La Bretagne représente environ 2 % du commerce international français. Les exportations bretonnes s’élèvent à 12,9 milliards d’euros, en augmentation depuis une dizaine d’années (hors Covid). Plus d’un tiers des exportations sont effectuées par l’industrie agroalimentaire. La balance commerciale bretonne reste néanmoins déficitaire (- 3,08 millions d’euros), principalement en raison de l’inflation.
« 50 % des exportateurs français ont moins de trois clients. »
Manque de diversification des clients
Pour Bretagne commerce international (BCI), dont l’objectif est que le contingent d’exportateurs bretons augmente, la hausse de l’exportation la place comme un levier anti-crise pour les entreprises. À ceci près que la survie sur l’échiquier du commerce mondial relève d’un jeu d’équilibriste dans le contexte géopolitique. Pour tirer son épingle du jeu et durer, la diversification des clients et des zones géographiques est une des clés, explique l’économiste Isabelle Méjean. Si la chercheuse constate qu’une des forces des exportateurs bretons est leur spécialisation (automobile, spatial, équipement électronique…), elle met en garde contre « le manque de diversification. Au moins 50 % des échanges d’une entreprise se font avec un seul client. À l’import, c’est encore pire. Or, les entreprises qui durent à l’export sont celles au portefeuille de clients diversifiés. » Un axe de développement qui n’est pas propre qu’à la Bretagne : « 50 % des exportateurs français ont moins de trois clients. »
Diluer le risque
Diversifier géographiquement, c’est diluer le risque. « Les entreprises dont les échanges sont concentrés sur un nombre très faible de clients sont très exposées aux chocs idiosyncrasiques, liés à un partenaire, un client… », poursuit Isabelle Méjean. Nul n’échappe aux turbulences, pas même les grandes entreprises. « Covid, catastrophes naturelles, risques géopolitiques, autant d’événements qui peuvent impacter la chaîne d’approvisionnement et la productivité. »
Être européen, un atout ?
La crise du Covid a relancé le débat sur la relocalisation – chère au conseiller régional et son élu Loïc Hénaff – des chaînes de valeur, à l’échelle des pays européens. Dans les faits, « ces chaînes sont déjà plus régionales qu’ailleurs dans le monde, commente Isabelle Méjean. Cela est dû au fait que les pays européens sont riches en compétences ; certains avec un coût du travail plus faible que d’autres. » Ajoutés à cela la géographie, le marché unique et la monnaie commune. Un constat qui met du vent dans les voiles d’une stratégie industrielle coordonnée à l’échelle de l’Union européenne.