Dans une passionnante exposition placée sous le patronage d’Alan Stivell et mise en scène par l’Atelier Maciej Fiszer avec le concours de Bastien Morin, le Musée de Bretagne répond à ces questions en s’appuyant sur les dernières recherches des archéologues, des historiens, des historiens d’art et des linguistes. Illustrée par toutes sortes d’objets (archéologie, numismatique, beaux-arts, arts décoratifs), d’œuvres de fiction (films, littérature, musique), elle s’accompagne de dispositifs interactifs numériques pour apprécier la « celtitude » des visiteurs.
Les Celtes
Connus grâce aux auteurs grecs et romains, les Celtes renvoient à une civilisation de l’Âge du Fer, au premier millénaire de notre ère. La notion de « Celtes » est très débattue par les archéologues, les historiens et les linguistes. Ils ne croient plus à l’existence d’un seul peuple ayant parlé une seule langue et partagé la même culture. Mais à une aire culturelle celtique. Dans la péninsule armoricaine, intégrée au milieu du 5e siècle avant J.-C. à la culture commune de l’Europe, ce sont les migrations issues de l’actuelle Grande-Bretagne au Haut Moyen Âge qui ont favorisé l’épanouissement d’une culture particulière.
Le Musée présente pour la première fois une découverte exceptionnelle faite à Trémuson dans les Côtes-d’Armor : quatre bustes de pierre enfouis au milieu du 1er siècle av. J.-C. dont l’un de 40,5 cm représente un homme barbu portant un torque autour du cou. Relevant de l’art funéraire, ces bustes s’accompagnent d’un seau en bois cerclé de métal aux motifs celtiques, pour servir le vin.
« Des œuvres du plus haut intérêt, participant de l’art celtique » selon Yves Ménez, conservateur à la DRAC Bretagne.
La construction d’un récit
Du Moyen Âge au 20e siècle, un récit fondé sur des faits en partie imaginaires s’est construit autour de l’identité celte de la Bretagne. Bien des écrivains et des artistes tels les « Seiz Breur » s’en sont emparés pour affirmer l’identité régionale et satisfaire une quête nostalgique. En témoignent les motifs des faïences de Quimper, les peintures et les dessins de René-Yves Creston et Xavier de Langlais, les bijoux « Kelt » de Pierre Péron, les broderies des costumes bretons relevées dès 1877 par E. Bosc dans son dictionnaire d’architecture…
Celtic mania ?
Aujourd’hui le mot « celte » se décline à l’infini et diffuse une certaine image de la Bretagne à travers des symboles comme le triskell reproduit à l’envi sur les spécialités : galettes, crêpes, cidre… Un gage de qualité et d’authenticité. On trouve aussi dans la culture contemporaine (littérature, cinéma, BD, jeux vidéo, grands rassemblements culturels) de nombreuses évocations de récits celtes. L’exposition fait le constat qu’il n’y a « pas de filiation directe entre les faits culturels d’aujourd’hui et les Celtes de l’Antiquité ». « La Bretagne est le résultat du brassage constant des civilisations à travers les siècles. Cette volonté, propre à de nombreux pays de se rattacher à un passé, de se forger une identité culturelle quitte à créer de toutes pièces un héritage, révèle un besoin universel de se différencier. »
Musée de Bretagne, Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, 35000 Rennes.
Du 18 mars au 4 décembre 2022. Du mardi au vendredi de 12h à 19h, samedi et dimanche de 14h à 19h.
L’exposition s’accompagne d’une riche programmation culturelle.
https://www.exposition-celtique.bzh/