Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

GRAND FORMAT. Rencontre avec Maurice Bourrigaud, Président de la Fédération des Banques de Bretagne

Maurice Bourrigaud est un enthousiaste, et un enthousiaste très occupé. Directeur général de la Banque Populaire Grand Ouest (BPGO), jusqu’au 16 mai, jour à compter duquel il fera valoir ses droits à la retraite, il est également président de l’IUT de Saint-Malo. Depuis 2022, il est président du Comité breton de la Fédération bancaire française, qui regroupe les établissements bancaires de la région. Compte tenu de ses responsabilités, Maurice Bourrigaud a une vision fine de l’économie bretonne, nationale et internationale. Rencontre.

Maurice Bourrigaud au siège de BPGO (Saint-Grégoire) dont il est le directeur général. ©Studio Carlito

Maurice Bourrigaud au siège de BPGO (Saint-Grégoire) dont il est le directeur général. ©Studio Carlito

7J : Quelle analyse faites-vous de la conjoncture économique en France ?

Maurice Bourrigaud : 2020, le choc du Covid et une contraction énorme de l’activité, dès le premier trimestre. Puis une reprise assez vive. Aujourd’hui la dynamique s’est tassée. La hausse des prix était déjà en marche avant la guerre en Ukraine, depuis 2020, ce qui explique que le retour à la normale soit lent. L’économie va trouver son chemin d’équilibre. Le gros défi, y compris pour les Bretons, c’est l’inflation. Vivre avec moins qu’avant, c’est possible que ce soit le schéma.

7J : Comment se porte l’économie bretonne ?

MB : Il y a plusieurs choses exceptionnelles en Bretagne. À commencer par la cohésion du territoire. Il n’y a pas de logique politique partisane. Dès qu’on parle de choix d’investissement ou d’innovation, il n’y a pas de perturbateur politique. Il n’y a que l’intérêt supérieur de la Bretagne qui compte. Sur ce point, il y a des figures inspirantes et qui ont tiré l’ensemble vers le haut en intelligence et en énergie telles que Jean- Yves Le Drian ou Pierre Méhaignerie, qui ont d’abord travaillé pour le territoire.
La Bretagne est aussi dynamique qu’elle est attrayante. Une information sensationnelle concerne la population, c’est le ratio des entrées sur les sorties par région de France. La Bretagne est en tête de toutes les régions de France. En 2022, en Bretagne 1,90 entrée a lieu pour 1 sortie. Il y a l’effet LGV assurément. De plus, le territoire est homogène. Si l’on prend le nombre de TPE pour 10 000 habitants, donc ce qui irrigue le territoire en initiatives économiques et services de proximité, il est harmonieux sur toute la Bretagne, le tissu est très bien réparti : 140 en Ille-et-Vilaine, 142 dans les Côtes-d’Armor, 133 dans le Finistère, 155 dans le Morbihan. Enfin, le territoire montre une magnifique résistance, même si depuis quelques mois les anticipations sont plus compliquées pour tout le monde, sur l’emploi, sur les chiffres d’affaires…

7J : Dans un contexte macroéconomique tendu et incertain, comment poursuivre l’accompagnement du territoire breton, particulièrement dynamique que ce soit au niveau des particuliers et des entreprises comme vous l’avez dit ?

MB : L’économie a besoin de plus en plus de financement. Une voiture, par exemple, coûte plus cher aujourd’hui qu’il y a 30 ans, elle embarque bien plus de technologie. L’État peut financer à partir des recettes fiscales. Or, les entreprises et les ménages français sont parmi les plus imposés au monde. Donc, il faut trouver une solution pour financer les investissements, notamment les transitions écologique, sociale et numériq…