« La saison n’est pas mauvaise ! Indique Jean Luc Griffon, gérant de la Compagnie Corsaire, à la barre de la société depuis sa reprise en 2003. La saison est particulière : si la météo marine a été correcte pour faire naviguer les bateaux, la météo touristique a été en dent de scie. » En effet, le comité Bretagne de tourisme évoque une baisse de fréquentation générale pour 70 % des professionnels bretons, la chaleur faisant défaut cet été. « On peut avoir 2 000 personnes à prendre le bus de mer joignant Saint-Malo et Dinard sur une journée, et parfois seulement 200 ! C’est très variable, la moindre prévision météo de grisaille impacte aussi la réservation de nos excursions. À part les Anglais, qui ont aussi l’habitude d’avoir un parka (rires) ! Mais globalement, les gens sont là, car voir Saint-Malo ou le Fort La Latte depuis la mer, remonter la Rance jusqu’à Dinan, c’est quand même quelque chose… Nous sommes dans la transmission, dans l’émotion, les visiteurs apprécient les commentaires lors des excursions et sont ravis d’apprendre des choses, du patrimoine architectural et maritime, sur les forts Vauban, le phare du Grand Jardin, les marées, le patrimoine naturel. »
Transmission d’une entreprise historique
Jean-Luc Griffon fait partie intégrante de l’histoire de la Compagnie Corsaire. Il était directeur commercial chez Émeraude Lines, lorsque les investissements s’orientent vers les lignes îles anglo-normandes et délaissent les lignes locales en baie de Saint-Malo. Il propose de reprendre les Vedettes Blanches avec des partenaires. On est en 2003, la Compagnie Corsaire naît. « Il y avait beaucoup à faire, nous avons amélioré les prestations, développé de nouvelles, très liées au tourisme, fait l’acquisition de bateaux (sept actuellement, ndlr), ouvert la vente et réservation en ligne… »
Il est très attaché à l’histoire de ce service en baie de Saint-Malo. « La société BCE, Bateau de la Côte d’Émeraude, a été créée en 1904, il y a 120 ans. C’est une société qui a tenu, malgré les guerres ; qui s’est réinventée, lorsque le bac reliant la cale de la Vallée à Dinard et Solidor à Saint-Malo s’est arrêté, ou encore lorsque le barrage sur la Rance a été construit et que la route a supplanté les vedettes et qu’il a fallu trouver d’autres activités. C’est une belle histoire, une belle société. »
Aujourd’hui, Jean-Luc Griffon prépare sa suite, la transmission s’organise. « Ce sera peut-être ma fille Claire », indique Jean-Luc, souriant. Avec un profil en exploitation commerciale et marketing, elle est, depuis treize ans, dans le sillage de la Compagnie et aujourd’hui adjointe de direction.