Sur l’île de Groix, dans le Morbihan, les moules, reconnues pour leur chair orangée et leur saveur iodée, sont confrontées à une catastrophe écologique. Julien et Leslie Romagné, uniques mytiliculteurs insulaires, ont perdu 70 % de leur production à la suite d’une pollution marine détectée en début d’été 2024. Ce fléau, dont l’origine demeure incertaine, menace leur activité, ainsi qu’un pan précieux du patrimoine gastronomique breton.
« À partir de fin juin, début juillet, nos moules ont commencé à se décrocher massivement de leurs cordes en mer, près de Port Tudy. Elles tombaient au fond de l’eau sans réussir à se fixer de nouveau », explique Julien Romagné. La situation s’est rapidement aggravée : les naissains, ces moules juvéniles indispensables à la prochaine récolte, n’étaient pas là. Sans cette nouvelle génération, la production est compromise jusqu’en 2026.
Malgré des analyses approfondies sur l’eau, les sédiments et les coquillages, aucune explication claire n’a émergé. « Tout pointe vers une pollution marine, peut-être liée à un dégazage ou au passage d’un bateau de clapage », avance le myticulteur.
Les conséquences financières sont dramatiques pour le couple, qui produisait auparavant 110 tonnes par an. Cette année, seules 12 tonnes ont été sauvées. En désespoir de cause, ils ont lancé une cagnotte en ligne pour tenter de maintenir leur entreprise à flot. L’avenir des Moules de Groix repose désormais sur une aide exceptionnelle. Lorient Agglomération, présidée par Fabrice Loher, récemment nommé ministre délégué à la Mer, pourrait jouer un rôle décisif.