Comment réagissez-vous à l’actualité et la colère des agriculteurs ?
Marie Kieffer. Nous comprenons leur mouvement de révolte face à la surproduction réglementaire et aux injonctions contradictoires. Nous assistons à une crise alimentaire et c’est toute la chaîne de valeur qui craque. Alors qu’il faut remettre la souveraineté alimentaire au cœur des débats – et des vrais débats, pas des débats jacobins – notre filière est brutalisée. Il faut retrouver des repères, donner un tempo. Nous voulons être des acteurs de la construction.
Nous assistons à une crise alimentaire et c’est toute la chaîne de valeur qui craque.
Les traditionnelles négociations entre les IAA et la grande distribution viennent de se conclure fin janvier, au lieu du 1er mars. Elles ont été avancées par le Gouvernement dans l’optique d’enrayer l’inflation et acter des baisses des prix. Quel est le bilan ?
Rémi Cristoforetti. Les négociations ont fait l’objet d’un durcissement du rapport de force avec les distributeurs, avec agressivité et brutalité, de la pure négociation de prix. La période était en totale défaveur pour nos entreprises, puisqu’elles se sont principalement déroulées à l’approche de Noël, mettant nos produits à forte valeur ajoutée dans la balance. Qui plus est, nous avons dû négocier sans connaître nos coûts. Les volumes de ventes diminuent, reflétant une modification des habitudes de consommation des Français. On observe une tendance à la descente en gamme, avec un report sur les marques de distributeurs, dont la part de marché augmente. Avancer le calendrier était un effet de manche et un mauvais message pour tout le monde.
MK. L’avancée des négociations a précipité toute la chaîne de valeur dans une situation intenable. Les négociations n’auront fait qu’affaiblir les entreprises alimentaires bretonnes au profit des importations. Nous sommes encore en train de consolider les informations, mais nous devrions être entre 0 et 1 % de hausse de prix, la stagflation.
En chiffres
Agroalimentaire en Bretagne
21 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 4 milliards à l’export
1 800 établissements (environ 1 300 sont des entreprises de moins de dix salariés)
73 000 emplois (1/3 des emplois industriels de la région)
L’ABEA
200 adhérents et 5 salariés
Avril, Bolton Food (Saupiquet), Brasserie de Bretagne, Bridor, Agrial, La Belle Iloise, Le Gouessant, Hénaff, Mytilimer, etc