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[ Dossier La menace cyber ] « 80 % de l’attaque cyber se situe entre le clavier et la chaise » Jérôme Tré-Hardy, conseiller régional chargé du numérique et de la cybersécurité

Cyber

Jérôme Tré-Hardy, conseiller régional chargé du numérique et de la cybersécurité ©7J-HC

Depuis 2013, la région Bretagne est engagée dans le développement de la cybersécurité et la cyberdéfense. Quelle est cette stratégie depuis le nouveau mandat régional ?

Jérôme Tré-Hardy : Le président [Loïg Chesnais-Girard, ndlr] a souhaité dédier un élu à la cybersécurité en déployant quatre grands piliers d’action. Le premier est de structurer l’écosystème de la cyber sur le territoire en lui donnant de la visibilité et de la cohérence. Pour y parvenir, nous sommes en train de travailler à la déclinaison territoriale du Campus cyber national. Le deuxième pilier d’action porte sur les enjeux de souveraineté en développant les filières d’excellence. Le troisième pilier est la formation en raison de la difficulté des entreprises à recruter. Aujourd’hui, 8 000 personnes travaillent à la cyber en Bretagne, mais dans 10 ans il y en aura dix fois plus. C’est donc un vrai enjeu ! Le dernier grand pilier est la sensibilisation des citoyens aux risques cyber pour une prise de conscience collective.

Vous en parliez juste avant, la région Bretagne a adhéré au Campus cyber national et travaille sur sa déclinaison territoriale. Quels sont les objectifs de cette déclinaison ?

JTH : Le Campus cyber national est une volonté de l’État de réunir dans un même lieu toutes les parties prenantes de la cyber à Paris. Les régions ont été fléchées pour le décliner au niveau territorial. C’est un porte-étendard qui va permettre de structurer l’écosystème et d’appliquer la stratégie dont je vous parlais avant. Un travail de préfiguration a déjà été amorcé et cette déclinaison pourrait arriver avant la fin de l’année. Nous avons également créé un CERT régional [Centre gouvernemental de veille, d’alerte et de réponse aux attaques informatiques, ndlr]. L’objectif de cet organe est d’accompagner les entreprises, collectivités, associations aux risques cyber. Le CERT viendra s’intégrer dans la dynamique du Campus.

Un risque cyber qui, depuis plusieurs années, a considérablement augmenté, notamment auprès des collectivités. Des formations sont-elles mises en place pour les aider ?

JTH : Au sein de Mégalis Bretagne*, un accompagnement est réalisé au niveau cyber. Le département du Morbihan est également très actif en travaillant notamment avec l’ANSSI et la gendarmerie pour justement sensibiliser aux formations les collectivités. Actuellement, nous sommes dans une réflexion pour augmenter l’impact de cette sensibilisation. Mais le CERT est une partie de la réponse. 80 % de l’attaque cyber se situe entre le clavier et la chaise. C’est pour cela que nous souhaitons former les personnes aux bonnes pratiques de bases.

La formation est également au cœur de vos préoccupations. Les métiers du numérique ne comptent que 9% de femmes en Bretagne. Que faut-il faire pour promouvoir l’emploi féminin ?

JTH : C’est un vrai souci ! La part de jeunes filles dans les filières scientifiques ne cesse de diminuer. C’est un enjeu qui se joue très jeune. Il y a donc un vrai travail de sensibilisation à mener dès le primaire. Nous avons la nécessité de travailler ensemble (région, départements, agglomérations) pour sensibiliser très jeune à ces métiers, leur donner de la valeur et faire prendre conscience aux jeunes filles qu’elles ont toute leur place. Je pense qu’au-delà de la puissance politique, les parents ont un rôle à jouer. Mais nous ne sommes qu’aux prémices et c’est un travail de longue haleine.

*Syndicat mixte rassemblant les collectivités bretonnes au service d’un projet d’aménagement numérique du territoire et du développement des services numériques

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