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Nautisme : une forte dynamique bretonne

Alors que le salon Nautic de Paris, un rendez-vous incontournable, a été annulé pour la troisième année consécutive, la Bretagne affirme quant à elle son rôle majeur dans le secteur du nautisme. Ce changement s’inscrit dans une tendance globale de régionalisation de la filière. La région, avec ses ports, son industrie dynamique et ses événements maritimes, entend bien tenir son rang.

Port du Crouesty à Arzon (Morbihan)

Port du Crouesty à Arzon (Morbihan) ©Shutterstock

Annulé avant même sa première édition ! Prévu au printemps, le salon Nautic-en-Seine, destiné à remplacer le traditionnel Nautic de Paris, ne verra pas le jour. Cette décision marque une troisième année sans grand événement dédié au nautisme dans la capitale française. Cette situation marque encore plus la tendance à la régionalisation croissante de la filière nautique, qui pourrait bien profiter à la Bretagne.

Les activités nautiques se concentrent désormais dans des régions dotées d’atouts spécifiques, chacune développant ses spécialités. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, leader dans la plaisance et les services liés au nautisme, représente un quart du chiffre d’affaires national du secteur. Elle est suivie par les Pays de la Loire (18,3 %) et la Bretagne (11,6 %).

En troisième position, la Bretagne représente 11,6 % du chiffre d’affaires national du secteur nautique.

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Des salons régionaux en plein essor

Les événements nautiques régionaux illustrent parfaitement ce phénomène. Depuis 40 ans, le port du Crouesty, à Arzon (56), accueille Le Mille Sabords, l’un des plus grands salons nautiques du Grand Ouest. Avec plus de 500 bateaux exposés et 80 000 visiteurs, cet événement génère 12 millions d’euros de retombées économiques. « Le Mille Sabords est devenu, au fil des ans, un événement majeur. Nous sommes fiers de l’avoir hissé dans le Top 5 des grands salons nautiques d’automne, au même titre que ceux de La Rochelle ou du cap d’Agde », commente Emmanuel Jacobée, président de l’association depuis six ans. Il se félicite « du grand retour du neuf. Après le Covid, le marché de l’occasion a véritablement explosé tandis que le neuf était à l’arrêt. Aujourd’hui, l’offre est plus cohérente ».

Emmanuel Jacobée, président de l’association depuis six ans est également expert maritime à Arzon

Emmanuel Jacobée, président de l’association depuis six ans est également expert maritime à Arzon ©DR

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Les Bretons comptent bien profiter de cette opportunité en surfant sur le succès croissant des salons nautiques régionaux. Et, parmi eux, les organisateurs du futur salon Le Nautique de Saint-Malo (35) dont la première édition se tiendra au printemps prochain. Pour la CCI d’Ille-et-Vilaine, la ville de Saint-Malo et l’Association des professionnels du nautisme de la Côte d’Émeraude, « l’absence de salon nautique en Manche, combinée à l’annulation du salon de Paris, est une vraie opportunité », explique Régis Boiron, élu à la CCI d’Ille-et-Vilaine et directeur général des Craquelins de Saint-Malo, qui pilote le projet. Et de préciser : « Nous avons choisi des dates pendant les vacances des Parisiens (du 24 au 27 avril 2025, ndlr), afin d’attirer ce public. »

Régis Boiron, élu à la CCI d’Ille-et-Vilaine et directeur général des Craquelins de Saint-Malo

Régis Boiron, élu à la CCI d’Ille-et-Vilaine et directeur général des Craquelins de Saint-Malo ©7Jours/Studio Carlito

Selon les données de Bretagne Info Nautisme, la région Bretagne abrite près de 1 400 entreprises spécialisées (43 % dans le Morbihan et 35 % dans le Finistère).

Les organisateurs souhaitent néanmoins inscrire ce rendez-vous dans la durée. Pour maximiser leurs chances, ils se sont entourés d’Alain Pichavant, ancien commissaire général du Nautic de Paris. Le budget du salon, estimé à 300 000 euros, repose en grande partie sur les revenus des exposants : 150 stands sont prévus. En parallèle, plusieurs partenaires soutiennent l’événement, notamment Bretagne Plaisance, la Région Bretagne, Edeis, et la Société Nautique de la Baie de Saint-Malo. « Nous comptons également sur l’appui d’entreprises partenaires. Le tour de table est encore en cours », précise Régis Boiron.

©CCI Ille-et-Vilaine

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La Bretagne, pilier de la filière nautique française

En Bretagne, la filière nautique occupe une place stratégique. Si le montant actualisé de l’activité reste flou, en 2016, Bretagne développement innovation (BDI) l’estimait à 1,05 milliard, mobilisant près de 7 500 emplois.

« Aujourd’hui, nous estimons le nombre d’emplois de la filière (nautique) à 10 000 » – Régis Boiron, élu à la CCI d’Ille-et-Vilaine et directeur général des Craquelins de Saint-Malo.

Selon les données de Bretagne Info Nautisme, entre l’ingénierie, la construction navale, la vente et la location de bateaux, la région abrite près de 1 400 entreprises spécialisées (43 % dans le Morbihan et 35 % dans le Finistère), parmi lesquelles 400 chantiers de réparation maintenance, témoignant de son dynamisme économique. 745 millions d’euros de retombées indirectes correspondant aux achats et services extérieurs sont générés chaque année.

La Bretagne se distingue par son infrastructure portuaire, comptant une centaine de ports de plaisance et plus de 70 000 places de mouillages. La voile de compétition est également omniprésente, notamment à Lorient La Base (56) qui s’impose comme le premier pôle de course au large en Europe. Le site attire les plus grands skippers et regroupe plus de 100 projets.

Par ailleurs, la Région Bretagne a défini sa feuille de route nautique 2024-2030 qui met en avant plusieurs axes stratégiques, tels que le renforcement de l’accès aux formations et aux métiers liés au nautisme, l’encouragement des pratiques nautiques chez les Bretons, et la réduction de l’empreinte écologique des infrastructures et de leurs activités. La Région s’engage également à soutenir les projets liés au secteur, à dynamiser les industries navales et à élaborer une stratégie portuaire ambitieuse.

Une étude, réalisée par BDI, cherche actuellement à identifier de nouveaux leviers économiques afin de renforcer la compétitivité de cette filière. Un atout régional dont la dynamique s’avère prometteuse…

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