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Travaux Publics : La FRTP Bretagne anticipe la reprise pour mi-avril

La fédération des travaux publics souhaite que les chantiers reprennent le 20 avril (voire avant), afin d'assurer la survie des entreprises du secteur. Pour assurer aussi la sécurité des salariés, un guide élaboré par les partenaires sociaux, l'OPPBTP et l'État, a été publié le 2 avril.

François Coville, Président de la FRTP Bretagne

Comme beaucoup d’autres secteurs, les TP souffrent du confinement. 90 % de l’activité est à l’arrêt depuis le 17 mars selon une enquête* menée par la fédération, qui représente 530 entreprises et 12 000 salariés en Bretagne.

« Je prévois de remettre en route des chantiers mardi prochain, le 14 avril. Cette semaine nous rappelons les clients et les fournisseurs. C’est du cas par cas, car il faut l’aval du client, et convenir des mesures de protection à mettre en place.» François Coville, Président de la FRTP Bretagne

François Coville, Président de la FRTP Bretagne

« Certaines activités ont déjà repris. Pour les travaux de terrassement, il y a peu de risques, car peu d’interférence entre salariés, chacun étant dans son engin » indique François Coville, le président de la FRTP. Mais pour les travaux sur les routes, les canalisations, les réseaux électriques, c’est moins simple. « Chaque métier a ses spécificités, ce qui nécessite, au-delà des consignes générales consignées dans le guide, des mesures adaptées à chaque métier. C’est le travail actuellement de chacun des syndicats de spécialités de la profession, c’est aussi un accord à définir entre le client et l’entreprise. 

Le guide des préconisations sanitaires

« Avec 200 000 € chaque mois de frais fixe…il y a urgence ! »

L’urgence elle est notamment de convaincre les collectivités, car les entreprises de TP vivent à 70 % de la commande publique. « Il faut que les donneurs d’ordre acceptent le principe d’une reprise, ensuite sont étudiées au cas pas cas les conditions de travail sur le chantier. » Pour cela, le guide publié le 2 avril doit servir de référence à la concertation. « Si je prends l’exemple de mon entreprise de canalisation, comptant 70 salariés, il faut compter chaque mois 200 000 € de frais fixes. Même si le chômage technique est en partie pris en charge, je ne vais pas tenir plusieurs mois sans rentrées d’argent. Mes clients sont principalement les syndicats d’eau et d’assainissement et des communes. En matériaux, j’ai de quoi tenir un peu, mais il faut aussi que toute la chaine de production reprenne pour ne pas manquer en approvisionnement. » Fin mars, 89% des entreprises rencontraient des problèmes d’approvisionnement en matériaux et matériels*, que ce soit granulats, enrobés, tuyaux, canalisations, PVC, béton, etc.

Quel surcoût ?

Le surcoût ne viendra pas seulement de l’achat de masques ou de gel hydroalcoolique, mais aussi d’un changement d’organisation pour les salariés : « Les bases vie (bungalow de chantier) où les ouvriers se changent, mangent, etc, et bien avec la distanciation ils ne pourront plus accueillir 8 personnes, mais 2 ou 3… » Et lorsque plusieurs entreprises interviennent sur un chantier, il faudra imaginer un planning différent, ou une séparation spatiale des tâches sur le chantier. « Tout cela impactera bien sur la productivité. Mais il faut le faire, engager le mouvement vers la reprise, faire un appel d’air. »

*1 600 entreprises ont répondu à une enquête nationale menée par la FNTP, réalisée entre le 23 et le 26 mars, afin de mesurer les conséquences de cette épidémie sur l’activité des Travaux Publics.  Est indiqué qu’en cas de reprise de l’activité :
– Pour 12% des entreprises, l’intégralité des salariés serait mobilisable, 39% des entreprises indiquent que moins de la moitié des salariés seraient mobilisables.
– Il faudra trouver des solutions pour les 69% d’entreprises qui ne pensent pas avoir de solution d’hébergement, de restauration et de déplacement sur les lieux des chantiers.
– 65% des entreprises pensent qu’elles auront encore recours à l’activité partielle en cas de reprise de l’activité : pour 37% des entreprises, cela concernerait plus de la moitié de leurs salariés. 15% pensent qu’elles ne feront pas appel à ce dispositif, les 20% restant sont dans l’expectative.

Retrouvez l’enquête ici