Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

GRAND FORMAT. Sanders : Les pieds sur terre

Sanders, leader de la nutrition animale et filiale d’Avril (basé à Bruz), c'est 1 150 collaborateurs, 28 usines en France, 3,4 millions de tonnes d’aliments du bétail produit chaque année, pour ses 26 000 clients éleveurs ; et un chiffre d’affaires de plus d'1,2 milliard d’euros. Habituellement discrète, l’entreprise a publié, en février dernier, une tribune, alertant sur la dégradation du modèle agricole français. Un bon ressenti puisque, à peine deux semaines plus tard, les tracteurs bloquaient les routes. Rencontre avec Philippe Manry, directeur général de Sanders.

Philippe Manry, directeur général de Sanders.

« Dans les années 1980, nous étions en surproduction, il fallait des quotas laitiers… Aujourd’hui, 40 ans plus tard, en France, on importe massivement. La diminution du nombre d’éleveurs est une tendance structurelle et mesurable, que nous observons au quotidien. Ce phénomène est inquiétant pour notre souveraineté alimentaire, notre économie, notre environnement et notre santé. »

Deux jours avant le Salon international de l’Agriculture de mars 2024, Philippe Manry, directeur général de Sanders, lançait ce bilan alarmant. Un constat né des remontées de terrain et du dernier recensement agricole du Ministère : « En dix ans, près d’un quart des agriculteurs et 30 % des élevages français ont cessé leur activité, notamment faute de pouvoir vivre de leur métier. »

De plus, « aujourd’hui, 51 % des exploitants ont 55 ans ou plus et souhaitent partir à la retraite dans les dix ans. Sans repreneurs à l’horizon, c’est la continuité et la durabilité du modèle agricole qui sont remises en question ».

Tous nos dividendes sont réinvestis dans la filière.

Soutenir les éleveurs

Partant de ce constat, Sanders avait lancé, en 2022 et 2023, deux plans d’aides successifs de 6 millions d’euros chacun, visant à la modernisation, la décarbonation, la reprise ou la création d’élevages.

Bien accueillies par les jeunes installés et leurs aînés, ces aides constituaient un premier pas vers le renouvellement des générations d’éleveurs. « Cependant, pour la pérennité de notre modèle d’élevage, prévient Philippe Manry, l’initiative doit être renforcée par des actions structurelles soutenues par les citoyens. En 2024, et par cette nouvelle action, Sanders veut interpeller les consommateurs et les pouvoirs publics et les encourager à agir concrètement. »

Tous les dividendes sont réinvestis

À la différence de ses concurrents, le groupe Avril a la particularité d’avoir été fondé sur des fonds agricoles et a choisi un modèle capitalistique original. « Les membres de notre conseil d’administration nous challengent comme dans toute entreprise privée, mais tous nos dividendes sont réinvestis dans la filière et cela nous donne beaucoup de moyens, notamment pour l’innovation », explique le directeur de Sanders.

Des investissements qui servent notamment à faire fonctionner la ferme d’innovation installée dans la Sarthe (recherches sur les produ…