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PORTRAIT. Florence Marty, spécialiste RH : le parcours d’une stratège du management

Le management n’est pas une science figée et Florence Marty l’a bien compris. Entre ses expériences en entreprise et ses ouvrages sur les nouvelles approches managériales, la Rennaise (35) construit une vision où le collectif et l’épanouissement des talents sont au centre du jeu.

Florence Marty, directrice des ressources humaines et de l'innovation sociale chez Social Direct

Florence Marty, directrice des ressources humaines et de l'innovation sociale chez Social Direct ©Studio Carlito

Florence Marty, 47 ans, est de ceux qui ne se contentent pas d’occuper un poste. Elle observe, analyse, transforme. Son fil rouge ? L’humain. Depuis ses débuts, elle cherche à comprendre ce qui fait tenir un collectif, ce qui pousse des individus à travailler ensemble, à s’organiser, à avancer dans une même direction.

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« L’entreprise, c’est un projet commun. Une addition de talents qui, bien utilisés, forment un tout plus grand que la somme des parties », analyse-t-elle. Une conviction forgée par l’expérience et un regard affûté sur les mécaniques humaines.

Une alternative plus humaine, plus progressive

Rien ne la destinait pourtant à embrasser le management. Mauvaise élève autoproclamée, elle choisit le droit presque par élimination, au dernier moment, face à l’écran d’inscription universitaire. Elle persiste, poussée par cette même sœur, et décroche sa maîtrise. Dans son esprit, une seule option : le Conseil d’État. Mais le droit public ne lui rend pas son amour, et elle bifurque vers le privé. Elle occupe un premier poste de juriste dans une entreprise de distribution et connaît une rencontre décisive : une DRH qui lui confie un dossier complexe. « Je n’y comprenais rien au départ, mais j’ai vite appris », sourit-elle

Sa première mission ? Une fermeture d’établissement dans un contexte social tendu.

Plutôt que d’appliquer mécaniquement une solution juridique, elle propose une alternative plus humaine, plus progressive. Sa direction adhère. Florence Marty vient de poser son premier acte : une gestion du social qui conjugue droit, psychologie et pragmatisme. « Le droit a sa logique, l’humain la sienne. Trouver un équilibre entre les deux, c’est tout l’enjeu », résume-t-elle.

C’est le début d’une carrière où elle apprendra à naviguer dans des environnements aussi divers que les Galeries Lafayette – où elle affronte un management « d’un autre temps » – et une start-up de réalité augmentée, où tout est à structurer. « Le fossé entre les deux mondes était vertigineux », confie-t-elle. Des patrons de magasins tout-puissants aux ingénieurs toujours en avance sur leur temps, elle s’adapte et tire des enseignements. Elle apprend aussi à prendre des risques : « J’ai mis mon poste en jeu des dizaines de fois pour défendre des salariés. » Dans sa bouche, ce n’est pas un slogan, mais une réalité vécue et assumée.

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Des livres pour mieux manager

Puis vient le temps du basculement. L’épuisement. Une lassitude face aux jeux politiques, aux luttes d’ego, aux batailles stériles. Elle quitte l’entreprise et se met à son compte. Un choix qui coïncide avec la découverte du handicap de sa fille. « Il fallait que je sois disponible », se souvient Florence Marty. Elle se lance dans le conseil, le recrutement et la formation. Très vite, elle décroche un contrat avec AXA : « Ce qui devait être une petite mission s’est transformé en cinq années de collaboration. » Elle y développe une approche du management qu’elle ne cesse d’affiner : sortir du contrôle, faire grandir, accompagner sans brider.

C’est à cette période qu’elle écrit son premier livre, Entreprise, 7 leviers pour renforcer votre pouvoir d’attraction (janvier 2022), coécrit avec Laurence Tetrell, qui explore les mécanismes de la marque employeur.

« J’ai mis mon poste en jeu des dizaines de fois pour défendre des salariés. » – Florence Marty.

Son second ouvrage, L’Effet Bonsaï : libérer la croissance des talents en entreprise, publié en septembre 2024, remet en question certaines pratiques managériales et propose une approche renouvelée de l’accompagnement des talents. Dans ce livre, elle décrit trois profils de managers qui freinent la croissance des talents : les contrôlants, les gestionnaires et les méfiants. À travers des exemples concrets et des solutions pragmatiques, elle propose des clés pour adopter une posture plus équilibrée et favoriser l’autonomie des équipes. « J’ai découvert le management situationnel de Blanchard et Hershey, et immédiatement, j’ai su qu’il fallait le challenger. Certaines théories sont datées et ne fonctionnent plus aujourd’hui », lance-t-elle.

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Une nouvelle étape avec Social Direct

En 2024, elle rejoint Social Direct, la société cofondée par Olivier Gueret et Laurence Tetrell. Après treize ans d’indépendance, elle retrouve ainsi le collectif. C’est presque une évidence : « L’entreprise m’a toujours manqué. Travailler à son compte, c’est être à côté des gens, jamais avec eux. »

Social Direct est dans la lignée de ce qu’elle a toujours défendu : une entreprise qui accompagne les salariés confrontés à des difficultés personnelles impactant leur travail. « Nous apportons des solutions à ceux qui en ont besoin, parfois sur des sujets de survie comme le logement d’urgence ou les violences intrafamiliales », détaille l’experte.

Son avenir ? Il passe notamment par l’écriture. Un troisième livre est en préparation, cette fois sur la motivation, et un quatrième suivra, consacré à la confiance. Elle y explorera notamment la question de la loyauté et de l’engagement en entreprise, un sujet central dans un monde du travail en perpétuelle évolution. « Le jour où je publierai celui sur la confiance, là, j’aurai l’impression d’avoir accompli quelque chose », souffle-t-elle. En attendant, elle continue d’observer, de comprendre, de construire. Et surtout, de transmettre.