Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

PORTRAIT. Solène Saclier, Sailiz : « Une forte attente des femmes navigatrices »

Créatrice de la marque de vêtements Sailiz (Lorient), Solène Saclier a voulu répondre à la forte demande des navigatrices qui se contentaient souvent de salopettes hommes ou mixtes. Elle a conçu et imaginé une ligne de vêtements nautiques qui répondent aux besoins des femmes. Une aventure entrepreneuriale au service des aventurières.

Solène Saclier, dirigeante de la marque de vêtements Sailiz

Solène Saclier, dirigeante de la marque de vêtements Sailiz ©DidierEchelard

« J’ai voulu cocréer, avec les navigatrices et les plaisancières, des vêtements qui soient vraiment en adéquation avec les besoins des femmes qui naviguent, explique la jeune entrepreneure de 34 ans. J’ai donc publié un petit questionnaire sur certains groupes de réseaux sociaux bien ciblés et j’ai reçu plus de 200 réponses en moins de quinze jours ! » La plupart des commentaires et témoignages dénoncent des problèmes de coupe, de gabarit et, surtout, de praticité. Une braguette trop étroite pour laisser passer un pisse-debout, des bretelles « tout ou rien », l’absence de zips aux bons endroits… Certaines navigatrices, surtout les sportives, disent même éviter de manger et de boire durant leurs courses pour ne pas avoir à se déshabiller… Le cahier des charges devenait alors extrêmement clair pour Solène Saclier.

Ayant toujours passé ses vacances au bord de l’eau, dans cet univers breton, elle en est mordue et souhaite secrètement s’y installer à demeure, quand l’heure sera venue. Elle coupe très vite le cordon familial pour diriger sa propre barque. Elle part à Lyon puis Quimper pour une première licence, puis fait un détour par Rennes pour son master en art contemporain. Parallèlement, elle assure son indépendance financière en travaillant dans des boutiques de textile. Un univers qu’elle apprécie de plus en plus. La question se pose alors de continuer sur cette voie, de devenir professeure, de faire un doctorat… Finalement, ce sera « sur le tard », un master Management mode et luxe à distance à l’Institut des arts appliqués (LISAA) Paris, en parallèle de sa carrière professionnelle.

Elle intègre Le grand dressing à La Rochelle, la start-up de location de vêtements de grandes marques et, au fil du temps, sa vocation « dans le textile » s’affirme. « C’était une expérience extrêmement bénéfique. Cela m’a formé à la prise de décision, à la gestion d’entreprise et l’idée de créer ma propre structure a germé progressivement », se souvient-elle. Bien décidée à transformer l’idée en projet, elle se fait accompagner par l’incubateur bordelais réservé aux femmes Les Premières – Nouvelle-Aquitaine. Mais la Bretagne lui manque. Son conjoint décroche une opportunité à Lorient. Banco, ils s’y installent en début d’année 2023.

« L’entrepreneuriat, c’est génial, mais il faut se faire accompagner, surtout ne pas rester seul ! »

L’aventure Sailiz prend alors vie avec l’immatriculation en mai 2023. Solène Saclier est néanmoins accompagnée par la section nautisme d’Audélor et soutenue par la région Bretagne, BPI, France active, Initiatives Pays de Lorient… Assez pour décrocher 80 000 euros, en plus des fonds propres et de la dette. « L’entrepreneuriat, c’est génial, dit-elle, mais il faut se faire accompagner et surtout ne pas rester seul ! » La tout juste maman d’une petite Aélys sait elle-même très bien s’entourer. Encore des femmes, toutes navigatrices. Chloé Le Bars et Tiphaine Ragueneau sont ambassadrices de la marque et testeuses de produits en conditions réelles et Noémie Catalano travaille sur la stratégie de communication de la marque, la création de contenus et l’évènementiel. Fidèle parmi les fidèles, c’est elle qui a pris contact avec Solène Saclier dès 2021, pour « accompagner la marque dans sa communication et participer à l’aventure Sailiz ».

La communauté, forte d’environ 2 000 membres (dont 30 % d’hommes !) a permis de valider un modèle de salopette, en vente depuis juin dernier. « Nous constatons une forte attente de la part des femmes navigatrices pour des vêtements adaptés. Le sujet de la place des femmes dans la société en général et dans le nautisme en particulier est très prégnant en ce moment », remarque Solène Saclier. Et un marché en forte croissance : seulement 36 % de femmes navigatrices, mais ce nombre croît de 10 % par an.

Après la salopette disponible chez une dizaine de distributeurs, Sailiz sortira une veste en milieu d’année prochaine, actuellement en prototypage en laboratoire et en mer. « C’est important de la tester en condition réelle car, en fonction du type de bateau, les zones d’abrasion ne sont pas les mêmes, précise Solène Saclier. Et comme nous produisons en petite série, nous pouvons procéder à un travail minutieux d’amélioration continue. » Les 200 premières salopettes (dont 20 en précommandes) partent pour l’instant à bon rythme. Mais Solène Saclier cherche des partenaires financiers et prépare d’ores et déjà une levée de fonds pour une prochaine ouverture de capital. Et, pour ne pas commettre d’impair, Solène Saclier est accompagnée par le Village By CA. « J’espère que cela sera possible d’ici à juin 2025, dit-elle. Nous bénéficions en tout cas pour l’instant d’une belle confiance et c’est assez génial même si ça met une certaine pression. »