Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Later : Des vêtements aux matières 100% recyclées

Les Rennais Benjamin Hooge et Benoit Tardif ont lancé en 2019 la marque de prêt-à-porter éco-responsable, Later. Des vêtements conçus avec des fibres recyclées, vendus en direct et bénéficiant d’une consigne permettant d’assurer la gestion de la fin de vie du produit. Une démarche durable qui n’enlève rien à l’esthétique et au style.

Les Rennais Benjamin Hooge et Benoit Tardif de Later

Les Rennais Benjamin Hooge et Benoit Tardif de Later © 7J KB

Il y a deux ans, le duo décide de se lancer dans la création d’une marque de vêtement, mais pas n’importe comment. Elle doit correspondre à leurs valeurs, s’inscrire dans une économie circulaire soucieuse de la planète. Elle s’appellera Later car « À force de dire plus tard, c’est maintenant plus tard… » souligne Benjamin. « On veut cultiver un hédonisme raisonné », précise Benoit.

Durabilité, intemporalité… la surchemise est choisie comme vêtement phare de la marque « on est parti sur un mono produit, qui se prête bien dans sa fabrication aux matières recyclées. Et puis c’est une pièce indémodable qui peut se porter avec un pull en hiver comme avec un t-shirt en été. » Aujourd’hui, sweats et vestes sont venus enrichir le vestiaire.

Le « moins et mieux » est la seule option raisonnable pour cette industrie.

100 000 tonnes de vêtements sont jetées chaque année en France

Les vêtements proposés par Later sont fabriqués uniquement à partir de fibres issues de textiles usagés. Et avec 100 000 tonnes de vêtements jetés chaque année en France, il y a de quoi faire. D’au- tant que les procédés de recyclage textile ne cessent de s’améliorer « Aujourd’hui, les technologies mises au point par nos filateurs permettent de fabriquer des fils uniquement à partir de fibres recyclées, en conservant les caractéristiques nécessaires pour en faire des tissus de qualité. Concrètement, notre filateur défibre de vieux vêtements inutilisables en l’état, en fait des nouvelles bobines de fil sans ajouter de matières vierges ni de teintures. Ces bobines servent ensuite à fabriquer de nouveaux tissus tout beaux, tout neufs », détaille Benjamin.

« On a décidé de tout dire »

Chez Later, on a opté pour la transparence totale. Pour chaque produit, le client est informé de la provenance des matières, de la localisation de chaque sous-traitant, mais aussi de la décomposition exacte du prix : coût des matières, salaires, fournisseurs…

« On a besoin que les gens comprennent pourquoi une surchemise coûte 200 euros alors qu’on peut en trouver à 35 euros », explique Benoit. « Si j’achète une pièce à 35 euros qu’est ce que ça veut dire ? Pour les conditions de travail de ceux qui les fabriquent, pour l’environnement ? Pour la durabilité de la pièce ? Acheter une pièce tous les ans à 35 euros, ça revient à beaucoup plus cher que d’acheter une pièce à 200 euros tous les quinze ans. Le ‘moins et mieux’ est la seule option raisonnable pour cette industrie ! »

À qualité équivalente, nous préférons toutes les options où aucune nouvelle matière n’est produite

La précommande pour limiter la surproduction

Pour baisser les coûts et limiter la surproduction, les fondateurs de Later ont opté pour un modèle économique s’appuyant sur la précommande et la vente directe, pratiques de plus en plus plébiscitées par les marques indépendantes. « En diminuant le nombre d’intermédiaires, nous proposons un prix le plus juste possible. Cela nous enlève toutes les contraintes qui pourraient nous obliger à surproduire. Les distributeurs demandent x pièces par taille et par modèle… et les invendus se retrouvent soldés. Nous ne voulons pas faire de soldes, mais avoir un prix à la valeur réelle du produit. Une manière d’affiner encore la production et d’éviter la surconsommation est de proposer une partie de nos vêtements en précommande » explique Benoit. « Aujourd’hui les clients sont capables d’attendre plusieurs semaines, car cela fait sens. »

Précommande : une campagne de crowdfunding est actuellement en cours sur la plateforme Ulule

Si on met un produit sur le marché, on doit garantir sa fin de vie.

Des chemises consignées !

Benjamin et Benoit sont attachés au cycle de vie complet de leurs produits. Ils ont donc mis en place un système de consigne. « Nos clients peuvent nous renvoyer leur produit quand ils le souhaitent. On le rachète 30 euros pour une pièce d’une valeur initiale de 200 euros, quelque soit son état. Il sera alors revendu en seconde main, upcyclé ou encore défibré. Cela fait partie de notre devoir en tant que marque. Si on met un produit sur le marché, on doit garantir sa fin de vie. »

 

La culture et la production de fibres vierges représentent en moyenne 49 % de l’impact CO2 de la confection d’un vêtement (Source : Étude McKinsey Fashion on Climate). Selon une étude du cycle de vie réalisée par le cabinet ‘Systèmes Durables’ (source ACV Ecopure), la production de fil recyclé diminue de 98 % les impacts environnementaux (consommation ressources, impact CO2, pollution de l’eau) par rapport à des fils équivalents avec des fibres vierges.