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Exposition Mariano Otero à Vannes : La grâce du trait

Pour la première fois depuis sa mort en 2019 à Rennes, Mariano Otero, le peintre des baigneuses et des danseuses de tango fait l’objet d’une belle rétrospective dans un musée : celui de la Cohue à Vannes (56). L’occasion d’apprécier la sûreté et la grâce de son trait dans une scénographie sensible et immersive imaginée par Françoise Berretrot.

"Marie Alice au chapeau rouge" de Mariano Otero ©DR

Homme discret et facétieux, engagé, doué d’humour et d’un sens aigu de l’observation, Mariano avait beaucoup de tendresse pour ses modèles. Ses pastels font écho à sa double culture : l’Espagne de Franco quittée en 1956 alors que son père, le journaliste et poète républicain Antonio Otero Seco avait été condamné à mort par contumace, et la France, à compter de son entrée aux Beaux-Arts de Rennes à l’âge de quatorze ans.

Des baigneuses intrépides et des « tangueras » énamourées

« Baigneuses ».Pastel. Mariano Otero ©DR

Mariano doit son succès à ses baigneuses intrépides : courbes généreuses, jambes puissantes, dos musclé, prêtes à tout pour s’abandonner sans retenue aux plaisirs du bain.
« C’est avec elles, confie Marie-Alice, son épouse bien-aimée et son modèle préféré, qu’il a renoncé aux couleurs sombres qui lui étaient restées de son histoire, de sa vie d’exilé, de son Espagne natale. Et qu’il est passé au pastel ! »

Idéal pour suggérer le velouté de la peau dans la lumière de l’instant, forcer le trait et marquer les ombres pour modeler les corps solidement charpentés.
Après les baigneuses vinrent les tangueras. La mère de Mariano dansait le tango à la perfection. Et à l’observer, il en a retenu toutes les figures ou presque.

Quelle vie dans ses modèles ! Regard de braise, cheveu gominé, masque impénétrable, buste conquérant pour les hommes ; bouche écarlate, cils frémissants, jambes canailles pour les femmes énamourées, le corps sanglé dans un fourreau rouge ou bleu, tendu à l’oblique avant de chavirer dans les bras de leur partenaire.
Mariano aimait aussi porter son regard sur les esseulées trompant leur mélancolie ou leur amertume devant un vert d’anis : le corps relâché, les épaules tombantes, le regard embué.

Nus, portraits, autoportraits, tauromachies et bodegones

Sensible aux charmes féminins, Mariano a peint de nombreux nus : plénitude des courbes, grâce du trait que l’on retrouve aussi dans ses portraits, surtout ceux de Marie-Alice au visage de madone. Mariano ne manquait jamais de rehausser sa beauté par un chapeau ou une fourrure.
En bon Espagnol, Mariano a composé des « bodegones », natures mortes inspirées des objets du quotidien avec des tons chauds et des accents cubistes à la façon de Picasso et de Juan Gris.

Autoportrait de Mariano Otero ©DR

Comment ne pas citer enfin les autoportraits de Mariano. Il ne manquait jamais de se mettre en scène dans les lettres adressées à sa femme : solitaire devant un couple de danseurs de tango ou sous les traits d’un torero fuyant le taureau !

Homme engagé, Mariano était de toutes les causes dénonçant tour à tour la dictature franquiste, la guerre du Vietnam, le coup d’État de Pinochet… L’exposition s’accompagne d’un livre catalogue coédité par Locus Solus et le musée de la Cohue sous la direction de Françoise Berretrot, conservatrice du musée.
On y retrouvera les œuvres les plus marquantes de Mariano Otero, un artiste attachant doublé d’un humaniste.

 

Musée des Beaux-Arts, La Cohue, Place Saint-Pierre à Vannes.
Exposition du 27 mai au 31 décembre 2023.
Horaires : du 1er au 30 juin, tous les jours de 13 h 30 à 18 h.
Du 1 er juillet au 31 août : tous les jours de 10 h à 18 h.

 

Le catalogue coédité par Locus Solus et le musée de la Cohue
sous la direction de Françoise Berretrot, conservatrice du musée.
« Mariano Otero, la grâce du trait »,
ouvrage broché avec rabats 20×25 cm,
112 pages couleurs,
150 images,
19 €.

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