Lui-même se qualifie de « paysan de la mer », les huîtres sont ses « bêtes » et les parcs ostréicoles « ses champs ». Malgré l’eau à mi-cuisse, Jean-François Quintin, le Jeff de Saint-Philibert, marche avec une facilité déconcertante quand il s’agit d’inspecter les tables où grandissent les huîtres. La marée remonte pendant que les terriens restent hypnotisés par la beauté de la rivière de Crac’h, la frontière naturelle entre Saint-Philibert et La Trinité-sur-Mer.
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« C’est quand même un environnement de travail exceptionnel et je ne m’en lasse jamais, dit-il doucement à la manière d’une confidence. Pourtant, je n’oublie pas qu’il y a une entreprise à faire tourner. Pas pour gagner toujours plus mais pour que tout le monde soit heureux, salariés, famille, clients… » Idéaliste, le bonhomme ? Pas vraiment. Le bon sens paysan parle : « Ici, nous sommes une petite famille et ce n’est pas pour rien que La Perle de Quéhan est devenue progressivement la Maison Quintin, un lieu de vie. »
160 tonnes d’huîtres élevées chaque année – soit 35 000 poches – et un total de 240 tonnes revendus en France et à l’étranger.
Produire mieux et diversifier
Si l’ambiance familiale est sincère, commercialement, l’affaire tourne parfaitement. En 2024, la société affichait un chiffre d’affaires d’environ 2 millions d’euros, un effectif de douze salariés permanents et dix-huit intérimaires supplémentaires en hautes saisons. Une véritable force de frappe qui permet d’élever 160 tonnes d’huîtres chaque année – soit 35 000 poches – et d’en revendre un total de 240 tonnes en France et à l’étranger.
« Mais ce qui compte pour nous, ce n’est pas de toujours produire plus mais produire mieux, dit Jeff. C’est pour cela que nous misons aussi sur la diversification. » En plus, d’exploiter plusieurs parcs ostréicoles entre le golfe du Morbihan et la baie de Quiberon, Jeff et son épouse proposent deux gîtes à la location, des visites de leur exploitation, un e-shop, une boutique, un espace de dégustation, des conserves, bières, muscadet… Détail gourmand : les rillettes d’huîtres à la salicorne faites en collaboration avec une conserverie locale sont simplement époustouflantes. Une vraie diversification comme on aime chez les Quintin.
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Un métier passion
Michel Quintin, 78 ans a cédé l’affaire à son fils en 2011, mais c’est lui qui va tous les matins à la criée de Lorient. « Moi, je ne travaille pas, sourit-il en observant avec bienveillance les intérimaires ranger les poches d’huîtres à peine débarquées. Ce n’était pas le cas de mon père qui a lancé l’affaire. Il avait deux métiers : maçon et ostréiculteur. » Un complément de revenus qui a été pendant très longtemps la tradition dans le Morbihan.
« Grâce à la bio sécurisation, nous offrons une garantie supplémentaire de sécurité sanitaire aux consommateurs. »
Mais quand l’activité s’est « professionnalisée », les éleveurs ont découvert que l’huître est un organisme filtreur très dépendant de son milieu. Entre dix et quinze litres d’eau de mer p…