Ils sont des figures incontournables, présents et dévoués, malgré les présidences qui se succèdent : les délégués généraux de réseaux ou de clubs. Ces « opérationnels » orchestrent les projets, tissent les liens avec les adhérents, et œuvrent souvent dans l’ombre. Certainement le secret de leur salut. Émilie Aubry endosse cette fonction depuis deux ans avec humilité et beaucoup de plaisir. « Le binôme que je forme avec Caroline Hilliet Le Branchu, présidente du club et dirigeante de la Conserverie la belle-iloise, est une force. Nous avançons dans un climat de confiance et d’échanges », souligne-t-elle. Celle qui connaît le doute, « je me remets toujours en question », est sûre d’une chose : le réseau, c’est « tisser des liens dans la durée et vouloir être utile aux autres ».
LIRE AUSSI : PORTRAIT. Christian le Squer, un chef aux trois étoiles et mille horizons
Tout commence lors du lancement de la « Stratégie Nation ETI » en 2020. Devant 500 représentants d’ETI françaises, le président de la République, Emmanuel Macron vante le rôle structurant de ces entreprises dans l’économie et annonce vouloir soutenir leur développement. Présente, Caroline Hilliet Le Branchu rentre en Bretagne avec l’envie de donner une voix bretonne aux entreprises de taille intermédiaire. L’effet réseau joue rapidement : treize figures majeures du tissu économique régional répondent présentes comme membres fondateurs : Caroline Hilliet Le Branchu, Hugues Meili (Niji), Frédéric Lescure (Socomore), Pierre Brisset (Aserti), Clément Quéguiner (groupe Quéquiner), Benjamin Verlingue (Adélaïde), Emmanuelle Cadiou (Maison Cadiou), Vincent Faujour (Piriou), Olivier Porte (Ouest-France), Olivier Clanchin (Olga), Franck Glédel (PKF Arsilon), Antoine Bordron (groupe Raulic, Thermes marins de Saint-Malo) et Béatrice Caillibot (Régional Intérim à cette époque). Reste à trouver un délégué général : le bouche-à-oreille mène au nom d’Émilie Aubry, qui est recrutée en septembre 2022.
« L’an dernier, j’ai passé 800 heures en rendez-vous téléphonique et j’ai parcouru plus de 10 000 kilomètres à travers la Bretagne. »
« Tout était à construire, et c’est justement cela qui m’a attirée. J’aime mettre les mains dans le cambouis », confie-t-elle. Ancienne de Creativ, devenue Bretagne Compétitivité, elle y a développé son adaptabilité : « J’aime aller sur le terrain, au contact des adhérents. L’an dernier, j’ai passé 800 heures en rendez-vous téléphonique et j’ai parcouru plus de 10 000 kilomètres à travers la Bretagne. » Pour décompresser, Émilie Aubry court, pratique le fitness, et rêve de reprendre son apprentissage du violoncelle : « Le son de cet instrument est magnifique ».
ET AUSSI : PORTRAIT. Marcelino Truong, illustrateur : « Travailler avec le sérieux d’un enfant qui joue »
Malgré ce quotidien bien rempli, c’est sans aucune lassitude que la nouvelle quadragénaire s’exprime et ses efforts paient puisque le club compte deux ans après sa création 64 entreprises adhérentes. « J’admire les chefs d’entreprise et l’engagement hors norme dont ils font preuve, particulièrement dans des moments où le contexte économique est plus difficile. Ce ne sont pas des gens qui se contentent de regarder une feuille de papier, ils prennent des décisions pour le territoire en conscience. »
Originaire de Charente-Maritime, Émilie Aubry a grandi dans un milieu ouvrier près de Jonzac, un cadre qui a probablement forgé sa vision du travail et de l’engagement. Sa mère était agente de service hospitalier et son père était ouvrier viticole. Depuis le décès de ce dernier, elle ne regarde plus les vignes qui tapissent les décors de son enfance de la même manière, mais elle aime toujours le cerisier à fleurs du jardin de la maison familiale. C’est peut-être sous cet arbre, alors qu’elle avait un temps envisagé de devenir libraire, qu’a germé son aspiration à être « utile au tissu économique et à travailler au service des entreprises ». Après un baccalauréat littéraire et une licence, elle obtient en 2007 un master en intelligence économique à l’IAE de Poitiers. « L’intelligence économique m’a passionnée. Comprendre les dynamiques économiques et nourrir la réflexion des entreprises, c’est essentiel. »
ET AUSSI : PORTRAIT. Laurence Fortin : « Toujours pour la Bretonne ou le Breton »