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Redonner ses lettres de noblesse à l’huître plate

Présente dans la région depuis des décennies, l’huître plate a disparu, ou presque, suite à la surpêche et à plusieurs épisodes de mortalité dans les années 70. Le Comité régional de la conchyliculture (CRC) Bretagne-Nord a la volonté de la faire revivre en travaillant via le programme Arche.

huitre

Le CRC Bretagne Nord a reçu le prix ruban vert de Blue Fish récompensant les bonnes pratiques durables remis par Pierre Karleskind, député européen, président de la Commission Pêche. ©DR

L’huître plate – Ostrea edulis – est une espèce endémique (spécifique à un territoire), emblématique des côtes européennes. Cultivée historiquement en France, elle a subi plusieurs épisodes de mortalité, dans les années 70, entraînant un fort déclin de l’espèce. En parallèle, l’huître creuse – Crassostrea gigas -, majoritairement cultivée aujourd’hui, est également sujette à des crises de mortalités massives, mettant en difficulté la profession.

« Le département de l’Ille-et-Vilaine est peut-être le secteur il y a le plus de ventes directes en raison du développement de la commune de Cancale sur l’ostréiculture. Le marché aux huîtres à Cancale draine beaucoup de monde et de ventes directement sur place », explique Benoît Salaun, directeur du CRC Bretagne-Nord.

Aujourd’hui, en Bretagne, la production d’huîtres creuses est estimée à plus de 25000 tonnes par an contre 1000 tonnes pour les huîtres plates. « Nous avons plutôt une région typée production ».

Une reproduction mieux maîtrisée de l’espèce

Le CRC Bretagne Nord souhaite donc faire revivre l’huître plate. Pour répondre à ces enjeux, le Comité veut diversifier les productions conchylicoles, portant depuis une dizaine d’années des projets en ce sens. Il dispose également d’un centre technique conchylicole dédié à la reproduction de l’huître plate et à des expérimentations de l’espèce en milieu contrôlé.

Le programme Arche fait donc suite à ces projets en répondant aux problématiques de reproduction de l’huître plate en milieu contrôlé. « Débuté en 2018, ses objectifs sont la synchronisation et la maturation des géniteurs en vue d’une reproduction mieux maîtrisée de l’espèce ainsi que la création de récifs pour le suivi en mer des familles expérimentées. L’amélioration de la reproduction et l’identification des mécanismes d’amélioration permettront de favoriser la reconstitution des bancs naturels ».

Financé à 80% par les subventions européennes

Le programme se décline en cinq phases de travail :

  • Le déclenchement et la maîtrise de la maturation des géniteurs
  • La synchronisation de la libération des gamètes
  • La production de familles d’huîtres plates sous protocoles
  • La création de structures pour le transfert en mer
  • Communication autour du projet

Ce projet est porté par le Comité Régional de la Conchyliculture de Bretagne-Nord en partenariat avec Sorbonne Université et l’École Supérieure d’Ingénieur des Travaux de la Construction de Caen. Il est financé à hauteur de 80 % par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) et à 20 % par l’État pour un coût total estimé à un peu plus d’1,4 million d’euros.