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GRAND FORMAT. ETF Coaching : ne ratez pas le coach !

Les chefs d'entreprise sont des êtres humains comme tout le monde. Au sommet de la pyramide hiérarchique, ils connaissent eux aussi les affres des questionnements, peurs et autres croyances limitantes. Certains font alors appel à un coach. Remède miracle ou illusion ? Dalila Guillot a fondé, à Rennes, ETF Coaching en 2017. Depuis, sa clientèle est composée à 80 % de dirigeants. À travers des exemples concrets et les aspects pratiques de son accompagnement, elle lève le voile sur les peurs et les besoins de ses clients.

Dalila Guillot, fondatrice de ETF coaching ©Studio Carlito

Votre clientèle est majoritairement constituée de chefs d’entreprise ou de cadres dirigeants. Quels sont leurs besoins, leurs demandes ?

Dalila Guillot. Si certains sont capables d’identifier et de formuler clairement leur besoin, d’autres savent qu’ils veulent changer, qu’ils ont besoin d’une aide externe, mais ne parviennent pas à décrire le besoin. Plus de la moitié de mes clients vont bien.
Je travaille sur cinq majeures : comment apprivoiser sa vulnérabilité et en faire une force, l’alignement du dirigeant, l’assertivité – être cohérent entre ce que je pense, ce que je dis, ce que je ressens et ce que je fais -, les jeux d’influence et de pouvoir et enfin, faire confiance à son intuition. Écouter son intuition fait très peur aux dirigeants. Descartes nous a pourri la vie avec « Je pense donc je suis ». Au nom de quoi « Je ressens donc je suis » ne serait pas valable ? Certains leaders visionnaires ou fondateurs de business familiaux ont ce talent. Aujourd’hui, il y a une déresponsabilisation flagrante des organisations. Donc les cadres craignent de prendre les mauvaises décisions, de déplaire aux actionnaires, d’être licenciés… Le coaching permet de lever ses peurs pour prendre des décisions en conscience. Certains dirigeants ne se sentent pas alignés avec leurs besoins. Le coaching peut les aider à faire le tri dans leur esprit, leur entourage professionnel et leur agenda.

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Descartes nous a pourri la vie avec « Je pense donc je suis ». Au nom de quoi « Je ressens donc je suis » ne serait pas valable ?

Pouvez-vous donner des exemples de situations que vous avez accompagnées ?

D.G. J’ai reçu une cliente, dirigeante d’une entreprise, pour laquelle elle travaille depuis vingt ans, qui avait une décision stratégique lourde de conséquences à prendre. Cette décision la rendait triste. Je lui ai demandé : « Si tu avais une baguette magique, que ferais-tu ? » Nous avons échangé pendant deux heures et elle a trouvé une autre façon de faire. Nous avons ensuite levé les peurs pour qu’elle puisse avancer. Les peurs peuvent être variées : négociations âpres avec les représentants du personnel, fuites dans la presse, perte de la valeur de l’action en bourse, etc.
Dans le cadre d’entreprises familiales, je suis contactée pour des problématiques autour de la transmission de l’entreprise. Un chef d’entreprise venait tout juste de reprendre l’entreprise familiale et réfléchissait à son comité de direction et sa feuille de route. Il m’a appelée sans trop savoir pourquoi, sur les conseils d’un ami. Il me partage son histoire. Je lui ai demandé si cette reprise était choisie ou subie. La question lui a déplu dans un premier temps. Il était le dernier de sa fratrie et je voulais savoir pourquoi ce n’était pas l’aîné qui avait repris. Finalement, mon questionnement l’a convaincu et nous avons travaillé ensemble pour que la reprise ne soit plus un fardeau pour lui.
Je peux aussi être contactée dans le cadre de transmission mal faite ou de transmission de façade. Vous savez, quand il y a un deuxième codir le dimanche midi. Les entreprises familiales peuvent avoir des systèmes de gouvernance très complexes. Vous imaginez par exemple quand un membre de la famille est managé par un supérieur hiérarchique qui n’est pas de la famille. Parfois, c’est Dallas et Dynastie.
Autre cas, le patron qui reprend n’est pas aussi visionnaire que la génération d’avant. Il surfe sur les décisions prises précédemment et n’est pas reconnu dans son expertise par les collaborateurs, qui basculent dans le « c’était mieux avant ». Cela donne des chefs d’entreprise en souffrance. Là aussi, j’accompagne.

 

Entreprises familiales : transmission subie, transmission de façade, deuxième codir improvisé le dimanche midi… Autant de défis où l’accompagnement d’un coach peut s’avérer utile.

Quelle est la proportion de dirigeants coachés ? Est-ce une honte de dire qu’on est coaché ?

D.G. Ils sont nombreux, même s’il reste encore des peurs, essentiellement liées au regard des autres. Un jour, un dirigeant m’a dit que cela pouvait être perçu comme un aveu de faiblesse. Est-ce qu’un sportif de haut niveau s’affranchirait d’un coach ou d’un préparateur mental ? Chaque individu en a potentiellement besoin.

Quelle est la différence entre un coach, un mentor et un psychothérapeute, et comment choisir la forme d’accompagnement adaptée ?

D.G. Les formes d’accompagnement sont nombreuses : formation, mentorat, coaching, etc. Il peut être difficile de s’y retrouver. Le coaching permet de mettre en mouvement un individu ou une organisation, en se posant les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses, en levant les inquiétudes et les croyances limitantes. Le coaching, contrairement à une psychothérapie, ne s’intéresse pas au passé des gens, mais plutôt à où ils veulent aller. ​​​Il encourage à la fois la réflexion et/ou le passage à l’action, selon les besoins de la personne.

Est-ce qu’un sportif de haut niveau s’affranchirait d’un coach ou d’un préparateur mental ?

Parmi la myriade de coachs, comment trouver le bon et comment différencier les méthodes pour savoir laquelle est la plus appropriée à mon cas ?

D.G. Premièrement, le coach doit être certifié d’une école, cela garantit un socle de formation. Il est possible de demander s’il est adhérent à une fédération, ce qui le rattache à un code de déontologie et s’il est supervisé. Le coach doit être en mesure de le prouver si besoin. Si personne ne vous a été recommandé par le bouche-à-oreille, une option est de prendre contact avec plusieurs coachs pour un échange préliminaire sur le cadre du coaching, avant de faire un choix. Pour ma part, j’utilise plus de 400 outils (systémie, analyse transactionnelle, PNL…), que je convoque en fonction du besoin. Le client est garant du fond et je suis garante du processus, je sais toujours où je vais. Les honoraires sont établis en fonction de la problématique. Un observatoire des tarifs est disponible auprès des fédérations.

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Derrière certains coachs se cachent des imposteurs, voire des charlatans.

D.G. C’est vrai, c’est un métier social qui peut faire des dégâts sur une personne ou verser dans la manipulation s’il n’est pas réalisé avec déontologie et éthique. L’enjeu aujourd’hui, c’est la régulation et la structuration du métier. C’est une nécessité et c’est en cours.

L’enjeu aujourd’hui, c’est la régulation et la structuration du métier.

Comment savoir que le coaching a été efficace ?

D.G. J’ai mis en place un calcul de Retour sur investissement (ROI). Le coaching est un investissement, qui crée de la valeur et de l’enchantement. C’est un levier puissant dans le déploiement d’une entreprise.

À quelle périodicité faut-il être coaché ? Combien de temps dure un coaching ?

D.G. Le client doit rester autonome. Le coach ne doit pas être une béquille. Pour un coaching portant sur la résolution d’une problématique, l’accompagnement est délimité dans le temps. Puis, cela peut se transformer en coaching de soutien, surtout pour les chefs d’entreprise qui sont en réalité assez seuls. Dans ce cas-là, on se voit deux ou trois fois par an. Je suis leur poil à gratter.

 

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Bio express

Ingénieure diplômée d’Agro Paris Tech, Dalila Guillot a passé sept ans au sein du groupe Mars, cinq ans chez Lactalis et quatre ans chez Agrial et Euralis, à des fonctions marketing. Parallèlement, elle se forme aux techniques du coaching professionnel, de l’accompagnement au changement et à la supervision. En 2017, devenue coach professionnelle et superviseure certifiée et accréditée par la fédération européenne de Coaching, elle fonde ETF Coaching. Dalila Guillot a été secrétaire générale de la fédération européenne de Coaching et vice-présidente du syndicat interprofessionnel des métiers de l’accompagnement. Depuis 2023, elle est juge consulaire au tribunal de commerce de Rennes.

Bonus

Un film, une musique, un livre ?

Difficile pour moi de choisir tellement je dévore les œuvres de tous styles ! J’ai adoré la pièce de théâtre Art de Yasmina Reza. Je suis allée voir la dernière représentation au théâtre Antoine à Paris en 2019. Jean-Pierre Daroussin, Charles Berling et Alain Fromager étaient excellents. C’est l’histoire d’une amitié de 30 ans qui vole en éclats. Cette pièce porte sur notre vision du monde et les différences des perspectives individuelles.

En musique, j’ai un vaste répertoire, de la variété à la musique classique. J’aime beaucoup le blues américain, notamment B.B.King ; le rock anglais, Les Pink Floyd, Another brick in the Wall, ou les Beatles et la chanson française évidemment avec Alain Bashung, Michel Berger, ou Jean-Jacques Goldman.

En film, le Cinquième élément avec Bruce Willis, I comme Icare avec Yves Montand ou Le Diable s’habille en Prada avec Meryl Streep. Un mélange subtil de légèreté et de profondeur. Et dernièrement, A star is born avec Lady Gaga et Bradley Cooper ou Le Comte de Montecristo avec Pierre Niney, pour ces deux derniers j’ai adoré le style cinématographique, mais j’ai détesté le récit de la déchéance pour l’un et l’esprit de vengeance pour l’autre.

©Studio Carlito

Un lieu ?
Un petit bout de sable entre la plage de Bonne source et la plage de Sainte-Marguerite à Pornichet. C’est le lieu où je me ressource, mon petit coin de paradis.

Un mantra ?

Il y a deux phrases que j’aime particulièrement. « Vivre son présent. Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore alors que le présent est là et s’offre à nous tel un cadeau. Présent n’est-il pas d’ailleurs synonyme de cadeau ? » et « La chance se crée. Pour être heureux, il faut agir et passer à l’action ».