échanges ont mis en lumière les opportunités et défis à venir. Souveraineté, compétitivité et enjeux territoriaux ont été au cœur des discussions, avec Olivier Lluansi, ancien industriel et haut fonctionnaire, en grand témoin.

Olivier Lluansi était l'invité d'honneur de l'Open de l'industrie 2024

Olivier Lluansi était l'invité d'honneur de l'Open de l'industrie 2024 © MR_7Jours

Ils étaient plusieurs centaines de dirigeants et d’acteurs économiques bretons, réunis à Vannes, le 22 octobre 2024, au Palais des Arts et Congrès, lors de l’Open de l’industrie. Cet évènement, organisé par Breizh Fab, accueillait notamment une table ronde sur le thème de la réindustrialisation et de la décarbonation, avec Olivier Lluansi en qualité de grand témoin. Celle-ci a réuni des acteurs économiques et politiques de premier plan, à l’instar de Laurence Fortin, vice-présidente de la Région Bretagne, Thierry Troesch, président de ST Industries, ou encore Jacques Pidoux, président de BCF Life Sciences.

Un enjeu national à traduire en Bretagne

Olivier Lluansi, ancien industriel et haut fonctionnaire devenu enseignant au Cnam, a ouvert la plénière en plaçant la réindustrialisation au cœur des enjeux de souveraineté nationale. Selon lui, la réindustrialisation « ne se fait pas pour augmenter la production en soi, mais pour renforcer notre souveraineté et maîtriser notre destin ». Il a rappelé que la Bretagne, avec son fort tissu industriel, pouvait jouer un rôle important dans cette dynamique. Le poids de l’industrie dans l’économie bretonne représente environ 12 % du PIB de la région, contre 10 % en moyenne en France ; avec des PME et ETI de l’agroalimentaire particulièrement représentées.

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« La réindustrialisation ne se fait pas pour augmenter la production en soi, mais pour renforcer notre souveraineté. »

 « Depuis 2009, nous n’avons pas véritablement réindustrialisé. Les efforts actuels, bien que positifs, ne suffisent pas encore », met-il en garde. Si la France a créé 20 000 emplois industriels par an ces dernières années, il en faudrait au moins le triple pour espérer un réel redémarrage de l’industrie. La Bretagne, avec ses 185 000 emplois industriels et ses 7 200 entreprises, doit saisir cette opportunité pour renforcer son tissu productif, estime Olivier Lluansi.

L’incontournable décarbonation

La décarbonation, autre référence de cette table ronde, est perçue non seulement comme un impératif environnemental, mais aussi comme une condition de compétitivité pour les industries bretonnes. Thierry Troesch a mis l’accent sur l’urgence de s’engager dans les filières du nucléaire et de l’aéronautique, jugées stratégiques pour la Région : « La Bretagne doit se diversifier et investir dans ces filières pour pallier la dépendance à l’agroalimentaire et préparer l’avenir. »

Jacques Pidoux, Jean-Pierre Rivery et Jérôme Dancoisne © MR_7Jours

« La Bretagne doit se diversifier et investir dans le nucléaire et l’aéronautique. »

Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne, a pour sa part souligné que la transition énergétique ne pouvait être envisagée sans une gestion rigoureuse de la consommation d’eau. Un enjeu crucial pour les industries bretonnes que l’on sait grande consommatrice de cette ressource. Il a cité l’exemple de BCF Life Sciences, qui a récemment inauguré une station de retraitement permettant d’économiser 80 000 m³ d’eau par an.

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Formation et attractivité

Pour que ces transformations se concrétisent, la question des ressources humaines demeure centrale. Stéphane Deschamps, président de l’UIMM Bretagne, a ainsi insisté sur l’importance de l’attractivité des métiers industriels pour assurer la réindustrialisation de la Région. « Nous formons suffisamment de jeunes aux métiers industriels, mais 50 % d’entre eux ne rejoignent pas ces secteurs », a-t-il déploré.

La table ronde a réuni Laurence Fortin (Région Bretagne), Jérôme Dancoisne (Ademe), Véronique Descacq (Dreets), Jean-Pierre Rivery (CCI Bretagne), Jacques Pidoux (BCF Life Sciences)Thierry Troesch (ST Industries) et Stéphane Deschamps (UIMM Bretagne) © MR_7Jours

« La réindustrialisation, c’est plus que des usines. C’est la vitalité de nos territoires »

La Région Bretagne, par la voix de sa vice-présidente Laurence Fortin, a rappelé que l’ambition de la collectivité en matière industrielle s’inscrivait dans une stratégie globale de souveraineté et de transition. « La réindustrialisation, c’est plus que des usines. C’est la vitalité de nos territoires », a-t-elle affirmé.

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« Réindustrialisation et décarbonation sont devenues des impératifs non seulement pour rester compétitifs, mais aussi pour assurer la cohésion des territoires », ont martelé les intervenants. La Bretagne, avec son tissu industriel diversifié, est à un carrefour stratégique, et les décisions prises dans les prochaines années détermineront son avenir économique…