Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Collection Pinault : l’esprit des 60’s souffle sur le Couvent des Jacobins à Rennes 

Le Couvent des Jacobins accueille pour la troisième fois une sélection d’œuvres de la prestigieuse Collection Pinault. Cette fois-ci, les quelque 80 œuvres d’art explorent la révolution visuelle des années 1960. À voir du 10 juin au 10 septembre 2023. 

L'oeuvre de Tim&Sue ©LM_7J

L'oeuvre de Tim&Sue ©LM_7J

« Forever Sixties » tel est le nom de cette exposition, comme un rappel éternel vers cette décennie remarquable à plusieurs titres sur le plan artistique. Un espace-temps où l’art est entré en résonance avec la société, alors que soufflait un vent de liberté et d’émancipation.
Artistiquement, on détruit les stéréotypes – féminins, noirs et raciaux, sexuels…, ils sont coupés, collés, inversés, détournés. Quant aux couleurs – acidulée, pop et néon…, elles marquent une rupture et sont autant d’antidotes aux guerres du monde qui s’immiscent dans les téléviseurs des années 1960 – guerre froide, Vietnam, Algérie, et guerre des étoiles…
En toile de fond de l’univers pop, les failles psychiques et les désillusions de l’âge d’or hollywoodien.

Artistiquement, on détruit les stéréotypes – féminins, noirs et raciaux, sexuels…, ils sont coupés, collés, inversés, détournés.

« Le Pop Art, c’est l’idée d’œuvres faites en série, reproductibles, comme des consommables, contextualise la commissaire de l’exposition, Emma Lavigne. Et la technique du collage vient en rupture à l’unicité d’une œuvre d’art ». Ainsi, à l’entrée de l’exposition, on tombe sur un grand format de Richard Hamilton, qui nous plonge au cœur d’une maison pavillonnaire, avec un assemblage de boîtes de soupe Campbel, du nouvel aspirateur, collage d’images de magazine, dont une femme-objet prête à être consommée elle aussi. C’est une sorte de chaos qui vient déconstruire le stéréotype du bonheur familial issu des biens de consommation.

Emma Lavigne, commissaire de l’exposition, dans la galerie des œuvres de Martial Raysse. ©LM-7Jours

Plus loin, trois photos signées Richard Avedon, des icônes Andy Warhol et Maryline Monroe, révélant leurs aspects sombres, les fissures de l’âme, les blessures physiques, dévoilant les stigmates et le dessous des mythes.

Dans la longue salle du Couvent bordant le cloître, des œuvres du français Martial Raysse, adepte du nouveau réalisme. Des tableaux de femmes stéréotypées, icônes popularisées par la publicité et les médias de masse. Des corps et visages acidulés sur lesquels une mouche ou une araignée vient perturber cet état artificiel.

Ailleurs, le corps de la femme est utilisé comme un étendard, et voir ce tableau dénudé de l’activiste israélienne Yael Dayan, par Evelyne Axell« On passe de la femme-objet à la femme sujet » et des portraits sur plexiglas, sur feuille d’inox poli, ailleurs on utilise le formica, les fourrures synthétiques.

Plus loin, voici l’une des sculptures joyeuses, autonomes et dynamiques, de la plasticienne Niki de Saint Phalle, cette Nana Noire associe le Black Power et Nana Power.

La statue du peintre « House painteur » de Duane Hanson s’inspire ici de la statuaire grecque pour une scène tirée du quotidien des classes laborieuses américaines.

Au-delà des codes esthétiques de cette époque Sixties, identifiables au premier coup d’œil, cette exposition est « un miroir en technicolor de la lutte des droits dans les années 1960. Et cela entre en résonance avec l’époque actuelle, rappelle Emma Lavigne. Une exposition pensée pour Rennes… ville où l’on connait la force de la contre-culture. »

Oeuvres de David Hammons, Duane Hanson, Gilbert & George, Evelyne Axell, Niki de Saint Phalle. ©LM-7Jours

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