Trouver la bonne formule. C’est l’ambition permanente de Philippe Leray. Tant dans son entreprise « d’ingrédients fonctionnels naturels » que dans ses rapports personnels. Il cherche, il affine, il convainc, comme tout bon stratège. Il sait écouter également. Et c’est peut-être là la clef du succès de Vinpai. Sa communication financière avant l’entrée en Bourse du 6 juillet 2023 en est une illustration : « Nous voulons aujourd’hui accélérer cette croissance en continuant d’innover, afin d’élargir l’utilisation de nos matières premières végétales et algales dans l’alimentation mais aussi dans des marchés porteurs comme la cosmétique ou le bien-être. C’est la réponse que nous souhaitons apporter aux préoccupations des consommateurs, tant sur leur santé que d’un point de vue environnemental. »
Poursuivre notre stratégie de développement tout en préservant notre démarche à fort impact éthique et socialement responsable.
Une capitalisation boursière d’environ 22 M€
En choisissant l’entrée en bourse en 2023, Philippe Leray, et son associé, Cyrille Damany, ont choisi une exposition maximale malgré le contexte économique incertain. Pari gagnant. Contrairement à l’année précédente où la démarche a avorté. À l’issue de l’opération, le capital de Vinpai est aujourd’hui composé de 3 361 415 actions, ce qui représente une capitalisation boursière d’environ 22 M€, compte tenu du prix d’introduction en Bourse de 6,55 euros par action. Le flottant représente 20,7 % du capital de la société. « Nous disposons à présent des ressources financières pour poursuivre notre stratégie de développement tout en préservant notre démarche à fort impact éthique et socialement responsable », se réjouissent les deux associés.
Le végétal était une solution incontournable pour répondre à la demande grandissante pour une alimentation plus saine, génératrice de bien-être et avec un meilleur impact environnemental.
Vinpai, késako ?
V de Verbeia, personnage de la mythologie celte local d’Angleterre, lié à une rivière
IN pour ingrédients
PAI le sigle technique pour les « produits alimentaires intermédiaires »
Vinpai, « ingrédientiste »
D’éthique, il en a été question dès la création de la société : « Nous avons créé Vinpai il y a plus de 10 ans, animés par la conviction que le végétal était une solution incontournable pour répondre à la demande grandissante d’une alimentation plus saine, génératrice de bien-être et avec un meilleur impact environnemental. » Spécialiste de la conception, la fabrication et la commercialisation d’ingrédients fonctionnels à base d’algues et de végétaux à destination de l’agroalimentaire et de la cosmétique, Vinpai est ce que l’on appelle un « ingrédientiste ». C’est-à-dire qu’il fournit des poudres naturelles aux industriels qui facilitent l’émulsion, la gélification, la texturation, la coloration ou l’aromatisation.
L’intérêt des grands noms de l’agroalimentaire
En termes de concurrence, Vinpai ne craint, pour l’instant, qu’un géant comme Cargill. Trouver le produit innovant, la petite porte qui donne accès à un gros marché occupé par des mastodontes industriels, il est peut-être là le secret de la réussite de Vinpai. Car le groupe commence à intéresser les LDC, Bridor, Cooperl, Celtigel ou autre Bonduelle.
En parallèle, Vinpai se positionne également sur les compléments alimentaires (nutraceutiques), les gélules bien-être, l’aromathérapie, avec des brevets d’huiles essentielles en poudre. Pour l’instant, la vente se fait essentiellement en ligne et par le biais d’un réseau de 300 pharmacies. « On est entré sur ce marché par opportunité mais aussi par conviction, dit Philippe Leray. Toujours en essayant d’innover ! Notre inhalateur sommeil a même reçu le premier prix de Psychologie magazine. »
Les neuf premiers mois de 2023 sont marqués par une solide croissance du chiffre d’affaires de 23 %
Un carnet de commandes en progression de 24%
L’univers de la chimie, Philippe Le Ray le connaît bien, en tant qu’ancien directeur général d’Olmix. Les algues et… le business n’ont plus de secret pour lui. C’est dans l’entreprise de Bréhan (Morbihan) qu’il s’est d’ailleurs essayé avec succès à l’introduction en Bourse. Les 10 ans passés chez PriceWaterhouseCoopers, comme consultant en organisation, lui ont certainement été également très utiles. Et la société se porte bien malgré les quelques soubresauts boursicotiers de l’automne 2023 : « La performance de Vinpai sur les neuf premiers mois de 2023, est marquée par une solide croissance du chiffre d’affaires de 23 %, en ligne avec nos attentes, dit Philippe Le Ray dans sa communication aux actionnaires. La conquête commerciale reste soutenue, avec un carnet de commandes en progression de 24 %, reflétant notre capacité à lancer notre activité sur de nouveaux marchés à l’international. »
50 % du chiffre d’affaires à l’export
Curieux du monde, Philippe Le Ray passe plus de 190 jours par an à l’étranger. Son sens du contact est inné, autant que son sens des affaires. « Notre première vente pour l’industrie du fromage s’est faite à l’étranger, confirme-t-il. Puisqu’une entreprise doit s’inscrire dans la durée, elle ne peut pas être captive du marché national. Et puis, à l’international, ils sont très ouverts à l’innovation. Quand je parle d’export, c’est en dehors de l’Europe ! » La volonté d’être présente à l’international est tellement forte que la société réalisait durant les 5 premières années environ 85 % de son chiffre d’affaires à l’export. Aujourd’hui, la proportion est retombée à 50 % mais Vinpai est présente sur les 5 continents. Particulièrement au Mexique, en Afrique du Nord, en Corée et en Inde.
Notre première vente pour l’industrie du fromage s’est faite à l’étranger
Un nouveau filtre solaire breveté
Forte de cette expérience à l’international, la société investit entre 5 et 8 % de son chiffre d’affaires (6 M€) en R & D. Les dix chercheurs internes et externes se consacrent, par exemple, à une meilleure adaptation des produits existants aux différents climats de la planète (tropicalisation) ou à des alternatives à des produits susceptibles d’être nocifs, comme la crème solaire. « Nous avons déposé un brevet en juin 2022 sur un filtre solaire à base d’oxyde de zinc qui protège parfaitement, sans impact sur les organismes vivants et l’environnement, détaille Philippe Leray. C’est une solution innovante qui écarte les filtres chimiques et les nanoparticules tout en répondant à des besoins grandissants. »
Produire localement, plutôt que l’importation
Vinpai a divisé par 15 son empreinte carbone en 10 ans, en optimisant son outil de production et sa logistique, tant pour l’approvisionnement que la livraison finale. « Dès le début de notre activité nous avons voulu donner une forte dimension éthique, explique le dirigeant. Quand nous sommes à l’étranger, nous insistons beaucoup sur la production locale plutôt que l’importation. Nous avons ainsi accompagné pas mal d’entreprises au Sénégal ou au Cameroun en fournissant des recettes, des plans d’usine ou de l’aide au choix de matériels adaptés. » Une vision multiculturelle et bienveillante qui a permis de créer près d’un millier d’emplois.
Les questions bonus
La musique qui vous trotte dans la tête ? « Lady D’Arbanville de Cat Stevens, que j’écoute presque tous les jours. »
Le Morbihan, c’est quoi pour vous ? « C’est d’abord ma terre natale mais c’est aussi un territoire de potentialités. On peut tout y faire ! »
Votre paysage préféré ? « Question difficile pour quelqu’un qui voyage autant que moi… Mais la presqu’île de Rhuys, c’est quand même quelque chose. »
L’activité loisir dont vous ne pouvez-vous passer ? « La lecture. J’ai toujours un livre sur moi. »
Un conseil de lecture ? « Mon péché mignon, c’est l’histoire antique. En ce moment, je lis un ouvrage sur les mythes et réalités des Celtes. »