15 à 20 procédures collectives sont à juger habituellement, chaque mercredi, à la Cité judiciaire à Rennes, entre les liquidations et les redressements judiciaires. Cette semaine (Ndlr : semaine du 9 septembre), nous avons une seule procédure. Au total, de janvier à fin août – soit sur huit mois, nous avons 40 % de procédures en moins, par rapport à 2019. C’est plutôt bon signe ! »
Peu de PGE
Pour le président Flaud, les explications sont multiples. Il dresse d’abord un état des lieux, comptable. « Sur les 3,25 millions de PME en France, 570 000 ont eu un PGE – le prêt garanti par l’État. Cela fait donc 17 % ! Même si l’on ajoute les entreprises dont la demande n’a pas aboutie, cela n’atteint pas les 25 % : c’est peu. Au moins 75 % des entreprises ont ainsi estimé ne pas en avoir besoin, le tissu économique français ne va pas si mal que cela. »
Trésorerie préservée
« Beaucoup d’entreprises ont réussi à avoir pour leur loyer, des moratoires, des annulations parfois ou un échelonnement sur plusieurs mois. De même auprès des fournisseurs qui avaient la capacité à faire des reports. L’administration fiscale de son côté a cherché des accords avec les entreprises qui avaient des retards. L’Urssaf qui ne poursuivait plus depuis début mars, reprend seulement en ce mois de septembre, et est prêt a etudier les dossiers avec souplesses. Tout cela a permis aux entreprises de garder de la trésorerie. »
Reprise économique
« À cela s’ajoute une saison qui ne s’est pas si mal déroulée, le tourisme par exemple a bien fonctionné en Bretagne, avec la mise en place du chômage partiel qui signifie moins de charges de personnels. Finalement la reprise économique est bien meilleure que prévu en juillet et août. Comme indicateur : la TVA encaissée par l’État en août 2020 est supérieure à celle d’août 2019. »
Fin 2020…
« Si les choses restent en l’état, s’il n’y a pas de nouveau problème sanitaire qui impliquerait un durcissement des conditions de travail avec l’ombre d’un reconfinement, bref, si l’on reste sur une configuration comme aujourd’hui, il n’y aura pas de dégât d’ici la fin d’année. »
…et 2021 ?
« Il est difficile de se prononcer… Ces reports de charges seront lissés dans le temps, de même pour les PGE dont le remboursement pourrait être repoussé. Cela dépendra aussi des capacités des entreprises à se projeter. Il ne faut pas se laisser aller, mais préparer l’avenir et notamment embaucher des jeunes. Rappelons qu’il faut un à deux ans pour former un jeune salarié, ceux qui auront investi et formé s’en sortiront à la reprise. En sortie de crise, ils seront opérationnels… mon conseil est de recruter aujourd’hui pour anticiper la reprise. »
Les secteurs en difficulté
« Bien sûr, il y a des entreprises qui souffrent, je ne suis pas d’un optimisme béat. Dans l’évènementiel notamment, les loueurs de matériels de soirée, les traiteurs… Le tissu industriel aussi, les sous-traitants en automobile / aéronautique / chantier naval, ceux qui sont en bout de chaîne pâtissent. »
7Jours N°5038 _ 11 septembre 2020