Le rôle principal du généalogiste successoral est de réaliser des recherches approfondies pour identifier les descendants ou collatéraux d’un défunt.
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L’enquêteur
Il y a en réalité deux types de généalogistes successoraux. D’abord, les enquêteurs qui investiguent dans les registres d’état civil, les archives notariales et parfois même dans des documents anciens, pour mettre la main sur de possibles héritiers. Un cheminement qui peut les mener à travers plusieurs générations et parfois plusieurs pays, notamment dans les cas où des familles se sont dispersées au fil des migrations.
Pour ces experts, chaque dossier est un puzzle. Remonter la piste d’héritiers peut prendre quelques jours à plusieurs mois. Lorsqu’il n’y a aucune famille jusqu’au 6e degré inclus, c’est l’État qui recueille l’héritage.
« Il faut aimer les gens dans leur complexité pour faire ce métier. » – Thimothée Martin, généalogiste successoral.
Le juriste
Puis, il y a le généalogiste successoral « juriste », qui fait valoir les droits des héritiers retrouvés, par le biais de contrats de révélation des droits à la succession. Autrement dit, les généalogistes successoraux signent un contrat avec les héritiers, leur garantissant une part de l’héritage en échange de leurs services.
Les montants hérités peuvent être très variables. « Les enjeux financiers sont très différents selon les dossiers mais nous appliquons toujours la même méthodologie « , précise Timothée Martin, directeur régional des Archives généalogiques Andriveau depuis 2022, à la tête de bureaux à Rennes, Brest et Nantes.
Une enquête aux confins de l’histoire familiale
« Lorsque nous retrouvons un héritier, il faut préparer l’annonce. Nous envoyons d’abord un courrier pour atténuer le choc. Cela peut, parfois, réveiller des souvenirs douloureux », explique avec empathie Timothée Martin. Le généalogiste est le gardien de nombreux secrets de famille : double vie, enfant abandonné, parents et enfants fâchés… « Il faut aimer les gens dans leur complexité pour faire ce métier. »
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Aux gens qui lui disent « vous devez trouver ma famille bizarre », il retourne toujours, dans un sourire bienveillant, son absence de jugement moral : « Au fond, toutes les familles ont leurs bizarreries. »
« À l’heure de l’hyper connexion, c’est le règne de l’hyper solitude «
Un partenariat avec les notaires
Le généalogiste successoral travaille souvent en collaboration avec les notaires, qui font appel à lui lorsqu’ils ne parviennent pas à identifier ou contacter des héritiers. « Sur les 300 dossiers, que notre antenne régionale gère chaque année, 80 % nous sont confiés par des notaires », constate Timothée Martin, lui-même ancien clerc de notaire.
Le reste des dossiers peuvent être amenés par des syndics de copropriété à la recherche d’héritiers qui pourraient s’acquitter des arrières de copropriété d’un défunt, ou par une mairie, dans le cadre de généalogies foncières. Pour ces professionnels, le mandat d’un tiers est obligatoire pour entamer des recherches, sauf en cas de succession en déshérence, c’est-à-dire sans aucun héritier identifié. « À l’heure de l’hyper connexion, c’est le règne de l’hyper solitude », déplore le généalogiste.
Andriveau, la plus ancienne étude
Ce métier exige une maîtrise rigoureuse des règles juridiques de la succession. En France, ils sont 650 à porter la carte professionnelle de généalogistes successoraux. Le secteur n’est pas (encore) réglementé stricto sensu mais des entreprises sont regroupées au sein d’organisations professionnelles afin d’assurer éthique et transparence. Andriveau fait partie de Généalogistes de France, une association qui veille à la régulation et à la déontologie de la profession.
Les Archives généalogiques Andriveau constituent la plus ancienne étude de généalogie successorale subsistante au monde. Le tout premier ancêtre de ces détectives d’un autre type est Hippolyte Trannoy, qui, dès 1830, à Paris, collabore avec des héritiers inconnus pour leur révéler leurs droits successoraux. En 1875, son successeur, l’avocat Gustave Pelletier, accélère le développement de l’activité en fusionnant plusieurs maisons de généalogie et en créant des antennes en province, jusqu’à ce que Marcel Andriveau prenne la relève à la fin du XIXᵉ siècle.
L’entreprise familiale – la société est dirigée par la cinquième génération de la famille Pelletier Andriveau – compte aujourd’hui 120 collaborateurs et 19 succursales.