10h, le soleil resplendit sur le Golf Bluegreen de Rennes Saint-Jaques, quelques chariots roulent sur le fairway. La veille, beaucoup de golfeurs ont veillé tard pour regarder le tournoi qui clôt la saison du circuit nord-américain… Un must. Damien Perrier en fait partie, il arrive avec un peu de retard, casquette et polo aux couleurs de ses partenaires, ses fidèles sponsors bretons.
Un combat commun
« Je vis de ma passion, je suis golfeur professionnel depuis 2008, j’avais alors 18 ans. Sans ces partenaires cela n’aurait pas été possible. Je leur dois beaucoup. » Serge Cordon (Cordon Electronics) Jacques Leroy (Leroy Logistique), Guy Canu (Neworld Energies) accompagnent le Rennais depuis de nombreuses années, ce sont aussi des amoureux de golf. Auparavant Damien Perrier a pu compter sur Daniel Jeulin (Konica Minolta) « mon premier sponsor ! », ou encore Bruno Cœurdray (NetPlus), Marc Poulain (Régional Intérim), Yvon Cardinal (Domaine de Cicé Blossac). « C’est une aventure humaine, ils ont eu tous envie de m’emmener sur le tour Européen, c’est un combat commun. »
2021 : première saison en demi-teinte
La saison 2021 va s’achever en novembre, et aura été une année douloureuse pour le champion bretillien de 32 ans. Dès les premiers tournois en Afrique du Sud, les résultats ne sont pas là.
« Je compte 7 ratages dès le début de saison : j’ai raté 7 Cut, de 1 coup… » Explication de jeux : ces tournois rassemblent sur 4 jours 156 joueurs. Après les rencontres des jeudi et vendredi, ne sont gardés que 60 golfeurs pour le tournoi final, c’est ce que l’on nomme Le Cut. Damien Perrier manque ainsi, à répétition, ces passages, de très peu : d’un coup. C’est brutal, mais c’est la règle. Récoltant zéro point au classement, et zéro euro dans les caisses. Et la confiance s’effrite. Le contexte Covid et son cortège de restrictions n’aident pas : l’accompagnement d’une personne tierce sur le Green, (le Caddy), n’est pas permis. « C’est presque une dépression qui s’installe. C’est très délicat comme période. J’entendais les golfeurs en parler et moi je ne connaissais pas, en 13 ans pro, je n’avais jamais connu de mauvaise passe. J’ai toujours eu un parcours en évolution, progressif. Je me souviens du Bluegreen de Pléneuf Val André en juin dernier, je joue à domicile, avec la famille, les amis. Je rate encore le Cut d’1 coup… une déception de plus. »
Fin du tunnel : 22 août 2021
« Tout tunnel a une fin », indique le golfeur, presque comme un mantra. Et en effet, le 22 aout 2021, à Prague, Damien Perrier termine à la 7e place lors d’un tournoi de l’European Tour, en République tchèque. « J’ai retrouvé le plaisir de jouer avec cette 7e place, c’est cela que je veux garder. Le prochain rendez-vous, c’est le KLM Open aux Pays-Bas, qui débute le 16 septembre. Ça a été si dur cette année que je ne mets pas d’objectifs de résultat, je ne veux pas être trop gourmand. Je veux juste avoir une bonne attitude, bien gérer les hauts et les bas, c’est cela qui fait la différence au golf. » Ensuite il a encore à son agenda 3 à 4 tournois du Challenge Tour. Et puis tourner la page. « J’ai hâte à la saison 2022 ».
La remontada
« Cela fait 4 années que je joue entre les deux Tours : sur le Challenge Tour (l’équivalent de la deuxième division), et quelques droits de jeu sur l’European Tour (la 1re division). L’an prochain je ne jouerai que sur le Challenge Tour. Je ne m’éparpille pas, avec l’objectif d’être dans le top 20 et d’accéder pleinement à l’European Tour en 2023. J’ai identifié mes lacunes, vu les axes d’amélioration, et je change d’équipe. Non pas que le problème vienne de l’équipe, mais pour lancer une autre dynamique, percuter. »
Le parcours
Damien commence le golf à 4-5 ans, issu d’une famille de golfeurs qui s’installe près du Golf de Cicé Blossac. Pratique. « En effet, on n’hésite pas même pour une session d’une heure ! » Christophe Berthet, son prof de golf, crée l’émulation, il a un véritable coup de cœur pour la discipline. Ado il entre en sport-étude au Creps de Montpellier, et à 18 ans il décide de devenir professionnel. Il se forme pendant 4-5 ans dans les circuits de troisième niveau, le Pro-Golf Tour et l’Alps Tour. Il apprend les voyages, être ailleurs les trois quarts du temps, l’esprit de compétition, la pression des tournois. Finir dans le top 5 permet d’ accéder au Challenge Tour, ce qu’il fait une première fois en 2011, puis en 2016. S’ensuit une belle année : il gagne le premier tournoi en République tchèque dès le début de saison, enchaine les classements dans le top 10, atteint la 13e place au Classement général et… accède directement à L’European Tour en 2017. « Je joue alors 27 tournois sur les parcours mythiques de golf… Des tournois médiatisés, l’atmosphère est excitante, mais la pression forte. C’est dur émotionnellement, je fais une belle saison, mais pas assez pour rester à ce niveau. » Depuis 2018, il organise ainsi son calendrier entre le circuit du Challenge Tour et quelques droits de jeux sur des tournois mineurs de l’European Tour. Objectif : renouer avec l’élite, ce qu’il projette pour 2023.
Questions bonus :
Une anecdote ? Septembre 2017, je me retrouve au départ d’un parcours en Suisse avec Lee Weswood… C’est quelque chose ! Je me souviens du degré de pression. En plus ce jour-là je l’ai battu, la pression m’a été positive. Comme quoi on ne juge pas un golfeur sur une journée ! 2 mois plus tard en Espagne sur le parcours de Valderrama je me retrouve face à Martin Kaymer. Un moment fort partagé avec mon frère qui était venu comme Caddy avec moi.
Des affinités ? Avec Julien Brun, c’est un golfeur très positif, avec bel état d’esprit, belle combativité, il vient d’accéder au European Tour, je lui souhaite le meilleur… et de le rejoindre bientôt !
Un parcours de golf ? Je vais en donner plusieurs : le plus incroyable pour son cadre c’est l’Ile aux Cerfs sur un ilot à l’île Maurice…somptueux… Je pense aussi à St Andrews Old Course en Écosse, j’y ai joué en 2017, c’est là où le golf est né, cela fait quelque chose de truster des parcours mythiques comme ceux-là. Et en France je pense au Links de Granville, ce n’est pas loin, et la texture de sable au sol est un atout pendant l’hiver.