Couverture du journal du 03/09/2024 Le nouveau magazine

Bretagne – Pêche : la décarbonation est-elle une opportunité ?

Lors du salon ItechMer à Lorient, alors que les spécialistes du maritime exposaient leurs nouvelles technologies, la réflexion autour de la décarbonation de la flotte se poursuivait en coulisse. Beaucoup s’accordent à dire que c’est là que se prépare l'avenir de la filière. Pierre Karleskind, eurodéputé et président de la commission pêche au Parlement européen, a échangé avec les professionnels du secteur.

Pierre Karleskind, eurodéputé et président de la commission pêche au Parlement européen ©7J-DB

Pierre Karleskind, eurodéputé et président de la commission pêche au Parlement européen ©7J-DB

Dans la cohue du salon professionnel de la mer, une agora temporaire accueille un débat sur l’avenir de la pêche. En tête d’affiche, Pierre Karleskind, eurodéputé Renaissance et président de la commission pêche au Parlement européen. Dans le public, quelques professionnels et une classe du BTS Pêche et gestion de l’environnement marin du lycée maritime du Guilvinec. « Nous sommes là pour interroger monsieur le député sur l’avenir de notre future profession, dit Ilona, 19 ans. Surtout sur les moteurs hybrides. On veut faire des choses, mais on a besoin de savoir ce que ça vaut. » Le député donne un avis positif sur l’hybridation tout en signalant que c’est encore cher. De leur côté, les camarades Adrien et Alexandre sont rassurés par la bonne gestion annoncée de la ressource et par la meilleure sélectivité des engins de pêche.

 

La classe de BTS « pêche et gestion de l’environnement marin » du lycée maritime du Guilvinec ©7J-DB

La classe de BTS « pêche et gestion de l’environnement marin » du lycée maritime du Guilvinec ©7J-DB

« Nous avons atteint l’objectif, les contraintes n’ont plus lieu d’être et les fonds européens doivent être au rendez-vous. »

2,4 M€ européens pour accélérer l’expérimentation

« C’est une opportunité, il faut y travailler, commence l’eurodéputé lors de la table ronde sur la décarbonation. En tout cas, c’est un programme phare de l’Union européenne qui veut également mobiliser de l’argent privé. À mon initiative, nous voterons prochainement un budget de 2,4 millions d’euros qui permettra notamment de rétrofiter un bateau en l’équipant d’une propulsion hybride. » La salle reste silencieuse et peut-être un peu sceptique. L’eurodéputé tente de donner quelques gages : « Les efforts de pêche ont permis d’atteindre le rendement maximal durable (RMD). Nous avons atteint l’objectif, les contraintes n’ont plus lieu d’être et les fonds européens doivent être au rendez-vous. »

La voile et l’hydrogène, futurs moteurs de la pêche ?

Les problématiques de la décarbonation sont ensuite posées par Caroline Neuman, adjointe au sous-directeur DGAMPA (Sous-direction de la sécurité et de la transition écologique des navires) et Lise Detrimont, déléguée générale de l’association Wind Ship. Mais le public attend plus de concret et un retour sur les études et expérimentations en cours. Francis Gasnier, animateur cluster hydrogène CCI des Côtes-d’Armor (projet ESTEBAM) et Jean-François Ansquer, secrétaire de l’Interprofession du port de Concarneau (projet Pilothy) s’y collent. Les deux projets testent la propulsion par hydrogène, de barges mytilicoles et d’un chalutier de 17,30 m. Des équipements qui ajoutent du poids et du volume, mais qui font économiser beaucoup de gasoil. Pour 60 barges mytilicoles, l’économie serait de 1 million de litres par an. Pour le chalutier, ce sont 500 litres en moins pour 3 jours de pêche.