Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

[ Dossier Élection bâtonnier barreau de Rennes ] Maître Catherine Glon candidate à la fonction de bâtonnière

De nombreux dossiers couvrent deux grands bureaux, murs bleu minéral, tableaux accrochés, une collection de babioles en tout genre, un buste de marbre noir posé sur le manteau de la cheminée…Maître Catherine Glon reçoit sans discontinuer puisqu’elle tient ce jour-là une permanence dans le cadre de Place des droits, une ligne directe et gratuite à destination d’usagers en besoin de conseils. 

Maître Catherine Glon, barreau

Maître Catherine Glon, bâtonnière ©David_Ferriere

De nombreux dossiers couvrent deux grands bureaux, murs bleu minéral, tableaux accrochés, une collection de babioles en tout genre, un buste de marbre noir posé sur le manteau de la cheminée… Maître Catherine Glon reçoit sans discontinuer puisqu’elle tient ce jour-là une permanence dans le cadre de Place des droits, une ligne directe et gratuite à destination d’usagers en besoin de conseils.

Depuis son inscription au barreau de Rennes en 1986, elle exerce au Cabinet Avocats Liberté. Spécialiste en droit pénal et droit des personnes, elle est ancienne membre du Conseil de l’Ordre et ancienne présidente de la commission pénale du barreau de Rennes, membre du SAF, le Syndicat des Avocats de France. Elle a à son actif 4 mandats au CNB le Conseil national des barreaux, dont 1 comme membre du bureau, est fondatrice de l’AJU l’association régionale d’aide juridique d’urgence. À 63 ans, elle est candidate au Bâtonnat de Rennes. Persévérante et volontaire elle y croit « le barreau a changé et rajeuni, la cooptation n’est plus d’usage. Il faut être porteur d’un projet. » Dans ce cas elle sera « bâtonnière » , un terme encore peu usité au féminin « ça me semble important, nécessaire même. »

1 – Votre regard sur la profession d’avocat, la place du barreau de Rennes ? 

La profession est très inscrite dans la vie économique et sociale de la cité et auprès des entreprises. Si l’avocat est identifié comme acteur des contentieux, beaucoup de progrès et de perspectives s’ouvrent à nous dans le domaine du conseil et de la médiation et des autres modes alternatifs de règlement des différends. Notre Barreau est dynamique et en expansion continuelle, il peut ainsi répondre aux besoins d’accès au droit de plus en plus importants. Nous, avocats, sommes les mieux placés pour remplir cette mission, à la fois par nos compétences transversales, notre déontologie sans équivalent, nos liens avec l’institution judiciaire et ceux que nous pouvons développer plus encore avec les administrations, avec lesquelles nous interagissons quotidiennement au profit de nos clients. Lors du bâtonnat à venir, nos concitoyens doivent pouvoir se dire que les avocats sont des partenaires essentiels et incontournables.

2 – La profession est en mutation quelles sont vos propositions pour soutenir vos confrères ?

La profession est unique, avec des métiers et des exercices différents. Cette diversité d’exercice est une richesse. À cet égard, notre barreau est emblématique : un barreau jeune, aux compétences et aux structures complémentaires, et de plus en plus féminin. Mon objectif sera de permettre à chacun de choisir et développer son exercice et son entreprise d’avocats. Ma première priorité sera la communication sur les compétences de notre barreau et des avocats qui le composent auprès du public, des entreprises et des administrations, pour faire savoir qui sont les avocats du Barreau de Rennes et permettre le développement de nos marchés. À cette fin, j’envisage une importante campagne publicitaire. Bien sûr cela ne peut se faire qu’avec ma seconde priorité, à savoir, l’accompagnement de tous les avocats face aux enjeux du numérique (création d’une application « Barreau de Rennes », mise à disposition d’outils de développement du cabinet…). Enfin, sans vie familiale équilibrée, il est impossible de s’épanouir dans son travail. Il nous faut réactiver le projet de moyens collectifs de gardes d’enfants ou de crèches.

3 – Votre vision sur la formation, les collaborateurs, l’emploi dans les cabinets ?

Les cabinets vivent une crise du recrutement. Pour autant, notre profession, majoritairement d’exercice libéral, malgré le stress et parfois l’insécurité ressentie, est propice au dépassement de soi comme à l’épanouissement personnel. Les jeunes avocats doivent pouvoir faire leurs choix tout en vivant de manière décente. Il faut dès lors concevoir un rapport adapté entre les partenaires dans le contrat de collaboration, la rémunération bien sûr, mais aussi la visibilité dans l’évolution d’une carrière, comme partenaires et comme associés. La formation est un outil formidable, car elle est à la fois le retour permanent aux pratiques professionnelles, permet de faire vivre une culture commune, autant qu’elle permet à chaque avocat de s’accomplir par le développement de son activité. Il nous faut aussi réfléchir ensemble aux possibilités d’installations, de même qu’inciter à la spécialisation (prise en charge financière des frais de transport, entraînements au jury…). Et aussi permettre la circulation de la parole, de toutes les paroles lorsque des difficultés surgissent (mise en place d’une procédure d’alerte avec intervenants extérieurs). Je veux un barreau qui s’empare de ces sujets de sociétés qui n’épargnent personne.

4 – Quid de la menace sur le secret professionnel ?

Le secret professionnel est le cœur même de la relation avocat-client, on ne saurait admettre aucune atteinte à ce droit fondamental qui existe au profit des clients d’abord (et pas des avocats). Pourtant, de nouvelles règles applicables depuis le 1er mars 2022 préjudicient aux avocats, notamment ceux qui exercent aux côtés des entreprises, en permettant des perquisitions et saisies de documents en cas de soupçon de fraude fiscale ou d’infractions économiques supposées. C’est un danger qui ouvre la porte de nos cabinets et sans véritable contre-pouvoir judiciaire. Dans ce cadre, le bâtonnier doit être le défenseur des avocats.

5 – Que pensez-vous de la transparence de la justice vis-à-vis du public ?

La justice gagnera toujours à être plus visible et compréhensible. Des milliers de justiciables qui vivent tous les jours des procès civils, commerciaux et prudhommaux, qui touchent à l’essentiel de leur existence, ne doivent jamais être amenés à penser qu’ils ont été écrasés par une machine d’une telle complexité que l’équité n’a plus sa place. Temps d’attente, délais de jugements, possibilité d’exercer effectivement les recours… Le bâtonnier et le Conseil de l’Ordre doivent s’imposer comme des partenaires de la co-construction des processus par lesquels la justice est rendue, ainsi que de leur amélioration. C’est un gage de transparence. De même, filmer certains procès constitue un progrès à la condition que soient réunies les garanties nécessaires pour les personnes jugées.

6 – Comment voyez-vous la nouvelle mission du bâtonnier, aujourd’hui autorisé à contrôler des lieux de privation de liberté, en prison et centre de rétention ?

Je m’emparerai de cette mission dès le début du mandat, je m’y engage. C’est une immense responsabilité. Ce droit a été reconnu à la profession d’avocat, qui est la première gardienne des libertés individuelles et qui disposera de la liberté de dire en toute indépendance à la fois ce qu’elle constate, ce qu’elle dénonce et ce qu’il faut changer. Centres pénitentiaires, centres de rétention administrative, hôpitaux psychiatriques, commissariats et gendarmeries, aucun usager ne sera oublié.

7 – Si vous deviez choisir 3 priorités très concrètes sur le bâtonnat de Rennes ?

  • Convocation d’une assemblée générale en janvier 2023, parce qu’elle a la possibilité d’émettre des vœux auxquels le Conseil de l’Ordre doit nécessairement répondre, et je voudrais y soumettre trois propositions : campagne de communication, instauration de commissions paritaires au premier rang desquelles la collaboration, création de manifestations annuelles sur la défense et le conseil, le sport et la culture.
  • Un premier chantier pour le numérique : création d’une application « Barreau de Rennes », pour faciliter l’exercice de nos missions à tous moments et en tous lieux.
  • Création d’une plateforme en ligne pour améliorer et aider les processus de recrutements et recherches de collaborations

 

Le programme à consulter ici