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GRAND FORMAT. Derrière le comptoir : comment Ouest Boissons irrigue la Bretagne et au-delà

Ouest Boissons est devenue, en dix-sept ans, un poids lourd de la distribution de boissons dans le Grand Ouest. Entre maillage territorial fin, diversification prudente et logistique du dernier kilomètre, le distributeur entrepositaire trace sa route face à des concurrents bien installés. Forte de 5 000 références, Ouest Boissons, dont le siège social se situe à Auray (56), répond à toutes les exigences des restaurateurs et débitants de boissons.

Pascal Chopin est à la tête du Nord, dont les entrepôts de Saint-Malo, Rennes, Fougères, etc.

Pascal Chopin est à la tête du Nord, dont les entrepôts de Saint-Malo, Rennes, Fougères, etc. ©7Jours/D-Echelard

Avec 112 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et près de 350 salariés, Ouest Boissons s’impose comme un acteur incontournable de la distribution de boissons dans l’Ouest de la France. Fondée en 2008 sur les cendres d’anciens entrepôts Elidis, l’entreprise s’est développée à coups de rachats et de créations d’entrepôts. À l’époque, la famille Beaulieu, distributeurs indépendants en Ille-et-Vilaine, ainsi que plusieurs cadres de l’entreprise, ont racheté certains actifs d’Elidis Boissons Services, dans laquelle ils œuvraient, pour fonder Ouest Boissons, dont le capital reste aujourd’hui entièrement détenu par des salariés.

60 % des 120 camions de Ouest Boissons sont propulsés à l'Oléo 100

60 % des 120 camions de Ouest Boissons sont propulsés à l’Oléo 100 ©7Jours/D-Echelard

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L’entité dispose aujourd’hui d’une quinzaine de sites de stockage et distribution. En remontant la route nationale 137 depuis Rennes vers Saint-Malo (35), on découvre d’ailleurs, à la hauteur de Miniac-Morvan, le dernier bâtiment du réseau à arborer le O et le B distinctif du logo de Ouest Boissons.

L’évolution récente du distributeur entrepositaire reflète les mutations profondes du secteur. L’époque où les brasseurs contrôlaient directement la distribution est révolue. Désormais, les indépendants et les grands groupes cohabitent. Chacun développe ses propres stratégies pour exister et croître, sur un marché devenu extrêmement concurrentiel. Ouest Boissons a choisi une approche locale et territoriale, en plaçant l’effort sur la flexibilité et une logistique optimisée. Cette tactique lui permet de rivaliser avec des acteurs régionaux comme Cozigou ou des géants comme France Boissons, qui a misé sur des plateformes centralisées.

Présent historiquement en Bretagne, Ouest Boissons continue de tisser sa toile et d’accroître son réseau.

La logistique du dernier kilomètre, un enjeu clé

Cette société, présidée par Frédéric Pouliquen, s’organise autour de quatre grandes zones : le Nord, dirigé par le directeur général opérationnel Pascal Chopin, qui couvre Rennes, Laval, Fougères, Saint-Malo Coëtmieux et La Ferté-Macé ; le Morbihan, avec une plateforme logistique majeure à Auray ; le secteur nantais, structuré autour d’un entrepôt situé à une vingtaine de kilomètres de Nantes ; et enfin l’Anjou et la Sarthe, où l’entreprise s’est associée à un acteur local, afin de rayonner à Angers et La Flèche notamment. Cette répartition permet de répondre avec dextérité aux besoins des clients, notamment grâce à une logistique du dernier kilomètre efficace.

Ouest Boissons emploie près de 350 salariés auxquels s'ajoutent 70 saisonniers durant la période estivale

Ouest Boissons emploie près de 350 salariés auxquels s’ajoutent 70 saisonniers durant la période estivale ©7Jours/D-Echelard

Présent historiquement en Bretagne, Ouest Boissons continue de tisser sa toile et d’accroître son réseau. En janvier 2025, l’entreprise a en effet ouvert son nouvel entrepôt de 1 600 m² à Miniac-Morvan (35), près de Saint-Malo. Ce quinzième dépôt du groupe, installé sur un terrain de 6 000 m², compte quinze employés, dont cinq chauffeurs livreurs. Cette nouvelle implantation permet ainsi de desservir directement 250 clients et de réduire les trajets tout en gagnant en agilité.

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Avec cette expansion, Ouest Boissons poursuit ses implantations ex nihilo après Châteaulin (29) en 2021 et Héric (44) en 2023. Arpenter le terrain est ainsi une priorité, renforcée par l’adoption de mesures visant à réduire l’empreinte carbone : panneaux photovoltaïques, biocarburant pour les camions et tournées optimisées pour limiter les kilomètres parcourus.

La boisson ne peut attendre

Pour Ouest Boissons, la livraison rapide est une priorité. À Rennes, sa plateforme logistique centrale s’étend sur près de 6 000 m² et dessert chaque jour ses sites satellites, à l’instar de Saint-Malo, qui ne stocke que 1 200 références sur les 5 000 proposées par l’entreprise. Une organisation pensée pour garantir un réassortiment permanent et éviter toute rupture. « Les flux partent quotidiennement de Rennes pour compléter les stocks des entrepôts secondaires, ce qui garantit une disponibilité optimale des produits », détaille Pascal Chopin.

« Le développement durable n’est pas un simple argument commercial, c’est une nécessité opérationnelle. » – Pascal Chopin, directeur général opérationnel Ouest Boissons.

Cette gestion fine permet d’assurer aux restaurateurs une réactivité accrue. « Un client peut commander un sirop spécifique qui n’est pas en stock ici, il sera livré dès le lendemain », illustre le directeur général opérationnel. Un modèle qui rappelle celui des géants de l’e-commerce, à une différence près : la boisson, elle, ne peut attendre. Cette capacité d’adaptation s’avère déterminante, notamment en période estivale, où le nombre de livraisons explose avec l’afflux de touristes : « Nos clients doivent pouvoir s’appuyer sur une logistique infaillible. Nous travaillons en flux tendu, ce qui signifie que chaque rupture peut impacter directement leur activité. Cette exigence nous pousse à être encore plus performants dans la gestion des stocks et des approvisionnements. »

Le catalogue de Ouest Boissons comprend environ 5000 références

Le catalogue de Ouest Boissons comprend environ 5000 références ©7Jours/D-Echelard

Le défi de la logistique du dernier kilomètre est d’autant plus crucial dans les zones touristiques comme Saint-Malo ou la presqu’île de Quiberon. Les équipes de Ouest Boissons sont donc contraintes à anticiper au maximum les besoins des établissements.

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Investissements et modernisation

Si l’ancrage local reste une priorité, l’entreprise ne cache pas ses ambitions. Son effectif, passé de 160 à 347 salariés en moins de dix ans, devrait encore croître dans les prochaines années. L’objectif ? Poursuivre la densification du maillage territorial et explorer de nouvelles opportunités. « Nous réfléchissons à élargir notre catalogue à d’autres familles de produits pour optimiser les tournées », confie-t-il. Une évolution qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire de la société.

Ouest Boissons investit massivement dans son réseau. À Auray, son dépôt historique, inauguré en 2008, fait peau neuve avec un chantier de 4,5 millions d’euros. L’entrepôt bénéficie désormais de 6 000 m², couplés à 800 m² de bureaux modernes. Une fois les nouvelles infrastructures mises en service en mars 2025, les anciens bâtiments seront démolis pour faciliter la circulation des camions.

Le modèle adopté pour ces nouveaux bâtiments ne se limite pas à une simple modernisation des installations. Panneaux photovoltaïques, cuves de récupération d’eau et flotte de camions roulant au biocarburant sont autant d’initiatives mises en œuvre pour atteindre l’objectif de réduire de 40 % ses émissions de CO2 d’ici à 2030. « Le développement durable n’est pas un simple argument commercial, c’est une nécessité opérationnelle. Nous devons concilier croissance et réduction de notre empreinte environnementale, notamment en optimisant nos tournées et en modernisant notre flotte de véhicules », assure le directeur général opérationnel.

927 tonnes de verre ont été collectées en 2023

927 tonnes de verre ont été collectées en 2023 ©7Jours/D-Echelard

Ouest Boissons investit en effet depuis plusieurs années dans des camions roulant à l’Oléo 100 (qui représente 60 % d’une flotte de 120 véhicules) et multiplie les initiatives écologiques, comme la collecte du verre perdu (907 tonnes en 2024). L’entreprise a même testé des exosquelettes pour alléger la charge de ses chauffeurs livreurs, bien que ces derniers ne soient pas encore totalement adaptés à leur activité.

« On reste une PME, mais une belle PME, avec des projets plein la tête et une dynamique constante. »

Une offre en évolution

Les clients se montrent de plus en plus exigeants sur la provenance des produits. Aujourd’hui, 70 fournisseurs de Ouest Boissons sont implantés dans le Grand Ouest, et 23 % des volumes de bières proviennent de brasseries bretonnes, contre 10 % il y a cinq ans. Le groupe accompagne également la transition vers une consommation plus responsable, avec une gamme baptisée “JUSTE” qui braque les projecteurs sur les produits « locaux, biologiques et éthiques ».

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Dans cette dynamique, Ouest Boissons a développé la bière en tank qui permet de réduire les déchets et d’optimiser la conservation des brassins. L’entreprise prévoit d’élargir ce service à de nouveaux clients en capacité de gérer des volumes plus importants : un tank représente en effet 1 000 litres de bière. « C’est un modèle intéressant pour les gros volumes, qui réduit la manutention et garantit une meilleure qualité de bière », précise Pascal Chopin. Un positionnement qui permet à Ouest Boissons d’être un acteur clé d’événements majeurs comme le Festival Interceltique de Lorient ou les 24 heures du Mans.

©7Jours/D-Echelard

Dans un marché ultra-concurrentiel, où France Boissons ou C10 se taillent la part du lion, Ouest Boissons entend bien continuer à jouer sa propre partition. « On reste une PME, mais une belle PME, avec des projets plein la tête et une dynamique constante », conclut Pascal Chopin. Une manière de rappeler que, dans la distribution de boissons, un métier pratiqué par des centimiers, l’agilité et la proximité font toute la différence.

Ouest Boissons en chiffres

Avec un chiffre d’affaires de 112 millions d’euros en 2024 et un effectif de 347 salariés permanents, auxquels s’ajoutent 70 saisonniers, Ouest Boissons revendique 5 000 références disponibles et une présence sur de nombreux événements et festivals locaux.

Son activité repose en grande partie sur la bière, qui représente 55 % de son chiffre d’affaires, suivie par le vin (20 %) et les spiritueux (10-15 %). Ouest Boissons dessert une clientèle de 6 000 établissements, principalement des cafés, hôtels et restaurants, qui constituent 92 % de son activité.

Engagée dans une démarche RSE, Ouest Boissons a investi dans des camions fonctionnant au biocarburant et dans des infrastructures visant à réduire son empreinte carbone. Son objectif est de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030, tout en produisant 40 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables.