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Stéphane Le Teuff, nouveau président de la Fédération Française du Bâtiment en Bretagne

Le Lorientais Stéphane Le Teuff, 53 ans, a été élu le 5 juin dernier président de la FFB en Bretagne, il succède à Hugues Vanel. Le dirigeant de l'entreprise Le Teuff Électricité à Lanester dans le Morbihan (33 salariés) était jusqu'alors président de la FFB Morbihan, de 2014 à 2019.

 

stéphane le teuff

Stéphane Le Teuff
succède à Hugues Vanel à la présidence de la FFB Bretagne

« C’est une période délicate pour le secteur de la construction » indique Stéphane Le Teuff.  Si les chantiers sont repartis aussi rapidement après les 2 mois confinement, c’est bien grâce à la signature d’une Charte bretonne, entre les partenaires de la construction – l’ARO Bretagne, architectes, FFB, Capeb… tous les partenaires ont joué le jeu pour s’entendre sur une répartition équitable des surcoûts. »
La reprise progressive des chantiers a pu se faire dès le 20 avril, et pour limiter d’éventuels contentieux, entre maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, et entreprises, la charte préconisait un partage des frais engendrés par les mesures de protection contre le Covid-19. (Voir article ICI)

« Il pourrait y avoir à la rentrée de septembre un assouplissement du protocole OPPBTP, une deuxième version est à l’étude au niveau national, qui je l’espère, prendra en compte les usages sur le terrain depuis avril. »

Marchés Publics en baisse

« L’inquiétude vient des commandes publiques qui ont baissé ces derniers mois. D’abord car les appels d’offres ne sont pas instruits, il va y avoir un trou d’activité au fil de cette année. Le décalage du 2e tour des élections municipales est un frein supplémentaire au lancement des projets », ainsi les nouvelles commandes ne pourront être passées qu’une fois les exécutifs mis en place.

« Début juin, on estime que 90 % des chantiers sont rouverts en Bretagne, et pour 62 % avec une activité normale. » (voir étude en bas de page)

Quid d’un plan de relance ?

La relance pourrait être rendue difficile à cause des pertes fiscales des collectivités territoriales en 2020, qui s’élèveraient de 3 à 4 % de leurs recettes réelles de fonctionnement ou à 20 % de leur épargne nette. Des chiffres issus de la mission du gouvernement travaillant sur le troisième projet de la loi de finances rectificative pour 2020. Les départements et la région accusent aussi des pertes de recettes. « On attend en effet un plan de relance du gouvernement. On parle transfert de taxe, de TVA, pour relancer les chantiers des bailleurs sociaux notamment. Les travaux chez les particuliers sont encore souvent bloqués… des pistes doivent être dévoilées en cette mi-juin. »
–> Dans le projet de loi de finances rectificative présenté le 10 juin en conseil des ministres, le gouvernement propose plusieurs axes de soutien au secteur du BTP : de nouvelles mesures pour la trésorerie des PME fragiles : celles de moins de 50 salariés pourront demander à l’URSSAF d’effacer jusqu’à 50 % de leurs charges sociales de mars, avril et mai. L’État apporte 1 Md€ de dotations aux collectivités locales pour l’investissement, et une troisième étape aura lieu à la rentrée avec le plan de relance, via un plan de rénovation des bâtiments. (Ici le communiqué du Gouvernement)

L’apprentissage en Région

« La formation et notamment l’apprentissage est un dossier essentiel. Dans ce contexte exceptionnel, c’était important de faire un geste, et le gouvernement avec ses mesures est rassurant ». Les artisans pourront accueillir ces jeunes en limitant le coût pour l’entreprise fragilisée par cette période de crise économique liée au Covid-19. Ce sont 5 000 € d’aide pour une entreprise accueillant un apprenti mineur et 8 000 € pour un majeur. (Article du 9 juin 2020 sur l’apprentissage ICI)
« En Bretagne les CFA enregistraient une augmentation constante, 2020 c’est la rentrée de tous les dangers. Nous lançons une campagne de communication à la FFB Bretagne ce 12 juin, pour valoriser l’apprentissage, rassurer les parents et les jeunes car il y a du travail dans notre secteur, et re-mobiliser les entreprises pour accueillir des jeunes.» Avant la période Covid-19, il y avait 9 000 intentions d’embauches dans le bâtiment à l’échelle bretonne.

La formation c’est aussi la possibilité de faire évoluer ses salariés, pour de la montée en compétence, dans ces métiers en mutation avec le développement du digital. Usage des datas, indicateurs de performance énergétique, internet des objets lié à la sécurité de l’habitat, les champs d’applications des apports technologiques sont larges, ils peuvent aussi améliorer le confort de travail et atténuer la pénibilité pour les salariés.

Portrait

Stéphane Le Teuff, 53 ans, est un Lorientais de toujours, très attaché à ce territoire breton, qu’il a notamment découvert lors des déplacements sportifs comme joueur professionnel de volley-ball. « J’avais 20 ans et l’équipe évoluait en Pro-B, et moi au poste de libéro – il faut dire que je ne mesure qu’ 1m87 ! J’ai beaucoup appris des valeurs du sport. J’ai été pro pendant 3 ans… difficile de vivre de sa passion ! J’ai donc rejoint l’entreprise familiale. » Formé à l’électricité, il rejoint l’entreprise de son père forte de 50 salariés, celle-ci sera vendue à Vinci quelques mois plus tard. « J’ai 24 ans, je ne me sens pas de rester dans ce contexte, alors je monte avec ma soeur en 1991 une nouvelle société : Le Teuff Électricité. » Basée à Lanester, elle compte aujourd’hui 35 salariés, et un chiffre d’affaires de 3,5 M€, pour des chantiers essentiellement dans le Morbihan, un peu en Finistère. Interventions sur environ 500 logements chaque année, pour des projets privés et publics ; les pavillons haut de gamme avec les technologies domotiques et BIM ; les bureaux, grandes surfaces, EHPAD, etc.
« J’ai intégré des réseaux qui m’ont beaucoup apporté, notamment la JCE – Jeune Chambre Économique du Pays de Lo- rient et le CJD – Centre des Jeunes Dirigeants. On se forme en tant que dirigeant, on y rencontre beaucoup de personnes différentes, avec pour le CJD une philosophie qui me convient, celle de mettre l’économie au service de l’homme. » Il intègre la FFB56 en 2004, en devient le président 10 ans plus tard, de 2014 à 2019. Il fut également président des électriciens du Morbihan en 2009. « Nous avons redonné l’image réelle de cette fédération dans le département, dont 80% de ses adhérents comptent moins de 10 salariés. Je suis administrateur du CFA de Vannes et participe à la régionalisation des CFA en Bretagne en 2011. La FFB c’est un réel engagement, avec également une reconnaissance des élus, maires, sénateurs, députés. C’est aujourd’hui pour moi le serment d’être attentif à l’ensemble des territoires bretons. »

Les priorités de mandat

« C’est bien sûr avant tout la défense des intérêts des entreprises de la construction, dont beaucoup sont de taille artisanale en Bretagne. C’est aussi s’inscrire au coeur des mutations sociales, environnementales et digitales. Le secteur est assez vertueux et sans le dire, je pense à la RSE : nous formons, accompagnons les jeunes. Et nous sommes engagés dans le défi de la rénovation énergétique et de l’environnement. Ainsi avec le Pinel Breton, nous expérimentons en Bretagne la rénovation des logements locatifs dans les villes moyennes, travaillant en lien avec le Sraddet du Conseil Régional également. » Le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, signé fin 2019, prévoit le zéro artificialisation des sols pour lutter contre l’étalement urbain.

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SITUATION ÉCONOMIQUE DU SECTEUR BÂTIMENT À LA DATE DU 29 MAI 2020

Source : enquête réseau des CERC.

En Bretagne, la part des chantiers ouverts est de 90 %, en France, 83 % des chantiers ont ouvert.

En Bretagne, la part des chantiers en activité normale au 29 mai est de 62 %, c’est le taux le plus élevé des régions françaises.

Chantiers à l’arrêt :

Au niveau national, 43 % des chantiers à l’arrêt au 29 mai sont sous maîtrise d’ouvrage publique, 57 % concernent des marchés privés dont 35 % auprès de particuliers et 22 %, des marchés privés hors particuliers.
Les principales raisons empêchant la reprise des chantiers sont :
• La maîtrise d’ouvrage ou maîtrise d’oeuvre n’a pas finalisé les conditions de reprise (41 %)
• Problèmes d’approvisionnement en matériaux et/ou fournitures sur les chantiers (19 %)
• L’organisation des chantiers est impossible à adapter (11 %)

Surcoûts liés à la crise sanitaire

Au niveau national, 87 % des entreprises du Bâtiment supportent entièrement les surcoûts liés à la crise sanitaire ; dans 11 % des cas, ils sont partagés avec les clients ; dans 2 % des cas l’entreprise le répercute sur le client.

Commande publique

Selon les derniers chiffres publiés par Vecteur Plus, 10 242 appels d’offres dans le secteur de la construction ont été publiés en France pendant la période de confinement (semaine 12 à 19), soit une baisse de 57 % par rapport à la même période de 2019. Avant le confinement (semaine 1 à 11), le nombre d’appels d’offres publié dans le secteur enregistrait déjà une baisse de 23 % par rapport à la même période de 2019, en lien avec l’effet pré-électoral.
En Bretagne, le montant estimé des marchés publics publiés pendant la période de confinement atteint 317 M€, c’est une baisse de 40 % par rapport à la même période de 2019. Par département breton, la baisse est plus marquée dans le Morbihan (- 53 %) et dans le Finistère et les Côtes-d’Armor (- 51 % chacun) qu’en Ille-et-Vilaine (- 34 %).

7jours N°5025 – 10 juin 2020