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1 milliard d’euros de l’état en faveur de l’apprentissage

Cette crise aurait pu réduire à néant le regain d'intérêt pour la filière de formation par apprentissage. Les mesures annoncées par le gouvernement ce 4 juin répondent aux besoins des entreprises : le coût d'accueil d'un jeune en alternance deviendrait quasiment nul.

Le plan de l’État évalué à plus de 1 milliard d’euros doit permettre de maintenir les effectifs d’apprentis au niveau de 2019. C’est un panel de mesures simples mais radicales, qui ont été prises le 4 juin, pour permettre d’éviter que les jeunes ne soient les sacrifiés sur l’autel de la crise sanitaire et de son corollaire la crise économique qui se profile. « La question du recrutement était déjà un sujet brûlant dans nos entreprises de proximité juste avant le confinement. Il faut rester proactif sur ce sujet », rappelle Andréas Milet, le président de la CAPEB35, Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment.

Aide à l’embauche

Depuis le 1 er janvier 2019, les aides de la Région et le crédit d’impôt apprentissage ont fait place à l’Aide Unique à l’embauche d’un apprenti. Pour rappel, le montant maximum de l’aide unique va jusqu’à 4 125 € pour la première année, 2 000 € d’aide pour la deuxième année et 1 200 € pour la troisième année.

Avec ces nouvelles mesures du Gouvernement, le montant de ces aides est majoré : 5 000 € pour un mineur et 8 000 € pour un majeur, pour un recrutement entre le 1 er juillet 2020 et le 28 février 2021. Cela concerne tous les diplômes, du CAP à la licence pro.
De plus les futurs apprentis qui ne trouveraient pas d’entreprise d’accueil pourront également rester inscrits à un CFA pendant 6 mois.
—> Reste à éclaircir la mise en œuvre opérationnelle de cette mesure, avec la règle du « coût contrat » qui pénalise les CFA en cas de baisse du nombre d’apprentis.

Aiguillage par métier ou par secteur géographique

Depuis début juin, la CAPEB d’Ille-et-Vilaine réalise une information massive à l’intention des entreprises pour leur communiquer les demandes des futurs apprentis. Un travail sur la section métier, la zone géographique, va être réalisé par le CFA de Saint-Grégoire et les Compagnons du Devoir pour qualifier les e-mailings aux entreprises. Une démarche relayée dans les 4 départements bretons afin de couvrir un maximum de demandes.

« En ces temps incertains, il est essentiel que les artisans soient partie prenante dans l’apprentissage. De nombreux jeunes se dirigent avec beaucoup de conviction vers la formation professionnelle. Les portes ouvertes organisées par le CFA de Saint-Grégoire juste avant le confinement, et l’accueil des Compagnons du Devoir lors d’une porte ouverte en présentiel et une autre en format virtuel, l’attestent. »

Les centres de formation ayant fermé leurs portes aux apprentis le 17 mars ont gardé le contact avec leurs jeunes et notamment la continuité pédagogique en ligne grâce à APTYCE la plateforme de formation à distance du CFA. « Les apprenants sont restés assidus, seulement 10 % des effectifs ne se sont pas connectés par manque d’ordinateurs ou de réseau internet », précise Ruth Jourand la nouvelle directrice du CFA de Saint-Grégoire. Des apprentis ont pu continuer à aller dans leurs entreprises en respectant les gestes barrières, respect de la distanciation. La nouvelle version du guide OPPBTP sortie le 27 mai dernier redonne de la souplesse et favorise le retour des apprentis qu’ils soient mineurs ou majeurs toujours en suivant les préconisations du guide.

Témoignages

Maëla témoigne, après deux années d’apprentissage en menuiserie fabrication, en alternance avec les Compagnons du devoir. Avant cela elle est passée par une année de Seconde, STD2A : science et technologie du design et des arts appliqués. « L’option me plaisait, mais l’envie de travail manuel me tentait de plus en plus, et la fatigue du système scolaire se faisait ressentir. » Elle découvre les métiers du bois, et de la menuiserie lors de portes ouvertes. « J’ai postulé chez Jouneau France, entreprise d’agencement, qui m’a accueillie pendant ces mois de formation. J’ai gagné en maturité en entrant dans la vie active, en côtoyant en grande majorité des adultes, ce qui n’était pas le cas dans le système scolaire. L’appréhension première en tant que fille dans ce métier assez physique s’est dissipée, j’y ai trouvé ma place. L’alternance m’a aussi appris à gérer les papiers, mes comptes et à m’ouvrir aux autres. La voie de l’apprentissage a été très bénéfique pour moi et je le conseille ! »

Sylvain, 20 ans, en apprentissage depuis 5 ans, d’abord pour un CAP charpente, un BP charpente et à présent en CAP couverture. « Je suis venu vers l’apprentissage, car je voulais travailler en extérieur, rester à l’école ce n’était plus pour moi. Je voulais travailler de mes mains. Ça m’a permis de changer d’air et puis de me mettre au boulot. » Il travaille chez HM création à Saint-Étienne en Coglès, soit 2 semaines en entreprise suivit d’une semaine au CFA. « Les jeunes devraient venir vers l’apprentissage, ça change les idées, ça change de l’école, et permet d’avoir un salaire. On est suivi, si besoin on est recadré, au CFA c’est donnant donnant : si on est là, les profs sont là. » Il a de plus participé au concours MAF – Meilleur apprenti de France – pour approfondir ses connaissances.

7Jours N°5025 _ 9 juin 2020