Couverture du journal du 04/03/2025 Le nouveau magazine

Galerie Oniris à Rennes : Couleurs, une suite inépuisable de variations

De la couleur avant toute chose et pour la faire vivre sur le support. Trois artistes issus d’une même génération, Frédéric Bouffandeau, Guillaume Moschini et Soo Kyoung Lee, se retrouvent à Rennes, au travers de leurs œuvres, pour une exposition collective à la galerie Oniris. Ils partagent un héritage artistique commun : Matisse, Viallat, les maîtres de la peinture abstraite américaine. Mais chacun appréhende la couleur à sa façon.

Frédéric Bouffandeau, Sans titre, 2020, Peinture et collage sur toile, 110x200 cm Frédéric Bouffandeau, Sans titre, 2020, Peinture et collage sur toile, 110x200 cm©DR

« Je ne peux vivre sans couleur »

« Je ne peux vivre sans couleur, confie Frédéric Bouffandeau. Elle est vitale ! » Pour la faire vibrer, il a choisi une forme singulière. Elle s’apparente à un motif floral, « sensuelle et porteuse d’une certaine forme de poésie ». L’artiste en fait la matrice de ses compositions.

Vue de l’exposition de la galerie Oniris avec, à gauche, la toile de Bouffandeau et à droite, une toile de Soo Young Lee Vue de l’exposition de la galerie Oniris avec, à gauche, la toile de Bouffandeau et à droite, une toile de Soo Young Lee©DR

Il la construit, la déconstruit, la décline au rythme de son inspiration au travers des techniques les plus variées : peinture, dessin, collage, néons, sculptures en aluminium laqué. Intenses, les couleurs de Frédéric Bouffandeau traduisent une grande admiration pour Matisse et ses papiers gouachés et découpés.

Les formes affleurent, « évanescentes, caressantes, à peine perceptibles, parfois rayonnantes ». Dans ses créations murales faites de néons bleus ou jaunes, elles semblent frémir, baignées dans un halo de lumière. Quant aux sculptures, elles s’apparentent à des « peintures pliées ». Comme un chef d’orchestre, Frédéric Bouffandeau joue de la musique des couleurs. La première appelle la seconde et ainsi de suite, à la manière d’une fugue.

 Abstractions chromatiques

Guillaume Moschini, lui aussi, s’en remet entièrement à la couleur. Rien d’étonnant à cela : un père sérigraphe et, pour maître, Claude Viallat qui s’est toujours plu à jouer de la couleur à partir d’une même forme et de supports différents.

Guillaume Moschini, Kaleido Krom I, 2020, acrylique et encre sur toile 55×33 cm Guillaume Moschini, Kaleido Krom I, 2020, acrylique et encre sur toile 55×33 cm©DR

C’est à main levée que Guillaume Moschini compose ses œuvres : le plus souvent, deux rectangles en mouvement de taille différente, comme en suspens, en équilibre dans le format vertical. Ils s’animent au rythme des contrastes et des minces triangles qui les entourent et s’emboîtent à la surface de la toile. Parfois, les deux formes ne sont plus qu’un murmure, juste quelques traits de contour en négatif, mangés par la couleur.

Dans les suites les plus récentes, Kaléidoscope, Kaledocrom, les couleurs sont intenses et tranchées : rouge, vert, jaune. Dans la série Découpé, Collé, Guillaume Moschini anime la surface peinte par des découpes et des collages, autant de fenêtres ouvertes sur le blanc du papier ou de la toile. Avec un seul but : faire triompher la couleur, à l’instar de Kenneth Noland (1924-2010) connu pour ses Abstractions chromatiques.

La couleur en mémoire

Soo Kyoung Lee a en mémoire les couleurs de son enfance et de son pays natal : une nature morte éclatante acquise par ses parents et les rubans multicolores des joueurs de tambour coréens. Pour Soo Kyoung Lee, adepte de la peinture abstraite et spontanée, « l’important, c’est la couleur, le geste et les émotions de l’instant, avec une part de hasard, de décision et de surprise dans le voilement et le dévoilement des formes ».

Sur un fond monochrome d’une grande intensité : vert, rouge, jaune, bleu, orange, rose, elle construit sa composition au gré des couvrements et des recouvrements. Les formes libres, plutôt arrondies, parfois cernées de noir ou de plusieurs couleurs, comme ajourées, apparaissent, s’affrontent, se chevauchent, s’évanouissent, s’affirment. Elles sont la traduction dit-elle.

Soo Kyoung Lee, Dh Bamo 2021, acrylique sur toile, 116×89 cm Soo Kyoung Lee, Dh Bamo 2021, acrylique sur toile, 116×89 cm©DR

Dans ses Munpei, Soo Kyoung Lee s’inspire des plaques des maisons coréennes portant le nom de leur résident. Elle en reprend le format étroit et vertical mais l’écriture laisse place à des formes abstraites découpées dans le bois et peintes de couleurs vives, ce qui donne lieu à une suite inépuisable de variations sur un rythme chaque fois différent.

Couleurs, à la galerie Oniris, jusqu’au 15 juin au 38 rue d’Antrain, à Rennes.
Puis, tout l’été, dans l’annexe de la galerie située dans la cour du 40 rue d’Antrain sur rendez-vous, la galerie principale étant fermée pour travaux à partir du 17 juin.
www.oniris.art Email : galerie@oniris.art