On pourrait se dire qu’il n’a plus le temps. Inaccessible patron de pêche et récent champion de la Route du Rhum, le Graal de la voile. Loïc Escoffier est tout le contraire. Entre deux coups de fil, il nous accueille avec un sourire franc et communicatif. Peu avant 9h ce matin-là, au port de Saint-Malo, le patron est déjà à la manœuvre. Il faut dire qu’il dort peu, comme si la mer n’autorisait à Morphée que quelques instants. Ses trois bateaux sont arrivés à quai après une nuit à pêcher des araignées. C’est la journée la plus chargée. Mais notre présence n’est qu’un paramètre de plus pour ce tourbillon, habitué à l’agitation. Il navigue aisément entre les sollicitations de ses marins et les aléas avec les transporteurs venus chercher la marchandise, 20 tonnes d’araignées vivantes. Derrière son côté décontracté se cache un entrepreneur qui a réussi. Il est le plus important armateur en crustacés de Saint-Malo et gère un effectif de 30 personnes, dont 25 marins.
Escoffier Pêche, « gros parmi les petits »
Les trois fileyeurs d’Escoffier Pêche (le Sirocco, le Claud’Edith et le Franck Annie) charrient d’importants volumes. « En décembre, cela peut monter jusqu’à 70 tonnes dans la semaine. » À l’année ? « Le volume est astronomique pour nous qui restons de la petite pêche, nous faisons de la pêche artisanale avec de gros volumes. Dans la petite pêche, on est gros. » Des araignées qui partent ensuite vers l’Espagne, l’Italie ou le Maroc. La France aussi, essentiellement en Bretagne, mais également Paris. « Nous allons essayer d’aller dans le Sud-Ouest, vers Arcachon. Comme les Coréens et les Chinois apprécient énormément le tourteau, les prix sont stratosphériques. Nous, quand on vend le kilo d’araignées vivantes à 3 euros, on est content. Le tourteau, ça peut monter à 8-9-12 euros. Du coup, de plus en plus de personnes se dirigent vers l’araignée. »
Le panel de clients est large : « Du poissonnier de Dinard à 150 kg par semaine jusqu’au plus gros mareyeur espagnol qui peut prendre 70 tonnes dans la semaine. » Un commerce qui ne connaît pas la crise, « la ressource se porte bien ». Contrairement au bulot. « J’ai 2000 casiers stockés sur le quai. Avec le réchauffement clim…