Couverture du journal du 12/04/2024 Le nouveau magazine

Gilles TELLIER, directeur des aéroports de Rennes et Dinard

Fin de l'aventure en terre bretonne, direction Abou Dabi aux Émirats arabes unis. L'aviation, c'est une école de la rigueur, de l'anticipation. Ce n'est pas la tête dans les nuages à 10 000 pieds d'altitude que l'on dirige les aéroports de Rennes et Dinard, comptabilisant 200 salariés -intérimaires compris, 950 000 passagers l'an passé, et un CA cumulé de 21 M€.

Gilles Tellier @LM.7J

« J’ai passé un brevet de pilote à 17 ans, j’ai volé avant de conduire… C’est par le rêve et la passion de l’aviation que je suis arrivé à ce poste de direction ». Et de citer Antoine de Saint-Exupéry, « avec l’avion, nous avons appris la ligne droite ».
L’aviation, c’est une école de la rigueur, de l’anticipation. Car ce n’est pas la tête dans les nuages à 10 000 pieds d’altitude que l’on dirige les aéroports de Rennes et Dinard, comptabilisant 200 salariés -intérimaires compris, 950 000 passagers l’an passé, et un CA cumulé de 21 M€.

Originaire de Valenciennes dans le Nord, un DUT Transport et Logistique en poche, son premier poste dans les années 90 est dans l’aéropostale à Paris-Charles-de-Gaulle, chargé des opérations aériennes. Il part ensuite pour la compagnie TAT à Mulhouse, revient à Paris pour la compagnie AOM, puis chef d’escale à Sabena à Strasbourg, puis directeur adjoint chez Britt’Air en 1999 à Morlaix, où il passe 5 années… Il dirige ensuite l’aéroport de Limoges, part au Cambodge 2 ans à l’aéroport de Phnom Penh, avant de prendre en 2014 la direction des aéroports de Rennes et Dinard. Un poste qu’il va quitter ce 1 er avril 2020, pour diriger 4 petits aéroports aux Émirats arabes unis. « Il n’y a pas qu’une vie dans la vie ! Sur des métiers tellement exigeants, je crois qu’il faut du changement pour s’auto-générer ».

Un regret ? « Celui de ne pas être là pour le passage au million de passagers à Rennes. C’est un vrai cap dans un aéroport. Mais j’ai eu le plaisir d’amorcer la progression, et la satisfaction de me dire que c’est pour demain »

Le secteur de l’aviation a vécu des bouleversements extraordinaires ces dernières années. « C’est devenu un bien de consommation, on prend l’avion aujourd’hui comme on prenait le train il y a 40 ans ». Digitalisation, low-cost, simplification… et uniformisation du rêve.

« La question est aussi de prendre en compte les considérations environnementales actuelles, avec l’apparition du «FlyShame». Penser à un modèle plus vertueux, pour que cette activité soit la plus acceptable possible dans ce monde globalisé. Et se dire aussi qu’un billet d’avion au rabais ne correspond pas au prix de revient du trajet ».

Car si le transport aérien bénéficie d’une croissance continue du trafic dans toutes les régions du monde, les compagnies subissent les baisses de tarifs, avec un prix moyen en recul de plus de 50 % depuis 20 ans.

Dans cet environnement, l’aéroport de Rennes a sa carte à jouer selon Gilles Tellier. « Ce n’est pas de l’hyper-consommation à Rennes… C’est à l’origine un trafic lié aux voyages d’affaires. L’aéroport est bénéficiaire : un CA avoisinant les 21 M€, des excédents bruts d’exploitation de 2,4 M€, une activité diversifiée avec du fret pour 10 % de l’activité, l’ouverture de lignes comme cette année vers Francfort et Toulouse. Et quel environnement : c’est un sanctuaire vert ici, 70 % de la surface est en herbe, sans glyphosate ISO 14001, repère de biodiversité, à deux pas de la Vallée de la Vilaine… ».

Phénomène de turbulences

L’aéroport Rennes Bretagne dessert 24 destinations en direct, dont 14 en France. C’est également la 9 e plateforme régionale de fret français.
Après trois années de croissance, les chiffres sont en baisse en 2019 : -0,6 % de fréquentation pour l’aéroport de Rennes avec 852 000 passagers et -11 % pour l’aéroport de Dinard avec 95 814 passagers. Gilles Tellier décrypte cela par une multitude de facteurs :
• Hop ! filiale régionale du Groupe Air France, compte pour 65 % du trafic rennais « Air France tousse, on s’enrhume », schématise le dirigeant. La restructuration en cours de Hop, par Ben Smith, c’est simplement l’arrêt de certaines lignes pour gagner en rentabilité, réduisant drastiquement l’offre sur le réseau intérieur en France. « À Rennes, cela impacte les lignes vers Marseille, Strasbourg et Bruxelles ».
  • Le Brexit : « Le pré-Brexit qui n’en finissait pas, la compagnie Flybe qui se porte mal, des Britanniques dans l’attente et qui ne voyagent pas : 5 lignes fermées entre Rennes et la Grande-Bretagne, c’est -12 % de passagers en un an pour Rennes et -11 % pour Dinard ».
  • Le problème du Boeing 737 : « à la suite des deux accidents ayant fait plusieurs centaines de morts, le constructeur a suspendu temporairement la production et les livraisons du 737 MAX, avec un ralentissement de la capacité d’évolution des compagnies ».
  • « Ajouter à cela le «Flyshame»… l’aéroport s’en sort plutôt bien »

Post – NDDL

Aujourd’hui, l’arrêt du projet de l’aéroport Notre-Dame-desLandes aux portes de Nantes est encore trop vécu comme un « traumatisme ». « L’après NDDL dans l’Ouest, concerne tous les aéroports, de Brest à Quimper, Dinard, Angers… pour définir un schéma global ». Gilles Tellier note que ce territoire de l’Ouest doit développer davantage d’ambition. « Comment faire évoluer cette région à l’échelle de l’Europe ? Pour cela, il me semble qu’il ne faut pas être isolé, la complémentarité crée de l’induction. Rennes – ou plus généralement la Bretagne est assez timide sur les enjeux de désenclavement ».

La rentabilité, les actionnaires

« Vueling, Volotea, EasyJet, les compagnies paient une redevance pour faire atterrir leurs avions sur cette piste, et pour utiliser les services aux sols que l’on nomme « Handling ».
Francfort-Rennes trois fois par semaine, c’est un accord passé par exemple pour 30 000 passagers/an. La facture se négocie pour trouver un business case, un accord sur cette redevance. Ces redevances aéronautiques représentent 75 % des recettes de l’aéroport, le reste étant le parking, les distributeurs de boissons, etc. » Pour l’aéroport de Rennes, la Région est propriétaire du site ; Vinci et la CCI35 – chambre de commerce et d’industrie-, sont les deux actionnaires de l’aéroport, et le contrat de concession court de 2010 à 2024. « Le chiffre d’affaires annuel est d’environ 21 M€, avec un excédent d’exploitation brut de 2,4 M€ : la moitié, car c’est ce qui est convenu dans le contrat cadre, part dans les investissements ; l’autre moitié paie les salaires et l’infrastructure, le reste est reversé en dividendes aux actionnaires ».

Fermeture de la piste de l’aéroport de Rennes du 2 au 28 mars 2020.

La piste rénovée, un chantier de 10,5 M€ de la Région

Les travaux vont bon train à l’aéroport de Rennes. L’extension du parking 3 arrive à son terme, avec 420 places supplémentaires (Budget 2,2 M€ HT). La réfection de la piste principale va se faire en ce mois de mars 2020, occasionnant un arrêt du trafic : du 2 au 28 mars inclus. La piste n’est pas rallongée, mais les extrémités élargies, et les 115 000 m 2 de chaussées vont être renforcés, pour faciliter les manœuvres des avions. La dernière réfection de la piste principale date de 1997.

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