Quels sont les messages clés que vous retenez de cette REF 2024 ?
Nous avons réuni plus de 10 000 entrepreneurs, un chiffre encore plus élevé que l’année dernière, malgré un contexte politique particulier. Les ministres présents étaient en position de démission, ce qui les empêchait de s’exprimer pleinement. Mais nous avons accueilli une intervention de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, et Gérard Larcher, président du Sénat, venus témoigner de leur intérêt pour le monde économique. Leur présence a permis de tempérer les tensions dans cette période troublée.
Percevez-vous leur présence comme un encouragement à renforcer les liens entre le Medef et les députés, notamment pour les antennes départementales ?
Les liens entre le Medef et les parlementaires sont déjà bien établis. Il est essentiel de les informer sur le fonctionnement de l’économie, car tous n’ont pas une expertise approfondie en la matière. En Ille-et-Vilaine, nous entretenons un dialogue constructif avec les députés qui acceptent de nous écouter. Ils sont attentifs à nos analyses, même si nos opinions divergent parfois. Nous représentons une voix pragmatique, celle des entrepreneurs, éloignée des visions théoriques. Une bonne idée sur le papier peut se révéler contre-productive dans la réalité, et c’est ce que nous nous efforçons de faire comprendre.
Lors des dernières élections législatives, le Medef a convoqué les représentants des partis. Récemment, Patrick Martin a évoqué un « front économique ». Les chefs d’entreprise assument-ils désormais davantage un rôle de lobbyistes ?
L’argument économique a été quasiment absent des dernières campagnes électorales, alors que l’économie est cruciale pour le développement du pays. Le Medef veut renforcer la place des enjeux économiques dans le débat. Sans cela, les politiques risquent de manquer d’éléments essentiels dans leurs décisions.
Sur ce point, y a-t-il des synergies à développer avec d’autres organisations patronales, comme la CPME et l’U2P ?
Il est évident que nous avons des points de convergence, même si chaque organisation défend avant tout les intérêts de ses adhérents.
Quels étaient les principaux sujets d’échange entre les chefs d’entreprise lors de cette rentrée ?
Nous avons partagé notre satisfaction concernant les Jeux Olympiques, qui ont apporté au pays bien plus que des retombées économiques (estimées entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros, selon une étude du CDES, ndlr). Cependant, l’attente d’un nouveau Premier ministre et d’un futur gouvernement, a alimenté les débats. Les chefs d’entreprise ont besoin de stabilité et de prévisibilité. L’incertitude est l’une des choses qu’ils redoutent le plus. Elle entraîne d’ailleurs un gel des investissements. Nous espérons que la politique de l’offre, qui a porté ses fruits, sera maintenue.
Y a-t-il des nouveautés pour cette rentrée ?
Le Medef 35 fait partie des six Medef impliqués dans l’expérimentation du « Lab », inspirée par l’expérience du complexe industriel de Fos-Berre, dans les Bouches-du-Rhône , un projet pour travailler sur l’acceptabilité de la réindustrialisation. L’idée est de réunir un caucus de citoyens et représentants instituionnels pour des réflexions collégiales. Nous avons constaté, y compris dans notre département, des oppositions à certains projets industriels. Il est essentiel de lever les craintes.
Nous renforçons notre équipe avec l’arrivée d’une juriste pour étoffer notre pôle juridique, pour éclairer nos adhérents sur des questions comme la normalisation environnementale ou l’organisation d’un CSE. Nous partageons également avec le Medef 22 un spécialiste en santé, sécurité, environnement et énergie.
Quels sont les prochains grands rendez-vous pour le Medef 35 ?
Le Forum Economique Breton (FEB), qui se tiendra les 11 et 12 septembre à Saint-Malo, est devenu un événement incontournable en Bretagne. En octobre, nous organisons les rencontres internationales à Lisbonne sur le thème de l’innovation. J’ai signé une convention avec le Medef International pour structurer le Medef 35 en tant que hub international. 19 novembre le prochain Club 35 avec l’intervention d’Yves de Talhouët, président de la Faïencerie de Gien. L’année se conclura avec la plénière annuelle du 11 décembre sur le thème de la désinformation. Les attaques informationnelles sur les entreprises sont le nouveau versant des cyberattaques.
*Le mandat d’Eric Challan-Belval s’achèvera fin décembre. L’élection à sa succession se tiendra début décembre.
